Il n'a pas hésité un instant, lorsqu'on lui a proposé de lancer la French Tech à Madrid : pur produit de l'univers digital, Dimitri Seigneuray a créé en 2015, dans la capitale, la seconde antenne espagnole du label français dédié à l'écosystème des startups. Depuis, ce Rochelais de 35 ans, fondateur de Mobile Up, une agence media dédiée au marketing digital, anime une communauté où 400 acteurs ont été identifiés et qui compte de plus en plus d’adhérents. Avec l'objectif de créer une véritable plateforme qui non seulement génère du contact mais aussi apporte des solutions, du conseil et des services concrets adaptés au monde de l'innovation, la French Tech à Madrid s'affirme en outre comme un relais indispensable entre la France et l'Espagne, mais aussi une porte ouverte vers l'Amérique latine.
L'univers French Tech profite dans la capitale d'un maillage particulièrement riche avec les acteurs les plus corporates de l'entrepreneuriat
C'est ainsi qu'en juin dernier, à l'initiative notamment de la région Occitanie et de l’agence de développement économique de la communauté urbaine de Perpignan, le train de la French Tech a relié Montpelier à Madrid, via Perpignan et Barcelone. Une première opération transfrontalière qui a permis à une centaine de startupers issus des différentes délégations françaises et espagnoles, de faire valoir leur activité de part et d'autre des Pyrénées. A Madrid, terminus de ce voyage sur rail émaillé de pitchs et de sessions de networking, les entrepreneurs ont pu participer, sous la houlette de Dimitri Seigneuray, en présence du Président de la Chambre Franco-Espagnole de Commerce et d’Industrie et de l’Ambassadeur de France en Espagne, à une soirée de networking et à la remise du Prix du Jury. Cette dernière étape du train de la French Tech constituait ainsi, d'une certaine manière, l'illustration d'une particularité propre à l'écosystème madrilène : de par sa proximité avec les organismes français les plus institutionnels, l'univers French Tech profite dans la capitale d'un maillage particulièrement riche avec les acteurs les plus corporates de l'entrepreneuriat. "Cela a été très positif", estime à propos de l'opération le directeur de la French Tech Madrid. "Cela a permis à plusieurs entrepreneurs d'être mis en contact avec des investisseurs, sur des marchés limitrophes". Et suite au succès de ce voyage en aller simple, les délégations des différentes French Tech réfléchissent à une 2e édition, "peut être dans l'autre sens", avance Dimitri Seigneuray.
L'e-commerce, le big data, la 'Fintech' ou la 'Medtech'
Toujours est-il qu'avec l'inauguration officielle du French Tech Hub de Barcelone, en mai 2016, le dynamisme des entrepreneurs français du digital dans le pays n'est plus à prouver. "Nous souhaitons faire en sorte que les délégations travaillent ensemble", confirme Dimitri Seigneuray, "mais aussi main dans la main avec l'ensemble des organismes dédiés à la promotion entrepreneuriale". L'initiative du train de la French Tech montre que tous les acteurs y trouvent leur intérêt. Et si Barcelone, avec le Mobile World Congress notamment, jouit d'une réputation et d'une forte empreinte technologique, la capitale espagnole n'est pas en reste. "Madrid est en train de suivre, depuis 2/3 ans, une excellente tendance", juge le CEO de Mobile Up. "Il y a des signaux très positifs concernant l'installation et la création de startups, dans des domaines très diversifiés : l'e-commerce, le big data, la 'Fintech' ou la 'Medtech' par exemple". Et d'ajouter : "La présence du Google Campus, la tenue du South Summit ou l'arrivée du géant du coworking WeWork sont autant d'éléments qui y participent et consacrent cette vitalité".
Un label extrêmement dynamique
Le Club French Tech de Madrid, qui regroupe aujourd'hui de nombreux adhérents, s'inscrit en résonnance de cette tendance. "Outre nos afterworks mensuels ouverts à tous, nous proposons aux membres du club des événements exclusifs et des possibilités de présentation de leur activité. Nous devrions demain pouvoir mettre à leur disposition tout un panel de services adaptés à leurs besoins, allant de la mise en connexion au développement de leur business, en incluant différentes options de consulting", explique Dimitri Seigneuray. En octobre dernier, en parallèle du salon South Summit, une rencontre a ainsi été organisée entre les membres de la French Tech et d'autres startupers internationaux. En 2018, l'objectif est, tout en relayant les initiatives lancées depuis Paris, d'intensifier en local les actions conçues à Madrid, en augmentant le nombre de membres et en s'appuyant sur la nomination de plusieurs mentors, qui serviront d'autant de relais permettant de développer et soutenir le développement des entreprises. L'idée -et la mission- est aussi d'attirer de plus en plus de startups espagnoles en France, en relayant des mécanismes tels que le French Tech Ticket. La mise en place de réseaux vers l'Amérique latine constitue enfin un autre axe de réflexion. "C'est un marché qui est prêt à exploser", avance Dimitri Seigneuray. "Depuis la France, nous n'en avons pas la même perception que depuis l'Espagne", estime-t-il. "La French Tech est un label extrêmement dynamique", se réjouit son directeur à Madrid, "qui ouvre énormément de possibilités. Ce qui compte finalement, c'est ce que l'on y met dedans. Pour nous, le plus important c'est d'être utiles à la communauté et de faire rayonner l’image entrepreneuriale de la France en Espagne".