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Valérie Parra: "C’est un devoir républicain d’aider ses compatriotes"

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Écrit par Mathilde Dumur
Publié le 3 avril 2019, mis à jour le 4 avril 2019

Attachante et peu partisane de se mettre en avant en interview, c’est quand même avec bienveillance que Valérie Parra partage son parcours. Dans ce portait, elle raconte avec un accent toulousain son arrivée à Madrid, ville qu’elle n’a plus jamais quittée, ses coups de cœurs, sa vision de la ville et de l’Espagne. Mais c'est surtout son combat aux côtés de l’Entraide française et les valeurs que l'association prône qui lui tiennent à cœur de partager.

 

L’aventure espagnole commence en 1992, "l’année de l’Espagne". En même temps que l’exposition universelle à Séville et des Jeux Olympiques d’hiver. Cette année-là, Valérie arrive à Madrid, alors âgée de 25 ans. Elle vient rejoindre quelqu’un et pose ses valises dans la capitale. "Très rapidement, j’ai trouvé du travail dans une entreprise espagnole, il n’y avait pas encore toutes les difficultés d’aujourd’hui". L’intégration se fait facilement, cette petite fille d’immigrés espagnols a toujours parlé la langue et connaissait un peu Madrid pour y avoir passé des vacances. La vie continue et fait qu’elle aurait pu avoir l’opportunité de bouger, de s’installer ailleurs, mais Valérie est trop attachée à sa ville de cœur. 

 

Cette ville a quelque chose de spécial

"Je n’ai jamais habité ailleurs qu’à Madrid depuis mon arrivée et ça me va très bien. Cette ville a quelque chose de spécial. Quand on arrive, on ne veut plus repartir". Aujourd’hui, elle est chargée des relations européennes au secrétariat international de la fédération UGT, un des principaux syndicats d’Espagne, et l’un des plus vieux du monde (130 ans d’ancienneté). "C’est un syndicat qui a traversé toute l’histoire de l’Espagne, et qui est encore là aujourd’hui".


L’Entraide, et le souci de venir en aide aux autres

Depuis une dizaine d’années, Valérie participait aux événements organisés par l’Entraide française, en tant qu’adhérente. "Puis il y a trois ou quatre ans on m’a proposé de de collaborer et de me charger de la communication de l’association". L’Entraide française, c’est la plus ancienne société de bienfaisance du monde. 160 ans d’assistances et de secours des Français de la circonscriptionconsulaire de Madrid qui sont dans le besoin. "Depuis tout ce temps, l’Entraide apporte vêtements, aide alimentaire, médicale, soutien scolaire, aide à trouver un emploi, un logement…". L’idée, c’est vraiment d’aider les plus démunis. L'association organise aussi des camps d’été pour les enfants défavorisés, lève des fonds pour financer des fauteuils à ceux qui en ont besoin… "Tout ça, c’est grâce aux actions que nous organisons. Durant les manifestations, les fonds récoltés nous permettent de financer nos actions sociales", rappelle Valérie.


La communication massive nous distrait et nous éloigne de causes plus nobles

L’adhésion finance aussi ces combats sociaux, c’est pourquoi elle est aussi importante. "On a du mal à ce que les gens se rapprochent d’une cause solidaire, et à leur faire comprendre que les dons de 5€ par mois sont nécessaires. On fait de gros efforts sur la communication, mais il n’y a pas assez de résultats. En y réfléchissant bien, les gens sont noyés dans la communication massive. Elle nous distrait et nous éloigne de causes plus nobles, mais on est quand même obligés d’être présent sur les réseaux sociaux. C’est une situation un peu compliquée". Son engagement, elle le tient des valeurs qu’elle prône : la fraternité et la solidarité. "C’est un devoir républicain d’aider ses compatriotes. Pour moi, l’aide aux autres est fondamentale, et on se doit de défendre cette idée".


La crise de 2008 a vraiment fait de gros dégâts

"L’Espagne est un pays assez moderne. Il y a toujours des contradictions mais ça reste une jeune démocratie. Il lui reste à évoluer sur de nombreux aspects mais c’est quand même un pays qui a réussi à rapidement se développer socialement, sur la question des droits des femmes… Malheureusement sur le plan des aides sociales, c’est pas encore ça. Puis la crise de 2008 a vraiment fait de gros dégâts. Le chômage a énormément augmenté, le prix de l’immobilier a explosé, les jeunes ne s’en sortent pas, ils sont obligés de rester chez leurs parents, ceux qui sont diplômés partent ailleurs en Europe", analyse Valérie. "Heureusement que la structure familiale espagnole est solide. Les personnes âgées vivent avec les enfants, ou en tous cas les enfants s’en occupent, ils ne se retrouvent pas seuls", continue-t-elle. Étant elle-même très engagée, au sein notamment de plusieurs associations -Mujeres Avenir, l’Ordre National du Mérite, Français du Monde- elle se dit "émue de voir que les mouvements sociaux". A l'instar du mouvement féministe, "ils sont très forts en Espagne", juge Valérie. "Déjà à partir de 2004 il y a eu une série de lois pour les droits des femmes. Maintenant il faut que ça continue".


Personne ne veut repartir de Madrid

"La communauté française évolue. Elle ne vieillit pas, grâce à l’arrivée constante de jeunes. Au départ, les expatriés, c’était ceux envoyés en Espagne par leur société. Maintenant, ceux-là ne veulent plus repartir. Personne ne veut repartir de Madrid. En général on se débrouille pour rester ici. C’est très frappant, mais compréhensible : la qualité de vie est très bonne ; la sécurité, le climat, les horaires, la joie de vivre des Madrilènes, leur mentalité sans jugement… Quand on arrive à Madrid, il est difficile de repartir".