À la différence de ses voisins de l'UE, l'Espagne est un pays de propriétaires. Cette tendance avait commencé à s'inverser il y a quelques années mais le nombre de ménages vivant en location diminue à nouveau après avoir atteint un niveau record en 2022.


L'Espagne est traditionnellement un pays de propriétaires, loin devant ses voisins de l'Union européenne, où la culture de la location est beaucoup plus répandue. Ainsi, les propriétaires représentent actuellement 75,9% du total. Et même si l'Espagne a connu une baisse ces dernières années, elle continue de se situer au-dessus de la moyenne des pays de la zone euro (65,80%) en termes de propriété immobilière, ce qui la place au-dessus de pays voisins comme l'Italie (73,80%), la Grèce (73,30%), la Belgique (71,30%) et la France (64,60%). En Allemagne, il y a pratiquement autant de propriétaires (49,10 %) que de locataires.
Moins de 10% de locataires il y a 20 ans
Cette tendance à vouloir être propriétaire avait commencé à s'inverser en Espagne après l'éclatement de la bulle immobilière. Il y a vingt ans, en 2004, moins de 10% des ménages espagnols étaient locataires et en 2019 ils étaient 15,4%. Le marché locatif vivait alors son âge d'or. Cependant, avec la hausse sans précédent des loyers (40% en 5 ans) le pourcentage de locataires a commencé à rebaisser et a atteint 15,1% en 2022, selon les données de l'INE.
Et l'on assiste ainsi au phénomène inverse: la location baisse et l'accession à la propriété augmente. "Nous pouvons confirmer que l'Espagne reste un pays de propriétaires - déclare María Matos, directrice de recherche à Fotocasa- et qu'il s'agit d'une idée profondément ancrée dans la conscience collective. L'année dernière, la tendance a changé: l'accession à la propriété a regagné du terrain au détriment de la location. En fait, les jeunes sont ceux qui recherchent le plus un logement, et c'est là que nous constatons la plus grande frustration, car en raison des conditions d'emploi précaires et temporaires, l'accès à un prêt hypothécaire leur est de plus en plus difficile".
Moins d'offre et augmentation des loyers
Ce changement de tendance est dû, entre autres, à l'augmentation des loyers ces dernières années (près de 9% pour la seule année 2022) et à la diminution de l'offre disponible (14% en moyenne l'année dernière également). Les perspectives ne sont d'ailleurs pas à la correction des prix. Avec l'incertitude de ce qu'il adviendra de la loi sur le logement après la montée du PP au niveau territorial à la suite des élections municipales et régionales et en vue de la nouvelle élection prévue pour 23J, le fait est que l'entrée en vigueur de la loi sur le logement n'a pas ralenti la tendance. En effet, en mai, les prix des loyers ont encore augmenté de 6% sur un an.
En moyenne 30% du revenu pour payer le loyer, 40% à Barcelone
Il faut dire que six annonces sur dix exigent du futur locataire un effort qui dépasse les 30% de son revenu. Le portail Idealista a ainsi expliqué que pour un appartement de deux chambres en Espagne (un ménage est composé de 2,4 personnes, selon l'INE), une famille avec un revenu moyen ne devrait pas payer plus de 767 euros par mois. Or, le prix moyen d'un appartement de 2 chambres était en mai 2022 de 830 euros par mois. Concrètement, selon les données d'Idealista, le prix du marché actuel pour un appartement de deux chambres à coucher atteint 1.457 euros par mois à Barcelone (un taux d'effort de 40%), suivi de 1.276 euros à Madrid (un taux de 33%), 1.200 euros à Saint-Sébastien (31%) et 1.003 euros à Valence (33 %).