Quand on parle des rapports homme-femme en Italie, de nombreux clichés viennent en tête : le macho, la "mama" envahissante se sacrifiant pour ses fils, la jeune femme voluptueuse et coquette. Au-delà de ses images toutes faites, qu'en est-il aujourd'hui de la place de la femme dans la société italienne ?
Une condition féminine encore en-deçà de celle des hommes?
En Italie, comme dans de nombreux pays européens, l'égalité homme-femme est loin d'être atteinte. Les femmes sont encore perçues comme "différentes"de leurs homologues masculins. Ainsi, la Cour de Justice européenne vient de demander la modification du régime de retraite des employés du secteur public italien pour discrimination par le sexe. Celui-ci prévoit en effet une date de départ à la retraite différente pour les hommes et les femmes (respectivement 65 et 60 ans), ce qui contraint les femmes à recevoir une pension inférieure ! Les femmes italiennes subissent encore, comme en France, de nombreuses violences (conjugales, travail, agressions,?). Entre 1997 et 2000, elles étaient plus de 10 millions concernées (1). Au travail, les inégalités s'accumulent : en 2007, seulement 46,6% des femmes entre 15 et 64 ans travaillent . Sur la même tranche d'âge, les hommes sont représentés à 70%. L'objectif donné par l'Europe pour 2010 est de 60% de femmes (2)! Au niveau salarial, la différence de salaire entre hommes et femmes n'est pas minime. Elle est de 16% et relègue ainsi l'Italie derrière des pays tels que le Bélize ou l'Ouganda (3).
? mais qui s'améliore de jour en jour dans une société en évolution
Les hommes italiens ont changé d'idéal. Finie "la femme objet", ces messieurs reviennent à "la femme sujet". Les jeunes Italiens font également évoluer leur perception du mariage. Ils préfèrent souvent en retarder le moment, quand ils ne choisissent pas l'union libre. Les rapports au sein du couple changent aussi, laissant plus d'indépendance aux femmes. Avec l'accès à la vie active et aux avantages économiques qu'elle procure, les femmes ont aujourd'hui d'autres possibilités que le mariage. Travailler est aujourd'hui un véritable choix pour 60% d'entre elles, d'après un sondage réalisé par le mensuel Psychologie début 2009. Si elles envisagent d'arrêter de travailler, ce ne sera pas pour leur famille, mais plutôt pour elles-mêmes. Les enfants ont encore un peu de mal à s'habituer à la "mama"qui travaille, mais les compagnons, eux, déclarent à 75% soutenir leur compagne dans leur envie de s'investir dans une vie professionnelle.
Béatrix ROMAIN-HUTTIN (www.lepetitjournal.com - Rome/Milan) vendredi 20 mars 2009
(1) Rapporto Istat 1997-2002 sulla violenza
(2) Le statistiche di genere dell'Istat 2007 et Donne, innovazione, crescita. Nota aggiuntiva al Rapporto 2006-2008 del governo italiano sull'attuazione della Strategia di Lisbona
(3) Rapporto sulle disparità del World Economic Forum 2007