Édition internationale

Vols de luxe : la France et l’Espagne veulent faire payer les plus gros pollueurs

À la COP30, qui se tient actuellement à Belém (Brésil), l’Espagne et la France ont pris la tête d’une initiative internationale pour taxer les vols de luxe, un secteur en plein essor, dont l’empreinte carbone explose. Soutenue par une douzaine de pays, la proposition entend cibler à la fois les billets de première classe et les jets privés, qui concentrent une part disproportionnée des émissions du transport aérien.

un jet de luxe sur une piste de décollage et le ciel bleuun jet de luxe sur une piste de décollage et le ciel bleu
@Joerg Mangelsen, Pexels.
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 17 novembre 2025, mis à jour le 19 novembre 2025

Ceux qui polluent le plus doivent contribuer davantage.

L’idée est simple : faire contribuer davantage ceux dont les voyages en avion pèsent le plus lourd dans le bilan carbone mondial. Autrement dit, les passagers les plus privilégiés. « Ceux qui polluent le plus doivent apporter plus. Une taxe sur les vols premium permettrait de mobiliser des milliards pour la résilience, l’adaptation climatique et le développement durable », défend María del Mar Fernández-Palacios, ambassadrice d’Espagne au Brésil.

Elle rappelle l’ampleur de l’enjeu : la planète est confrontée à une « menace réelle » et a besoin d’un système de financement « juste, prévisible et sans endettement », un modèle qui n’en rajoute pas sur les épaules des citoyens ordinaires.

 

Les “impôts solidaires”, nouvelle boussole diplomatique française

À Paris aussi, on assume pleinement la mesure. Benoît Faraco, ambassadeur chargé des négociations climat, rappelle que la COP30 n’a pas vocation à réinventer la roue, mais à « mettre en œuvre ce qui a été convenu » dans l’Accord de Paris.

 

logo COP 30
@COP 30

 

Pour lui, les « impôts solidaires » ne sont pas un gadget fiscal, mais l’expression même de la justice climatique que les États prétendent défendre depuis des années. Et l’appel est clair : rallier le plus grand nombre autour de cette idée. « Nous voulons la plus large alliance possible pour avancer ensemble », insiste-t-il, comme un rappel à l’ordre adressé aux capitales encore hésitantes.


 

L’objectif : devenir un moteur global du financement climatique.


Au-delà du tandem franco-espagnol, une poignée de pays africains – Bénin, Djibouti, Kenya, Nigeria, Sierra Leone, Somalie, Soudan du Sud – ont déjà embarqué dans l’aventure. À leurs côtés, Antigua-et-Barbuda, le Brésil, les Fidji et le Vanuatu suivent le dossier en observateurs attentifs.

Née en juin à Séville, lors de la 4ᵉ Conférence internationale sur le financement du développement, la coalition avance à petits pas mais avec une ambition affichée : devenir un moteur global du financement climatique, un espace où le Sud et le Nord tentent, pour une fois, d’accorder leurs violons.

 

En Espagne, le climat change plus vite que les mentalités

 

Quand 1 % des passagers génèrent la moitié des émissions

Les chiffres avancés par la coalition donnent toute la mesure du défi : 1 % de la population mondiale est responsable de plus de la moitié des émissions de l’aviation commerciale. Un secteur déjà fortement émetteur, mais où les vols premium explosent : leurs émissions ont bondi de 46 % entre 2019 et 2023.

Première classe, jets privés, déplacements court-courriers ultra-rapides ou longs trajets internationaux… Les comportements les plus polluants se concentrent dans une minorité de trajets, mais représentent un impact massif.

 

COP30 : le tandem franco-espagnol en campagne pour une alliance climatique

À l’heure où la conférence aborde sa dernière ligne droite, la France et l’Espagne essaient encore d’élargir le cercle des soutiens pour peser dans les conclusions politiques. Car derrière la création d’une simple taxe, c’est un message plus large qu’ils veulent faire passer : repenser en profondeur le financement climatique et mettre enfin à contribution les plus gros émetteurs.

Reste une inconnue de taille : une coalition élargie suffira-t-elle à faire plier les États les plus frileux, souvent soucieux de ménager les intérêts de l’industrie aérienne ? Rien n’est moins sûr.

Mais du côté des promoteurs, plus question d’avancer à pas comptés. « Le multilatéralisme doit montrer qu’il fonctionne. Les taxes solidaires en sont la preuve en action », martèle Fernández-Palacios, comme pour rappeler que le temps des demi-mesures est révolu.

 

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