Au mois de juin dernier, Madrid accueillait le 5e congrès mondial contre la peine de mort. Une manière pour l'Espagne de s'éloigner de son passé tortueux en la matière, et de s'affirmer véritablement comme un pays abolitionniste, résolument opposé à la peine capitale. Plus de trente ans après la dernière exécution dans le pays, et après des années d'un régime autoritaire ayant abusé de ce type de peine, le sujet continue de mobiliser la société espagnole.
Qu'un tel congrès, qui veut inciter les derniers pays appliquant la peine capitale (dont notamment les Etats Unis, l'Iran, l'Irak, la Chine ou encore l'Inde) à y renoncer, se déroule en Espagne n'est pas anodin. Son histoire a été parsemée de nombreuses exécutions, jusqu'à la position abolitionniste et militante actuelle du pays. Il s'agit donc d'un exemple à suivre selon les associations des droits de l'Homme.
L'Espagne abolitionniste
L'Espagne a aboli la peine de mort pour les crimes de droit commun en 1978. Tel qu'indiqué dans la nouvelle constitution, la peine capitale ne doit dès lors plus être appliquée en temps de paix. Mais c'est en 1995 qu'elle est vraiment interdite, lorsqu'une loi organique vient modifier le code du droit militaire, prohibant ce type de peine, en tout temps.
Petit bémol cependant, la mention de la peine de mort est toujours présente dans la constitution, à l'article 15, et son abolition dans le cadre du droit militaire n'y est pas clairement inscrite. Or, selon Amnesty International, l'interdiction de la peine capitale en temps de guerre devrait avoir la même valeur constitutionnelle que l'abolition pour les crimes de droits communs. Cependant les organisations militantes ne sont pas non plus inquiètes, l'Espagne ayant plus d'une fois rappelé son engagement en faveur de l'abolitionnisme, notamment en adhérant au protocole 13 de la convention européenne des droits de l'Homme, qui prévoit l'interdiction de cette peine en toute circonstance.
L'Espagne et la peine de mort, une sombre histoire
L'Espagne a longtemps fait partie des pays européens qui pratiquaient le plus la peine de mort, en particulier pendant les trois décennies de Franco au pouvoir.
Si le nombre exact d'exécutions pratiquées sous ce régime répressif n'est pas connu, de nombreux historiens avancent le chiffre de 200.000 morts. Au cours de cette période, la plupart des condamnés étaient fusillés, mais la technique du garrot (ou lacet étrangleur), particulièrement barbare, a aussi été employée jusqu'en 1974 (envers l'anarchiste catalan Salvador Puig i Antich, accusé du meurtre d'un membre de la garde civile). La dernière exécution en Espagne remonte à 1975, date à laquelle 5 hommes, dont deux membres de l'organisation basque de l'ETA ont été fusillés. C'est seulement au moment de la transition démocratique que l'abolition de telles pratiques va être inscrite dans le droit; et dans le droit militaire, 15 ans après, suite à une forte pression de la part de l'opinion publique et grâce à une grande campagne d'Amnesty International.
Il n'existe aujourd'hui qu'un condamné espagnol dans le monde, Pablo Ibar, qui attend depuis plus de 20 ans dans les couloirs de la mort de Floride. Depuis 2000, une troisième procédure de jugement a été lancée.
Autour de son cas, de nombreuses associations de soutien se sont créées en Espagne. Des associations qui espèrent bien que les Etats-Unis suivront un jour l'exemple de l'Espagne.
Aujourd'hui : aller de l'avant
Le fait que Madrid accueille un sommet sur le sujet, d'une telle ampleur (réunissant plus de 1.500 participants), témoigne la volonté de dépasser les épisodes douloureux de son passé récent, et d'oublier la vague d'exécution que le pays a connu depuis la guerre civile.
Le congrès visait principalement à offrir des possibilités de discussions entre les politiciens et la société civile, pour initier un processus d'abolition de la peine capitale partout dans le monde. Les nombreuses manifestations qui ont ponctué la rencontre, organisées par des militants espagnols, mais aussi étrangers, ont d'ailleurs été l'occasion de rappeler que la prise de conscience sur le sujet progresse dans tous les pays, indépendamment du type de régime politique ou de l'héritage culturel.
L'Espagne semble aujourd'hui vouloir tourner la page des années Franco, où les exécutions étaient courantes, en jouant un rôle clé au milieu des autres pays abolitionnistes et en permettant au débat sur le sujet d'exister, dans sa société mais aussi au niveau international.
Léa SURUGUE (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 13 novembre 2013
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