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80% des catalans considèrent qu'il y a beaucoup de corruption en Catalogne

une main gantée sur des liasses de billetsune main gantée sur des liasses de billets
leo pixabay
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 18 janvier 2023, mis à jour le 18 janvier 2023

Les résultats du 7e baromètre antifraude montrent que la perception de la corruption en Catalogne est au plus haut. Les gens sont de plus en plus tolérants et justifient même certains comportements peu honnêtes, surtout les jeunes.

 

 

Les résultats du Baromètre "Corruption en Catalogne: perceptions et attitudes des citoyens" publié par l'Office Antifraude de la Catalogne laisse peu de place à l'optimisme, d'autant qu'il apparait que les personnes les plus jeunes sont beaucoup plus tolérants sur un phénomène qu'il faudrait au contraire combattre!

 

Ce baromètre antifraude est une étude qui recueille des données sur la perception de la corruption en Catalogne, sur les niveaux de transparence et d'intégrité des administrations publiques catalanes et sur les attitudes et comportements des citoyens. Il est réalisé tous les deux ans depuis 2010 et il s'agit du 7e baromètre sur la corruption en Catalogne.

Perception de la corruption: +13 points

Les résultats du Baromètre 2022 montrent ainsi que la perception de la corruption se situe à un niveau particulièrement élevé: 80,2% des personnes interrogées considèrent qu'il y a beaucoup ou assez de corruption, contre 67% dans le Baromètre 2020, une hausse de 13 points. En outre, 82,6% des personnes interrogées perçoivent la corruption en Catalogne comme un problème grave ou assez grave, un chiffre qui s'élevait à 79,5% en 2020.

 

evolution du pourcentage de catalans qui pensent qu'il y a beaucoup ou assez de corruption en catalogne

 

La tendance, qui était à la baisse depuis 2014 (lorsqu'elle avait atteint un pic de 82,3%), remonte donc fortement cette année. Le directeur de l'Office de lutte antifraude a souligné, lors de la présentation du baromètre, que "la perception de la corruption reste à des niveaux inacceptables ; il s'agit d'un problème chronique de corruption, concentré dans les plus hautes sphères, de contamination des décisions publiques par l'interférence d'intérêts privés".

 

Or, comme le rappelle cet organisme dans son rapport, "le coût de la corruption n'est pas seulement économique, il est aussi politique. Il dévalorise la démocratie et les principes d'égalité des chances, et il est moral: La corruption réduit la confiance entre les personnes et favorise le relâchement des exigences éthiques".

Inquiétant: Niveaux élevés de tolérance à la corruption

Effectivement, il est particulièrement inquiétant de constater l'augmentation de la tolérance, de la relativisation, voire  de la justification à l'égard de comportements peu éthiques, qui font partie du concept même de corruption.

 

tableau des conduites considerees comme corruption ou non en catalogne

 

Par exemple, parmi les comportements les plus tolérés, 29,3% des personnes interrogées acceptent (beaucoup ou assez) qu'un haut fonctionnaire accepte une caisse de vin comme cadeau (en 2020, ce chiffre était de 21,1%); 21,9 % (11,9% en 2020), qu'une personne travaillant dans le système de santé publique aide un parent à passer outre une liste d'attente; et 17,9% (6,4% en 2020) tolèrent (beaucoup ou assez) le népotisme (qu'un responsable politique engage un ami proche pour un poste de confiance).

Les jeunes, beaucoup plus permissifs face à la corruption

L'âge devient même un facteur pertinent dans la normalisation de la corruption. En général, les jeunes (surtout dans la tranche d'âge 16-24 ans) ont des taux d'acceptation et de justification des comportements corrompus nettement plus élevés que l'ensemble de la population, et la tolérance diminue chez les personnes plus âgées. Par exemple, il est très acceptable (11,8%) pour les 16-24 ans de donner de l'argent à un fonctionnaire pour accélérer une procédure, contrairement à la population totale interrogée (6,1%).

 

Si un politicien soutient un projet au profit d'un groupe économique en raison du soutien qu'il a apporté à son parti, cela est considéré comme très acceptable par 14,5% des jeunes contre seulement 6,9% de la population dans son ensemble. Qu'un politicien engage un ami proche pour un poste de confiance est considéré comme très acceptable par 14,5% des 16-24 ans, un pourcentage qui est de 6,9% pour la population totale.

64,9% pensent que les hommes politiques ne sont pas honnêtes

Les personnes n'ont pas une bonne opinion de la politique et de ceux qui y travaillent: la perception de peu ou pas d'honnêteté s'élève à 64,9%, un chiffre proche de celui de 2010, alors qu'il était de 53% il y a deux ans.

 

objectivité de l'information donnee par la presse en catalogne

 

79% observent (beaucoup ou assez) un manque de transparence dans les décisions publiques, bien que la perception de la responsabilité par les citoyens s'améliore. 81,4% considèrent les liens entre les entreprises et la politique comme trop étroits. Toutefois, la perception du public en matière de responsabilité s'est améliorée (80,3% considèrent que les hommes politiques ne donnent pas suffisamment d'explications sur leurs performances, contre 84,1% en 2020).

Des médias peu objectifs

Quant aux médias, 66,3% estiment que les informations qu'ils fournissent sur les affaires de corruption ne sont pas très ou pas du tout objectives. En 2020, ils étaient 74,9% à considérer que c'était le cas, ce qui représente une légère amélioration de la perception.

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