La population active de plus de 55 ans a augmenté de 63% au cours de la dernière décennie et de 150% en 20 ans. Alors que l'Espagne se dirige inexorablement vers un hiver démographique dans lequel ces professionnels expérimentés seraient décisifs pour la compétitivité des entreprises, les seniors sont confrontés à d'importants préjugés sur le marché du travail.
Le vieillissement de la population en Espagne se poursuit et la part des seniors dans la population active totale augmente chaque année un peu plus. En 2024, il y aura 137 personnes de plus de 64 ans pour 100 personnes de moins de 16 ans, autrement dit un taux de 137% qui croît à un rythme effréné, compte tenu d'une espérance de vie qui n'a jamais été aussi élevée (83 ans et 4 mois) et d'une baisse de la natalité qui fait de l'Espagne le deuxième pays de l'UE où le nombre de naissances est le plus faible. Il y a 20 ans, cet indice était encore de 99 personnes âgées de plus de 64 ans pour 100 jeunes de moins de 16 ans. Fin 2022, seulement 3,9% de la population espagnole était âgée de moins de 5 ans (5,3% en France).
1,9 million de seniors actifs en 2003 contre 5 millions aujourd'hui
Pour la première fois, les plus de 55 ans dépassent les 5 millions de personnes en activité en Espagne (5.089.500), ce qui représente 21% de la population active totale (contre 13% il y a dix ans). Le nombre de personnes actives de plus de 55 ans a d'ailleurs augmenté de 63% au cours de la dernière décennie (en 2013, elles étaient tout juste 3 millions) et de 146% en 20 ans (en 2003, il y avait 1,9 million de personnes actives de plus de 55 ans).
L'inclusion des seniors sur le marché du travail devient donc un enjeu stratégique pour l'économie, puisque les plus de 55 ans se positionnent comme une force de travail au poids croissant, qui sera dominante dans les années à venir. Les baby-boomers, la génération la plus nombreuse de l'histoire, dépassent aujourd'hui l'âge de 55 ans et viennent gonfler la proportion de seniors en Espagne, une réalité qui se consolidera comme une tendance inéluctable. À cela s'ajoute le manque de renouvellement des générations dans une Espagne vidée de sa substance et dont la population active a une moyenne d'âge de plus en plus élevée. Il y a de moins en moins de jeunes en âge de travailler.
L'âgisme dans les entreprises
Les jeunes professionnels se font rares et pourtant, dans le même temps, l'âgisme - la discrimination fondée sur l'âge- continue de prévaloir dans les entreprises. Les seniors sont en effet confrontés à d'importants préjugés et stéréotypes sur le marché du travail, qui peuvent conduire à l'inactivité, au chômage de longue durée ou à la retraite forcée et anticipée. Face à cette réalité – souligne la Fondation Adecco, "il est urgent de bannir les préjugés et les stéréotypes qui entravent l'accès à l'emploi des seniors, associés à l'obsolescence ou à une moindre flexibilité, et promouvoir les talents seniors comme moteur de compétitivité. Leur contribution est essentielle pour la compétitivité des entreprises et la durabilité du pays, et il est indispensable d'offrir des leviers de formation et de reconversion, afin qu'un travailleur qui perd son emploi à l'âge de 55 ans ne pense pas que sa seule option est la retraite, mais qu'il dispose d'une richesse de talents qu'il peut encore offrir au marché du travail".
Les entreprises qui ne sont pas en mesure de s'adapter aux changements de la société, notamment à une diversité générationnelle accrue, risquent de prendre du retard parce qu'elles restent coincées dans des modes de fonctionnement dépassés. C'est, selon Mapfre, l'une des raisons pour lesquelles près de 80% des entreprises qui figuraient dans le classement Fortune500, il y a quarante ans, ont disparu.
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