L'une est sophrologue professionnelle et ex enseignante dans le Primaire, l'autre est ancienne femme d'affaires, aujourd'hui coach certifiée, spécialisée dans la jeune génération. Toutes les deux ont fait le même constat : le choix de l'orientation professionnelle chez les lycéens constitue un moment charnière dans la vie des familles, souvent chargé d'une certaine dose de stress, révélatrice aussi d'enjeux parfois inconscients qui se jouent entre parents et adolescents. "Comment dédramatiser pour se préparer au mieux à cette épreuve ?", se sont-elles interrogées.
Prendre de la hauteur pour aborder avec la sérénité nécessaire les enjeux de cette étape
De fait, si ce grand saut vers l'avenir, qui devrait se concrétiser très bientôt pour les élèves de Terminale avec dès janvier le commencement du processus d'admission post-Bac, APB, nécessite un accompagnement, il requière aussi une réflexion sur soi-même : quelles sont mes envies, quels sont mes talents, où sont mes véritables motivations ? Agnès Mérer et Patricia Weissend se sont rencontrées à Madrid et ont décidé de collaborer dans le cadre d'un projet commun mêlant leurs deux compétences, les "ateliers la canopée", qui à l'instar de l'étage supérieur des forêts, dont le projet tire le nom, proposent de prendre de la hauteur, voire une certaine distance, pour aborder avec la sérénité nécessaire les enjeux de cette étape. Un atelier collectif se tiendra début décembre pour promouvoir une réflexion en équipe et encourager les intéressés eux-mêmes à prendre le sujet à bras le corps, afin de devenir les véritables acteurs de leur vie professionnelle.
"La sophrologie en Espagne en est à ses balbutiements", déplore Agnès Mérer. "En France, la pratique est reconnue par un diplôme d'Etat. En Suisse, elle est prise en charge à 100% par de nombreuses mutuelles, car on estime qu'elle bénéficie au système immunitaire". Un comble donc, pour cette professionnelle inscrite en France au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), que le pays qui a pourtant vu la naissance de la pratique, l'Espagne, reste en retard sur son usage. Pour la petite histoire, c'est le Colombien Alfonso Caycedo, installé à Madrid puis à Barcelone, qui a développé dans les années 60 les préceptes de la sophrologie, avec le célèbre professeur de psychiatrie espagnol, le docteur López Ibor. Une thérapie naturelle qui a percé dans l'Hexagone il y a une grosse dizaine d'années et dont l'objectif est d'atteindre une certaine harmonie entre le corps et l'esprit, via différentes techniques de relaxation. Surtout, la sophrologie aide à se projeter dans le futur et à visualiser les épreuves futures : c'est donc un outil essentiel pour aborder une étape angoissante de la vie, et s'y préparer au mieux.
La sophrologie aide à se projeter dans le futur et à visualiser les épreuves futures
"En tant que business woman, j'étais trop dans ma tête : pas assez dans mon corps, ni dans mon cœur", témoigne Patricia Weissend. "Lors de ma reconversion au coaching, afin notamment d'appliquer l'un des préceptes du métier qui suppose un équilibre entre ces trois parties, j'ai souhaité pratiquer la sophrologie, comme un moyen aussi de gérer au mieux les émotions", explique celle qui est désormais coach certifiée Elevatio. C'est ainsi que les deux partenaires se sont d'abord rencontrées, puis ont ensuite découvert leur complémentarité. "Je me suis mise au coaching suite à ma rencontre avec Patricia", confirme Agnès. "Souvent, lors des premiers entretiens de coaching, le coaché est un peu tendu", explique Patricia. "Nous avons identifié que la sophrologie pouvait constituer un moyen de passer ce cap et ainsi l'aider à définir au mieux quels sont ses véritables objectifs", ajoute-t-elle. Et de préciser : "Le coaching permet de penser de manière positive les défis à venir, et combiné à la sophrologie d'avancer dans un état intérieur serein".
Le coaching permet de penser de manière positive les défis à venir, d'avancer dans un état intérieur serein
"Je m'adresse beaucoup aux jeunes de Première et de Terminale", commente encore Patricia. "Il vivent les enjeux de cette époque comme très importants. Souvent ils arrivent dans un état pas possible, parce qu'ils ont eu des mauvaises notes à l'école ou se sont disputés avec leurs parents et qu'en toile de fond, ils doivent résoudre des dilemmes qui paraissent essentiels pour leur avenir. Il s'agit pour eux d'une étape particulièrement compliquée. D'abord parce qu'il y a énormément de possibles dans un avenir incertain, ensuite parce que beaucoup de messages subliminaux et de croyances négatives sur la société de demain, concernant l'insécurité de l'emploi ou la dégradation des conditions de travail par exemple, sont allègrement mélangés. En outre, beaucoup de choses inconscientes relatifs à la relation parent / enfant entrent aussi en jeu à ce moment : vais-je trahir les souhaits de mes parents ? Vais-je devoir respecter un contrat plus ou moins tacite avec eux, concernant mes études ? Vont-ils malgré tout, être fiers de mes choix ?".
On leur demande de définir des grandes orientations, alors qu'ils ne savent pas encore qui ils sont
Pour Patricia et Agnès, par ailleurs mamans toutes les deux d'enfants concernés par la question, il est donc essentiel que les adolescents identifient ce qu'ils souhaitent vraiment, avant de faire un choix d'orientation professionnelle. "On leur demande de définir des grandes orientations, alors qu'ils ne savent pas encore qui ils sont", insistent-elles. "Ces enfants vont s'affronter à un monde changeant, où ils seront amenés à se réorienter à 13 reprises au cours de leur vie professionnelle", avancent-elles encore. Dans ce contexte, les critères appliqués pour définir les choix d'études sont-ils pertinents ? "Ils devront se transformer et s'auto-former constamment", argumentent encore Agnès et Patricia. "Il faut, pour pouvoir affronter ces futurs changements, qu'ils soient le mieux possible en eux-mêmes et dans leur personnalité, ou, exprimé autrement, que les choix qu'ils vont faire soient en corrélation avec ce qu'ils sont vraiment". Le message est clair : oubliez, parents, l'idée de voie royale, mettez de côté l'idée que vos enfants sont en train de jouer leur vie et leur carrière complète, aidez-les à découvrir ce qu'ils aiment, leurs compétences, leurs points forts. Ados, coupez court aux fantasmes, visualisez ce que vous souhaitez, concrétisez le où, le quand, et le comment : bref, mettez-vous en mouvement.
Réfléchir sur quelle posture, en tant que parents, il est possible d'adopter
"Nous avons conçu nos ateliers en nous basant sur nos croyances très profondes que chaque jeune est naturellement créatif, plein de ressources, que chaque jeune est capable de trouver ses propres réponses, que l’émulation du groupe, dans un climat de bienveillance, de respect et de fun leur permettra de réfléchir constructivement et positivement à leur projet et que l’apprentissage de la gestion de leurs émotions les aidera à ancrer sereinement les découvertes qu’ils feront pendant le stage", expriment Agnès et Patricia. Si au cours du stage qu'elles proposent en décembre il sera fourni aux participants les outils pour prendre en main leur avenir, l'approche d'Agnès et de Patricia englobe aussi les papas et les mamans, on l'aura compris. Il s'agit notamment de réfléchir sur quelle posture, en tant que parents, il est possible d'adopter, d'explorer d'autres pistes et d'autres façons de se positionner.
Plus d'infos sur leur site : http://atelierlacanopee.eu/