Chaque septembre, de festival de Saint Sebastien (San Sebastián International Film Festival, SSIFF) illumine la côte basque d’une semaine de cinéma international. Pour sa 73ᵉ édition (19–27 septembre 2025), le SSIFF confirme une présence française de premier plan : des réalisateurs renommés en compétition, une sélection de coproductions ambitieuses et une ouverture marquée par un discours engagé de Juliette Binoche.
Juliette Binoche ouvre le festival avec un appel à la paix
Lors de la cérémonie d’ouverture au Kursaal, l’actrice et réalisatrice Juliette Binoche a livré un message fort en soutien à la Palestine.
Elle a exprimé son espoir de "mettre fin aux massacres en Palestine, à la douleur et à la cruauté", tout en appelant à la libération immédiate des otages israéliens. "Maintenant, nous avons besoin d’un changement. Maintenant. Nous en sommes capables", a-t-elle lancé, concluant : "Nous ne sommes pas des créatures, nous sommes des créateurs. Réveillons-nous".
Le lendemain, en conférence de presse pour son documentaire In-I In Motion, elle a ajouté que "la politique ne va pas nous sauver", soulignant que l’art reste un vecteur essentiel pour "communiquer, affronter nos peurs et rechercher la vérité".
Ces propos rejoignent la déclaration officielle du festival condamnant "l’atrocité et le terrorisme" dans la bande de Gaza et appelant à un cessez-le-feu.
Programmation française complète 2025
La présence hexagonale est particulièrement riche cette année.
Voici les films français ou coproductions franco-internationales confirmés dans les différentes sections :
Sélection Officielle – Compétition
Deux pianos – Arnaud Desplechin (France)
Couture – Alice Winocour (France / États-Unis)
Le Cri des Gardes (The Fence) – Claire Denis (France)
Six jours ce printemps-là (Six Days in Spring) – Joachim Lafosse (Belgique / France / Luxembourg)
Sélection Officielle – Hors Compétition
In-I In Motion – Juliette Binoche (France)
Section Perlak (Perlas)
Affeksjonverdi / Sentimental Value – Joachim Trier (Norvège / France / Danemark / Allemagne)
L’Étranger (The Stranger) – François Ozon (France)
Vie Privée – Rebecca Zlotowski (France)
Zabaltegi-Tabakalera (cinéma audacieux et nouvelles formes)
La Ligne claire – Thomas Salvador (France)
Les Fleurs de sable – Éléonore Saintagnan (France)
Made in Spain
Coproductions françaises minoritaires mais remarquées : Al Amparo (France / Espagne) et Camino del Norte (Espagne / France).
Une histoire d’amour durable entre Saint Sebastien et le cinéma français
Depuis plus de sept décennies, la France occupe une place de choix sur la scène du festival. Dès les années 1970, la Concha de Oro, plus haute distinction du festival, a couronné des maîtres français tels qu’Éric Rohmer pour Le Genou de Claire (1971). Claude Chabrol a suivi en 1997 avec Rien ne va plus, puis François Ozon en 2012 avec Dans la maison.
Au-delà des prix, le festival a multiplié les hommages : le prestigieux Prix Donostia, saluant une carrière entière, a été remis à Isabelle Huppert, Agnès Varda, Marion Cotillard ou encore Juliette Binoche.
Cette fidélité réciproque s’explique par une proximité géographique et culturelle, mais aussi par une affinité artistique : Saint Sebastien offre aux auteurs français une tribune singulière, à mi-chemin entre la ferveur latino-européenne et la reconnaissance internationale.
Un festival à la personnalité unique
Classé "A" par la FIAPF, le festival mêle compétition internationale, sections dédiées au cinéma espagnol et latino-américain (Horizontes Latinos, Made in Spain), et un marché professionnel prisé des distributeurs.
Le Prix du Public, très suivi, en fait un baromètre précieux pour les distributeurs français souhaitant mesurer l’accueil en Espagne.
L’édition 2025 prouve que le SSIFF est plus qu’un simple rendez-vous cinéphile : c’est une tribune. Entre ses hommages aux grands noms français et la prise de parole de Juliette Binoche sur la Palestine, le festival montre que l’art et l’engagement peuvent se rejoindre.
Pour le cinéma français, cette présence appuyée —sur scène et à l’écran— confirme le SSIFF comme l’un des carrefours européens où s’écrit une partie de son histoire internationale.
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