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Corruption : l’Espagne plonge dans le classement des pays de l’OCDE

Entre 2019 et 2024, l’Espagne a reculé de neuf rangs dans le classement des pays de l’OCDE les plus corrompus. Une dégradation sans précédent qui inquiète les entreprises et l’Union européenne.

une personne avec des billets de 500 eurosune personne avec des billets de 500 euros
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 22 juillet 2025, mis à jour le 27 juillet 2025

Chute libre au pays des affaires douteuses

En cinq ans, l’Espagne s’est taillé une place de choix parmi les mauvais élèves de l’OCDE en matière de corruption. D’après le dernier rapport de l’Institut des Études Économiques (IEE), qui s’appuie sur les données du très reconnu institut suédois Varieties of Democracy (V-Dem), le pays a dégringolé de neuf rangs entre 2019 et 2024, passant de la 23e à la 14e position sur 38.

Un score qui la propulse dans un club peu enviable, aux côtés de la Turquie, du Mexique, de la Hongrie ou de la Colombie — pas exactement les modèles européens en termes de transparence.

 

Lutte contre la corruption : l’Espagne perd du terrain dans le classement mondial

 

Face à la corruption, l’Espagne ferme les yeux, l’Europe tape du poing

Dans les bureaux et les conseils d’administration, le mot revient en boucle : corruption. Neuf entreprises espagnoles sur dix la jugent omniprésente, contre une moyenne européenne déjà peu flatteuse de 64 %. Et plus de la moitié y voit un frein concret à leur activité.

À Bruxelles, la Commission s’impatiente. L’Espagne devait adopter une stratégie nationale anticorruption avant septembre 2024. Rien n’a été voté, rien n’a même été amorcé.

 

Un score en chute libre

L’indice V-Dem ne laisse guère de place au doute. Piloté par des chercheurs de Göteborg, il mesure la corruption politique à tous les étages de l’État. Et plus le chiffre grimpe, plus elle est importante. Avec une note de 10,3 sur 100, l’Espagne figure désormais parmi les 15 pays les plus corrompus de l’OCDE.

Mais ce qui frappe surtout, c’est la vitesse de la dégradation. L’Espagne affiche la plus forte détérioration de tout le classement, avec une chute de 178 % de son score entre 2019 et 2024, dépassant des pays comme la Finlande, l’Islande ou le Portugal, qui enregistrent eux aussi des reculs notables.

 

Déclin institutionnel : l’Espagne derrière la moyenne de l’UE et de l’OCDE

Ce n’est pas seulement la corruption qui ronge le système, c’est tout l’édifice institutionnel qui vacille. Le rapport de l’IEE pointe une fragilisation générale de l’État espagnol, confirmée par une batterie d’indicateurs internationaux — Banque mondiale, OCDE, World Justice Project.

Résultat : l’écart se creuse avec le reste de l’Europe sur des piliers aussi fondamentaux que la qualité des lois, la stabilité des institutions ou le contrôle des pouvoirs. L’Espagne affiche une déficience réglementaire 33 % au-dessus de la moyenne européenne, loin derrière des pays comme la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Même au sein de l’OCDE, elle fait moins bien que la moyenne. Un retard structurel qui pèse sur la confiance, l’investissement et la démocratie.

 

Le véritable coût, c’est la perte d’opportunités pour les citoyens.

 

Un poison lent pour l’économie et la démocratie

Pendant que d’autres pays redressent la barre — République tchèque, Lettonie, Allemagne — l’Espagne donne l’impression de tourner en rond. Le rapport de l’IEE alerte : la corruption qui s’installe, ce n’est pas qu’une affaire morale. C’est aussi un poison économique : perte de compétitivité, désaffection citoyenne, climat d’affaires en berne.

“Le véritable coût, c’est la perte d’opportunités pour les citoyens", résume sobrement l’étude. Faute de sursaut, l’Espagne ne glissera pas seulement dans les classements. Elle pourrait aussi perdre un ingrédient bien plus précieux : la confiance de ses citoyens.

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