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Grégoire de Lestapis, Lendix: "Le crowdlending est une révolution"

Grégoire de Lestapis Lendix EspagneGrégoire de Lestapis Lendix Espagne
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Publié le 30 octobre 2017, mis à jour le 29 octobre 2023

La semaine dernière, la plateforme de prêt participatif aux petites et moyennes entreprises fêtait sa première année d'activité en Espagne. L'occasion de faire le bilan sur le modèle économique, l'avenir d'un mode de financement en plein boom et le développement dans le pays. 

 

En octobre 2016, la CNMV (Commission Nationale de Marchés et de Valeurs) autorisait l'activité de plusieurs plateformes de prêt, en accord avec la Loi 5/2015, impulsée par le ministre de l'Economie, Luis de Guindos. Cette loi, dans la foulée de la Loi Macron en France, visait à promouvoir le financement des entreprises et à réguler le financement participatif dans le pays, adaptant ainsi la législation locale aux tendances impulsées outre-Atlantique. Lendix, entreprise française fondée en 2014, leader dans l'Hexagone sur le secteur, faisait alors partie des entreprises profitant en avant-première de l'évolution du cadre juridique espagnol. Une levée de fonds additionnelle de 12 millions d'euros était à cette occasion effectuée auprès des actionnaires existants (Decaux Frères Investissements, Partech Ventures, Sycomore Factory, Weber Investissements et Banque Wormser Frères notamment) et d’institutionnels (CNP Assurances, Matmut et Zencap AM), pour assurer l'expansion de la plateforme en Europe du sud. 

 

En mars 2017, Lendix faisait la Une des publications spécialisées, avec le lancement du plus gros financement de crowdlending jamais effectué en Espagne

 

Lendix montrait ainsi ses appétits européens et sa volonté de se positionner, à l'échelle continentale, sur un secteur bien précis : le prêt participatif destiné aux PME / TPE. Pour Grégoire de Lestapis, CEO de Lendix España et membre du directoire, "le fait que la régulation ne soit pas la même d'un pays à un autre, même si les lois sont souvent proches, constitue à la fois un atout et un inconvénient : elle complique l'entrée sur le marché mais assure à l'entité qui a passé le process, une position très confortable". Il aura ainsi fallu un an à Lendix pour obtenir l'autorisation sur le marché espagnol. En février 2017, l'entreprise finançait son premier projet dans le pays : un prêt de 310.000 euros sur 60 mois à une entreprise spécialisée dans la gestion de documents. En mars de la même année, Lendix faisait de nouveau la Une des publications spécialisées, avec le lancement du plus gros financement de crowdlending jamais effectué en Espagne : l'entreprise Food & Moments Group bénéficiait ainsi d'un prêt d'un peu plus d'1 million d'euros sur 60 mois, pour des opérations de marketing et de formation de personnel, liées à l'ouverture du Hard Rock Café de Valencia.

 

Comme Uber, AirBnB ou BlaBlaCar, Lendix s'appuie sur le partage collectif de moyens et d'information.

 

"C'est une véritable révolution. Depuis 5 ans le modèle proposé par les plateformes de financement connaît un véritable boom, qui a ses origines dans le monde anglo-saxon", décrypte le CEO de Lendix España. "En 2016, on relève 4 milliards d'euros financés par ce modèle au Royaume Uni, soit l'équivalent de 5% de parts du marché bancaire du pays", explique-t-il. "Aux USA, ce sont 30 milliards d'euros, en Chine, 300 milliards, contre zéro ou presque en 2011". Traditionnellement en retard sur la question, l'Europe continentale, avec la (dé)régulation récente du marché, s'est jointe au mouvement. "On compte près de 300 entreprises de Fintech en Espagne aujourd'hui", analyse Grégoire de Lestapis... "et les neuf dixièmes de ces entreprises, alliant finance et technologie, auront besoin de démontrer leur capacité à attirer et consolider une base clientèle d'ici 2-3 ans : nous sommes sur un secteur qui a besoin de temps pour se développer et croître". Comme Uber, AirBnB ou BlaBlaCar, Lendix s'appuie sur le partage collectif de moyens et d'information. Or, "il a fallu une véritable révolution des mentalités pour qu'on ouvre la porte de son chez-soi à des inconnus, ou que l'on accepte un étranger dans sa voiture. Sur les questions bancaires, cela sera peut être un peu plus long, mais le même processus se fera, sans l'ombre d'un doute", avance Grégoire de Lestapis, catégorique. "Les entreprises présentes sur ce secteur ont besoin d'instaurer un élément essentiel au bon fonctionnement de leur activité : la confiance", résume-t-il encore. 

 

Nous gérons 400.000 transactions par mois et cela nous coûte le prix d'un hamburger

 

En 3 ans d'existence, Lendix a reçu 35.000 dossiers de la part d'entreprises en recherche de financement, dont 5.000 en Espagne. Après analyse, ce sont 316 projets qui ont reçu le feu vert pour un total de 116 millions d'euros de prêt, ce qui en fait la première plateforme d'Europe continentale. "Nous accordons des prêts compris entre 30.000 euros et 3 millions d'euros, sur une période comprise entre 3 et 84 mois, et un taux allant de 3% à 9,9%", synthétise le membre du directoire de Lendix. Ni trop petit, ni trop grand : la plateforme de prêt s'est spécialisée sur un secteur qui de facto exclut les startups (avec notamment l'obligation de facturer un minimum de 250 k€ par an pour pouvoir postuler) et les grandes structures, ayant accès via d'autres canaux, à des liquidités à moindre coût. "Nous avons observé que les PME n'avaient souvent pas d'autres ressources que le marché bancaire, pour obtenir des financements. Nous nous positionnons comme une offre complémentaire à ce dispositif", avance Grégoire de Lestapis. Et de lister les principales motivations des emprunteurs, pour passer par la plateforme : rapidité de mise à disposition des fonds (en 7 jours), sans garanties rélles, ni paperasse ou clauses d'engagements sur des produits annexes. De fait l'intéressé estime que les Fintech forceront, à terme, le secteur bancaire à évoluer, avec un retour du client "au centre du dispositif". Des alliances sont d'ailleurs déjà en cours entre les acteurs traditionnels et les nouveaux arrivants sur le marché, qui font preuve d'une plus grande capacité d'innovation et de freins culturels moindres. "Nous gérons 400.000 transactions par mois et cela nous coûte le prix d'un hamburger", illustre le dirigeant. "La maîtrise de l'outil technologique nous permet d'avoir des coûts variables pratiquement nuls, qui sont les ciments de la rentabilité de notre modèle économique"

 

Nous conseillons à nos investisseurs particuliers d'investir maximum 10% de leurs économies, d'éviter les coups de cœur et de consacrer en moyenne 200 € par projet

 

Mais l'outil technologique permet aussi à Lendix de disposer d'une moulinette particulièrement efficace, capable d'analyser un dossier en moins de 48 heures, et d'apporter une réponse rapide à l'emprunteur. Surtout, elle connecte aujourd'hui quelque 20.000 investisseurs dans le monde, autour de projets entrepreneuriaux. Ces investisseurs particuliers représentent, en volume, 30% des montants versés dans le système. Les 70% restants sont apportés par des fonds d'investissement qui assurent, pour chaque projet, 51% minimum des montants prêtés. "Nous conseillons à nos investisseurs particuliers d'investir maximum 10% de leurs économies, d'éviter les coups de cœur et de consacrer en moyenne 200 € par projet -dans le cas d’un total d’épargne dédié à cette classe d’actifs de 10.000€ repartis sur 50 projets- en se diversifiant sur plusieurs dossiers, afin de répartir les risques", commente le CEO de Lendix Espagne. Un taux moyen de rentabilité de 7% est estimé par l'entreprise, qui conseille d'inclure un risque à hauteur de 2% et de planifier une rentabilité nette de 5%. Dans les faits, seuls 9 projets sur 316 accusent à ce jour des retards de paiement, soit 0,9% des montants prêtés par Lendix. "Nous avons connu un très bon cycle sur les 3 premières années d'existence et pensons être proches du point d’inflexion à partir duquel la croissance de la plateforme s’accélère rapidement et où le décollage se produit", confirme Grégoire de Lestapis.