En Espagne, l’accès au logement reste hors de portée pour de nombreux jeunes, pris en étau entre prix prohibitifs, salaires faibles et aides inadaptées.
Le rêve de l’émancipation de plus en plus lointain pour les jeunes en Espagne
Le rêve de l’émancipation semble de plus en plus lointain pour la génération des 20-40 ans en Espagne. C’est ce que confirme le IIe rapport « Jeunes et Logement » publié par le réseau immobilier CENTURY 21 Espagne.
Selon cette étude, seuls 15 % des jeunes vivant encore chez leurs parents pensent pouvoir acheter un logement dans les cinq prochaines années. En toile de fond, une réalité tenace : prix qui s’envolent, salaires qui stagnent, épargne qui manque et contrats précaires à la pelle. Un cocktail qui condamne beaucoup à rester là où ils ont grandi, faute de mieux.
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Partir un jour… mais pas tout de suite
L’émancipation attendra. En Espagne, plus d’un quart des 20-40 ans vivent encore chez papa-maman. Chez les moins de 27 ans, c’est plus d’un sur deux. Le désir d’indépendance est pourtant là — 53 % des jeunes affirment vouloir prendre leur envol — mais le passage à l’acte reste flou, repoussé, incertain.
Un recul confirmé par les chiffres : selon le III Observatorio de la Vivienda en España, en 2018, un jeune sur trois était engagé dans une démarche d’achat ou de location. En 2024, ils ne sont plus qu’un sur sept à tenter leur chance sur un marché devenu hors de portée.
Les jeunes Espagnols étranglés entre loyers délirants et revenus précaires
À les entendre, les jeunes Espagnols connaissent parfaitement les raisons de leur immobilisme. Quatre freins, toujours les mêmes, répétés comme un refrain : des prix exorbitants (80 %), des salaires trop bas (65 %), zéro épargne (54 %), et des boulots instables (53 %).
Et pour ceux qui ont réussi à s’extraire du cocon familial, la liberté a un prix. Près d’un sur deux consacre entre 30 % et 40 % de ses revenus au logement. Chez les plus jeunes, entre 20 et 27 ans, c’est encore pire : ils sont 58 % à y laisser une bonne partie de leur paie chaque mois.
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Vivre seul devient un luxe, partir une option
Du côté de l’État, la main tendue reste souvent hors de portée. Près de deux jeunes sur trois (65 %) jugent les aides à l’émancipation insuffisantes, quand 29 % dénoncent leur lenteur kafkaïenne. Et parmi ceux qui ont réussi à s’envoler, seuls 30 % ont vu la couleur d’un coup de pouce public. Un tiers n’a même pas coché les bonnes cases pour y avoir droit.
Alors, à défaut de s’installer, on s’installe dans le renoncement : 58 % des jeunes refusent de rogner sur les loisirs, les écrans ou Netflix pour voler de leurs propres ailes. Quand le logement devient un luxe et l’avenir un brouillard, ils sont 30 % à regarder ailleurs, au-delà de leur ville, parfois au-delà des frontières. Changer d’air, changer de vie.
Madrid, Barcelone ? Trop chères, trop dures. Même les diplômés n’y croient plus. Le marché du travail vacille, les loyers s’envolent. Alors beaucoup rêvent d’un ailleurs plus vivable, où l’émancipation ne serait pas une course d’obstacles, mais une étape logique et juste.
Quelles solutions pour les jeunes en Espagne ?
Face au mur, les rapports appellent à des réponses nettes, durables, structurelles. En vrac : des coups de pouce fiscaux pour les primo-accédants, des garanties publiques pour décrocher un prêt, plus de logements abordables grâce au public-privé, des loyers encadrés là où ça flambe, et une vraie éducation financière dès le plus jeune âge.
Car ce n’est plus juste une histoire de briques et de mètres carrés. Quand la jeunesse s’entasse dans les chambres d’enfant, c’est toute la promesse de mobilité sociale qui vacille. Permettre à une génération de s’émanciper, c’est investir dans l’avenir — ou choisir de le laisser en jachère.
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