Fruit du travail conjoint des Chambres de Commerce et d'Industrie franco-espagnoles de Madrid et Barcelone, ce premier baromètre apporte une intéressante radiographie de la réalité économique des entreprises françaises en Espagne. Il permet aussi de mesurer leur confiance dans l'avenir et de savoir comment les entreprises françaises voient l'emploi, les investissements, les problèmes économiques et la façon dont le gouvernement les résout.
Compte tenu de la forte présence des entreprises françaises en Espagne, on s'étonnerait presque que ce baromètre n'eût pas vu le jour avant. D'ailleurs, l'ambassadeur de France, Jean-Michel Casa, présent pendant la présentation des résultats, a vivement salué l'initiative conjointe des deux Chambres de Commerce françaises à Madrid et Barcelone qui ont eu cette excellente idée d'interroger tant les entreprises françaises établies en Espagne que les femmes et hommes d'affaires français qui travaillent dans le pays.
Jean-Michel Casa a vivement salué l'initiative conjointe des deux Chambres de Commerce françaises à Madrid et Barcelone qui ont eu cette excellente idée d'interroger les entreprises françaises établies en Espagne
L'événement s'est déroulé en présence de Stéphane Vojetta, député des Français, qui a modéré le débat qui réunissait les présidents des deux Chambres de commerce et d'industrie de Madrid et Barcelone, Alexandre de Palmas, directeur général de Carrefour en Espagne et David Cabero, directeur général Europe du Groupe BIC, ainsi que Sara Bieger, Directrice de la CCI Madrid, Ester García Cosín, PDG du Groupe Havas Media et Margarita López-Acosta, directrice générale de SANOFI.
Un échantillon représentatif des entreprises françaises en Espagne
Sara Bieger et David Cabero ont tout d'abord mis l'accent sur le fait que ce baromètre est un échantillon représentatif des entreprises françaises en Espagne, compte tenu de l'important niveau de réponses: Presque 180, environ 90 par chambre de commerce. Cela peut paraitre peu mais, comme l'a souligné David Cabero, au Royaume-Uni, seulement 37 entreprises ont répondu à un baromètre similaire. Et la chambre de commerce suédoise a, pour sa part, reçu un peu moins de 90 réponses.
Sur les 30 entreprises les plus importantes d'Espagne, 5 sont françaises
Avec les résultats de ce premier baromètre, il est intéressant de constater les différences -que l'on imaginait- entre Barcelone et Madrid en termes de type d'entreprises. Ainsi, à Barcelone, 33% sont des entreprises créées par un Français, alors qu'à Madrid ce pourcentage atteint tout juste 20%; autrement dit, 67% des filiales françaises sont installées à Barcelone et 80% à Madrid.
Réelle diversité de secteurs, de taille et de chiffres d'affaires
On savait déjà que le niveau d’intégration des entreprises françaises dans le tissu économique espagnol était particulièrement important, avec pas moins de 400.000 personnes employées dans tous les domaines, les plus connus étant la grande distribution, l'automobile ou les télécommunications. L'ambassadeur de France a d'ailleurs souligné que sur les 30 entreprises les plus importantes d'Espagne, 5 sont françaises. Cependant, ce 1er baromètre permet de montrer la réelle diversité de secteurs, de taille et de chiffre d'affaires des entreprises françaises en Espagne.
Contraste entre l'optimisme interne de l'entreprise et la situation économique de l'Espagne
En outre, il est curieux de constater le contraste entre l'optimisme sur la situation économique des entreprises et leur perception de la situation économique du pays, qui est beaucoup moins positive, voire mauvaise.
Ainsi, 70% pensent que leur volume d'affaires va croître cette année. En ce qui concerne l'emploi, 63% ont indiqué que leurs effectifs ont augmenté en 2022, en particulier dans les entreprises comptant entre 50 et 249 salariés. Pour 2023, 56% pensent continuer à embaucher. De plus, 53% maintiennent leurs prévisions d'investissement cette année, la majorité (6 entreprises sur 10) prévoyant d'investir dans la force de vente, devant d'autres domaines comme la production ou la logistique).
Il ne s'agit pas d'un baromètre ponctuel. L'idée est de continuer à le faire car c'est très important pour les entreprises d'identifier les tendances et cela aide à comprendre le marché.
En revanche, lorsque l'on évalue les prévisions de croissance de l'économie espagnole pour cette année, l'optimisme diminue, 38% d'entre elles estimant qu'elle va baisser, un sentiment plus prononcé parmi les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à 50 millions (plus de la moitié sont pessimistes).
Défis: hausse des prix de l'offre et rétention des talents
L'étude a également permis de mettre en lumière les obstacles rencontrés par les entreprises, notamment l'augmentation du prix des approvisionnements, en particulier dans le secteur automobile. En ce qui concerne les autres difficultés rencontrées par les entreprises, la rétention des talents a été mise en avant, en plus des trois domaines où le soutien des pouvoirs publics est jugé nécessaire: le cadre économique et politique, les prix de l'énergie et des matières premières, et le coût du travail. L'analyse montre également que seulement 29% des entreprises participantes disposent d'un département de R&D&I en Espagne.
Le gouvernement doit agir pour aider les entreprises
En résumé, il est essentiel que le gouvernement favorise la croissance des entreprises par le biais de mesures qui freinent efficacement les effets négatifs de la hausse des prix de l'approvisionnement énergétique, ainsi que la fuite à l'étranger du talent professionnel que le pays lui-même génère dans de nombreux secteurs d'activité ; en ce sens, une réduction des coûts salariaux supportés par les entreprises pourrait être un bon stimulant si elle était consolidée dans le temps.
Il sera particulièrement instructif de voir l'évolution de ces résultats. Comme l'a justement indiqué le président de la CCI de Madrid, Alexandre de Palmas, "il ne s'agit pas d'un baromètre ponctuel. L'idée est de continuer à le faire car c'est très important pour les entreprises d'identifier les tendances et cela aide à comprendre le marché. Il sera donc très intéressant de découvrir la deuxième édition du baromètre l'année prochaine".