À Madrid, l’Union Chrétienne de Saint-Chaumond brille discrètement mais sûrement. En 2024, cet établissement catholique français a signé une performance remarquable au Baccalauréat : sur 35 élèves présentés, 6 ont décroché les félicitations du jury, 14 une mention très bien, 13 une mention bien, et 2 une mention assez bien. Un palmarès exceptionnel qui propulse l’établissement à la 3e place des lycées français à l’étranger, selon le classement 2025 du Figaro Étudiant.
Comment expliquer de tels résultats dans un lycée de petite taille, sans classes surchargées ni moyens extraordinaires ? La réponse se trouve sans doute dans la rigueur d’un travail sur-mesure, la culture de l’effort, et une relation pédagogique étroite entre élèves et enseignants. "Nous sommes un établissement à taille humaine, ce qui nous permet de très bien connaître nos élèves et d’adapter la préparation en fonction des profils de chacun", explique Michel Yebenes, professeur d’Histoire, Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques (HGGSP).
Rien n’est laissé au hasard
À quelques jours du début des épreuves, l’ambiance dans l’établissement est studieuse, mais sereine. Les élèves de Terminale s’activent autour des ultimes révisions, dans une atmosphère de confiance partagée. Sylvain Parguel, professeur de mathématiques, décrit une méthode rigoureuse, bien huilée : "Outre les 3 épreuves blanches de l'écrit, tous nos élèves passent pour chaque sujet préparé un grand oral blanc complet, en conditions réelles, avec jury. Cela leur permet de vraiment bien travailler leur sujet, mais aussi de se projeter dans ce qui les attend", explique-t-il.
Mais le dispositif ne s’arrête pas à une simple répétition générale. "L’encadrement est à 100 %", poursuit Michel Yebenes. "Et tout ce qui a pu mal se passer lors de l’oral blanc est retravaillé point par point, aussi bien sur le fond que sur la forme : l’expression, la diction, l’aisance orale… Rien n’est laissé au hasard". Cette exigence s’accompagne d’un accompagnement individualisé, dans une dynamique quasi artisanale. Une véritable bulle de concentration et de solidarité se forme alors entre les candidats au Bac et le corps professoral.
L’ADN de l'Union Chrétienne de Saint-Chaumond
Ce lien de confiance repose aussi sur une culture de l’effort assumée. Pour la directrice de l’établissement, Sœur Esquivias, nommée à la tête du lycée en 2023, cela fait partie de l’ADN de Saint-Chaumond : "C’est un établissement où les élèves travaillent beaucoup. Ici, les mots ‘effort’ et ‘persévérance’ ne sont pas des paroles désuètes", reconnaît-elle.
Sœur Esquivias (Union Chrétienne Saint Chaumond): "Ne pas s'arrêter aux idées reçues"
Les enseignants confirment. "Les élèves ne rechignent pas lorsqu’on leur demande de retravailler tel ou tel aspect de leurs devoirs", observe Michel Yebenes. "Non seulement les programmes sont terminés dans les temps, mais ils le sont en général trois semaines avant la fin des cours. On peut alors se consacrer entièrement à la révision des annales et à l’approfondissement".
Un approfondissement qui se traduit par le haut niveau des sujets travaillés en classe comme pour les épreuves. Exemple d’un sujet d’histoire-géopolitique : "Le conflit russo-ukrainien réhabilite-t-il la pensée de Clausewitz ?" — un thème complexe obligeant à revisiter la pensée militaire et la lecture des conflits depuis le XVIIIe siècle. En mathématiques, les élèves s’attaquent à des problématiques comme : "Comment déterminer l’heure d’un décès en fonction de la température du corps du défunt ?", une application exigeante des équations différentielles.
Les valeurs de l'entraide
À ce travail intensif s’ajoute une dynamique de groupe rare. L’établissement, historiquement féminin et sous tutelle religieuse, revendique des valeurs d'entraide. "Personne n’est laissé de côté. Dès qu’un élève montre un peu de difficulté, les autres se mobilisent pour aider", souligne Sylvain Parguel. Pour lui, "Cette entraide est une richesse incroyable pour les enseignants. Cela crée un climat de bienveillance sans affaiblir le niveau d’exigence".
Dirigée par les Sœurs de l’Union Chrétienne, l’école Saint-Chaumond ne cesse d’évoluer tout en préservant son esprit. Ces derniers mois, l’établissement s’est ouvert aux garçons, a inauguré de nouveaux bâtiments, modernisé ses installations. Mais sa philosophie reste ancrée dans une idée simple : celle d’élever intellectuellement, humainement et spirituellement chaque élève, dans un cadre exigeant, bienveillant et porteur de sens.
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