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Mettre un logement en location sur Airbnb ? Ce qui change en Espagne dès juillet 2025

À partir du 1er juillet 2025, tout propriétaire qui loue un logement ou une chambre pour une courte durée en Espagne – que ce soit à des touristes, des étudiants ou des professionnels en déplacement – devra obligatoirement inscrire cette location au “registre unique des locations” et obtenir un numéro d’enregistrement. Sans ce sésame, impossible de publier une annonce sur les plateformes comme Airbnb, Idealista ou Booking.

un airbnb en espagneun airbnb en espagne
Photo : Pexels
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 13 mai 2025, mis à jour le 15 mai 2025

Trop de touristes, pas assez de logements : le gouvernement espagnol serre la vis. Avec le décret royal 1312/2024, publié fin décembre, l’Espagne veut reprendre la main sur un marché locatif jugé incontrôlable. Dès juillet 2025, tout propriétaire louant son bien pour de courtes durées sur Internet devra l’enregistrer dans un nouveau fichier national. Sans numéro, pas d’annonce.

Officiellement, il s’agit de mettre fin au flou juridique, limiter les fraudes et libérer des logements pour les résidents permanents. En coulisses, c’est aussi une réponse à la colère grandissante face à la gentrification, aux loyers qui s’envolent, et aux centres-villes saturés de valises à roulettes. L’Espagne emboîte ainsi le pas à la France ou à l’Italie, déjà lancées dans la traque aux meublés touristiques non déclarés. On vous explique.

 

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L’Espagne encadre les locations en ligne : qui doit s’inscrire, qui peut y échapper ?

Ce nouveau règlement concerne tous les propriétaires qui proposent une location meublée de courte durée via des plateformes en ligne – particuliers ou professionnels. Peu importe qu’il s’agisse d’une résidence principale, secondaire, d’un appartement entier ou d’une simple chambre.

En revanche, ne sont pas concernés :

  • Les propriétaires qui louent un bien comme résidence principale du locataire (avec un bail longue durée),
  • Ceux qui ne publient pas leur annonce sur internet (ils doivent tout de même respecter les obligations fiscales et juridiques).

 

Ce que dit la loi espagnole : deux types de locations à ne pas confondre

Le décret distingue clairement deux régimes juridiques :

  1. La location de résidence principale
    - Durée minimale : 5 ans (ou 7 si le bailleur est une entreprise),
    - Loyer encadré : révision annuelle limitée par la loi,
    - Protection renforcée des locataires en situation de vulnérabilité,
    - Procédures d’expulsion plus longues.
  2. La location de courte durée
    - Durée librement définie par contrat,
    - Loyer fixé librement,
    - Contrat destiné à des séjours non permanents : tourisme, études, soins médicaux, missions temporaires...

À noter : le terme "courte durée" fait référence à l’usage temporaire du bien, et non à la durée réelle du séjour (qui peut aller de quelques jours à plusieurs mois).

 

Location de courte durée : les démarches obligatoires à suivre en 2025

Si vous louez pour une durée temporaire, voici les étapes à suivre pour être en règle :

  • Mentionnez clairement dans le contrat la finalité du séjour : séjour touristique, année universitaire, traitement médical, etc.
  • Indiquez la résidence principale du locataire, qui ne peut pas être le logement loué.
  • Si la location est touristique :

- Respectez les règles locales et régionales (licence, autorisations…)

- Obtenez l’accord de 3/5 des copropriétaires de l’immeuble (à partir du 3 avril 2025).

  • Avant le 1er juillet 2025, inscrivez la location sur le “registre unique des locations”, via la vitrine numérique unique du ministère du Logement.
  • Pour chaque type de location (ex : étudiant + touriste), un numéro d’enregistrement distinct est requis.
  • Une fois validée, communiquez ce numéro aux plateformes de location, sans quoi elles ne pourront pas publier votre annonce.

Le coût de l’enregistrement est de 27 €, hors taxes. La démarche peut être faite en ligne ou en personne.

 

Quelles conséquences en cas de non-respect ?

Si vous louez un bien temporairement sans inscription au registre et que vous le publiez sur une plateforme, votre annonce pourra être bloquée, et vous vous exposez à des sanctions administratives. De plus, les régions et municipalités pourront demander le retrait d’office du registre si la réglementation locale n’est pas respectée.

Pour l’Organisation des Consommateurs et Usagers (OCU), cette réforme va dans le bon sens : elle apporte de la transparence à un marché jusque-là trop permissif. Mais l’association reste prudente. Selon elle, tant que les petits propriétaires ne bénéficieront pas d’une meilleure sécurité juridique – notamment face aux loyers impayés ou à l’occupation illégale des logements – la pénurie de locations de longue durée ne pourra pas être véritablement résolue.

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