La mairie de Madrid s'apprête à interdire les appartements touristiques dans les immeubles résidentiels du centre-ville. Ce nouveau règlement, que le maire José Luis Martínez-Almeida présentera d'ici deux semaines, vise à freiner l'impact du tourisme sur la vie locale : la mairie entend préserver l'identité des quartiers du centre, où les plateformes de location temporaire ont contribué à des hausses de prix record.
Plus de régulation des appartements touristiques pour protéger les Madrilènes
Le "Plan spécial de protection de la zone résidentielle" de Madrid vise à augmenter l'offre de logements pour les résidents et à encadrer plus strictement les appartements touristiques (VUT), dont l'essor a provoqué une hausse marquée des prix de l'immobilier. La mairie souhaite désormais regrouper ces VUT dans des bâtiments exclusivement dédiés, plutôt que de les disperser dans les immeubles résidentiels, afin de réduire les nuisances et le bruit liés au passage constant des visiteurs. Dans le centre historique, le prix moyen de vente atteint 6.397 euros par mètre carré, un niveau difficilement supportable pour de nombreux Madrilènes.
Pour la première fois, la mairie autoriserait aussi la conversion de certains bâtiments privés, tels que des centres culturels ou bureaux, en logements abordables ou en espaces de coliving, avec un potentiel d'application pour 210 bâtiments du centre. "Notre priorité est de protéger les habitants et de développer une politique de logement durable pour Madrid, plutôt que de se perdre dans des querelles politiques", a affirmé José Luis Martínez-Almeida, en réponse aux critiques de l’opposition.
Voici la carte de localisation des logements touristiques légaux à Madrid
Des critiques et des inquiétudes au sein de l’opposition
La réaction de l’opposition, notamment du groupe Más Madrid, ne s’est pas fait attendre. Pour José Luis Nieto, porte-parole adjoint de Más Madrid à la commission d’urbanisme, ce plan, censé protéger le caractère résidentiel des quartiers, risque en réalité de compromettre davantage la vie de quartier. Selon lui, la transformation de bâtiments entiers en logements touristiques représente une menace pour le tissu résidentiel existant, poussant de nombreux habitants historiques hors du centre-ville. "Ces changements surviennent souvent après l'expulsion des résidents de longue date, favorisant une forme de gentrification", a-t-il souligné, critiquant ce qu’il perçoit comme une série de "privilèges" accordés aux investisseurs touristiques.
La préservation de l'identité locale, un enjeu de taille à Madrid
La mairie de Madrid insiste néanmoins sur le fait que ces mesures permettront de préserver l'identité des quartiers centraux, en maintenant un équilibre entre développement touristique et vie locale. En interdisant la conversion de locaux commerciaux en logements pour visiteurs sur les axes principaux, l’administration espère sauvegarder les petits commerces, essentiels au quotidien des Madrilènes, et éviter que des rues entières ne se transforment en zones de location de courte durée.