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TROIS QUESTIONS A – Muriel Pénicaud, Ambassadrice déléguée aux investissements internationaux, Directrice générale de la nouvelle agence Business France

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 4 mars 2015

C'est la nouvelle patronne de Business France, l'agence française issue de la fusion d'Ubifrance (l'Agence française pour le développement international des entreprises) et de l'AFII (Agence française pour les investissements internationaux). Ses missions : soutenir les entreprises françaises à l'export, accompagner les investisseurs étrangers et promouvoir l'image de la France. A l'occasion du Mobile World Congress, Muriel Pénicaud était de passage à Barcelone cette semaine pour promouvoir l'innovation des entreprises françaises.
 
Lepetitjournal.com : Au cours des premiers mois d'existence de la nouvelle structure Business France, quels sont vos axes de travail et vos priorités ?
Muriel Pénicaud : Il est encore trop tôt pour donner des objectifs chiffrés qui sont en cours d'élaboration ; le contrat "objectif et performance" à venir définira les objectifs à 3 ans. Cependant des axes de travail prioritaires sont établis. La fusion juridique qui a donné naissance à Business France s'est opérée en janvier ; l'objectif est maintenant d'accompagner la fusion sur le terrain. Business France est présent dans plus de 70 pays. La priorité est donc de former les équipes, qui ont besoin d'accompagnement suite à cette fusion. Une autre de nos priorités est le développement des relations avec certaines zones géographiques : je pense à l'ASEAN et à l'Afrique, où des efforts doivent être engagés afin de solidifier nos actions et notre réseau. Enfin, nous avons pour objectif d'améliorer notre modèle économique pour accompagner encore plus efficacement les entreprises selon leurs besoins.
 
Lorsque l'on fait la promotion de l'image de la France à l'international, quels sont les atouts que l'on met en avant, et quelles sont les réticences auxquelles il faut faire face ?
Le premier atout qu'il faut mettre en avant est celui du capital humain, de l'innovation et de la créativité que possède la France. Il s'agit là de faire connaître les ressources françaises en termes de formation, de recherche et de brevets. La France est le troisième pays le plus innovant du monde. Et nous sommes également le deuxième pays qui a reçu le plus de médailles Fields au monde, c'est important de le souligner (les médailles Fields récompensent les travaux en Mathématique ? la France est le pays qui a reçu le plus de récompenses derrière les Etats-Unis, ndlr). Le crédit d'impôt recherche, dont peuvent bénéficier les entreprises, est d'ailleurs l'un des dispositifs les plus efficaces pour stimuler l'innovation française et la maintenir dans les toutes premières au monde.
Le deuxième atout de la France que nous devons mettre en avant est un atout structurel. Elle est le premier pays d'Europe en termes d'infrastructures de transport (autoroutières, aéroportuaires, ferroviaires et portuaires). De plus, son positionnement géographique idéal, au carrefour de l'Europe, en fait un partenaire de choix, un véritable Hub pour l'Europe et pour l'Afrique ; c'est un avantage compétitif non négligeable.
Enfin, la France est consommatrice d'innovation : cela rejoint le premier atout cité. Les Français n'ont pas peur de l'innovation, ils la testent : pas seulement d'un point de vue purement technologique, mais également en matière de marques et de consommation. La France est un pays d'innovation.
Les réticences auxquelles nous devions faire face le plus souvent étaient de deux types. Les premières étaient liées à la fiscalité : la rétroactivité fiscale, qui est maintenant réglée, et l'impôt sur les sociétés, comparativement à d'autres pays d'Europe, pouvaient freiner les investisseurs étrangers, mais celle-ci va baisser dans les années qui viennent.
L'autre frein était lié à la dimension sociale : comme le coût du travail. Mais ce point est aujourd'hui largement réglé par le CICE et la baisse du coût du travail de 2 à 6% et des cotisations sociales, toujours dans le but de rendre l'entreprise plus productive. Dernier point, la rigidité du marché du travail, qui reste à améliorer. Les marchés et l ?économie évoluant très vite, le marché du travail doit pouvoir s'ajuster tout en assurant la protection des salariés. Là aussi, des efforts sont en cours et des lois en ce sens sont actuellement discutées.
 
Le  Mobile World Congress a démarré hier ; quel regard portez-vous sur la présence française et quel bilan tirez-vous de cette première journée ?
Je dois dire que je suis bluffée par la performance de la French Tech. J'ai vu de véritables pépites qui créent de véritables ruptures technologiques, qui leur permettent d'être à la fois innovantes et compétitives. Il faut savoir que sur les 186 entreprises présentes, les 2 tiers sont accompagnées par Business France. C'est d'ailleurs la force de la French Tech, cette communauté d'échanges qui permet d'aider au développement de nombreuses startups créatrices d'innovation. 350 rendez-vous B2B ont pu être organisés entre partenaires grâce à Business France. Il s'agit de rendez-vous très qualifiés, afin de pouvoir dégager le maximum de courants d'affaires suite à ces rencontres. Ce qui nous montre bien que le pavillon français, le plus important pavillon national du MWC, est aussi une vitrine de l'image française. Les entrepreneurs eux-mêmes se disent très satisfaits de ces échanges et de ces projets d'accompagnement. D'ailleurs il est très intéressant de constater que des entreprises qui ont été accompagnées par Business France il y a quelques années (Ubifrance à cette époque) ont aujourd'hui pu se développer et ont leur propre stand au MWC, juste à côté du Pavillon France ! Je suis donc très confiante concernant l'innovation française. Il faut savoir qu'aujourd'hui 30% des ingénieurs français se veulent se lancer dans l'entreprenariat, alors qu'il y a quelques années à peine, ils étaient moins de 1%.
 
Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) mercredi 4 Mars 2015

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Publié le 3 mars 2015, mis à jour le 4 mars 2015
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