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L'Espagne se penche sur son plan de reconstruction économique

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Kate Townsend
Écrit par Perrine Laffon
Publié le 16 juin 2020, mis à jour le 16 juin 2020

Le gouvernement espagnol et les différents partenaires sociaux et économiques ouvrent le débat pour préparer la reconstruction qui relèvera l'Espagne "post Covid".

 

La Commission parlementaire pour la reconstruction sociale et économique a réuni jeudi dernier la ministre du Travail et les représentants syndicaux et patronaux. L'échange de propositions avait pour objectif de dessiner les mesures économiques qui permettront d'accélérer la sortie de l'Espagne de la crise sanitaire du Covid-19. Une crise sans précédent dont l'Espagne sortira fortement fragilisée : l'OCDE prévoit une chute du PIB de minimum 11% cette année, et de 14,4% si un nouveau pic de contagion apparaît d'ici la fin de l'année. Tous les agents ont coïncidé sur l'importance du soutien à l'industrie espagnole.


Réactiver le tourisme

Entreprises comme travailleurs savent que la gifle économique annoncée le FMI, la commission européenne ou l'OCDE entre autres, est inévitable. Cependant, les organisations patronales n'envisagent pas de hausse des impôts, et demandent bien au contraire des exonérations fiscales temporaires pour la reconstruction. Les patrons réclament une réactivation rapide du tourisme avec un traitement de faveur pour les professionnels de ce secteur se traduisant par des mesures différenciées en matière d’emploi, fiscales et financières. Le secteur du tourisme emploie plus de 2,6 millions de personnes en Espagne et représente près de 13% du PIB national. Les patrons des grandes entreprises espagnoles, réunis cette semaine pour le sommet de la patronale CEOE, lancent un appel de détresse au gouvernement. Le président de la compagnie aérienne Iberia a réclamé "des mesures structurelles pour soutenir les secteurs stratégiques du tourisme et de l'aéronautique". Le président de la Confédération espagnole de logements touristiques a insisté sur l'urgence de mesures préférentielles, comme par exemple des réductions fiscales, pour que les professionnels du tourisme puissent affronter la faible demande de cette saison. 


Diversifier l'industrie

De leur côté, les syndicats des travailleurs mettent en avant la stimulation et les aides publiques destinées aux secteurs industriels. Les fermetures récentes de sites comme ceux de Nissan et de Alcoa ont soulevé la nécessité de protéger l'emploi et de fortifier le tissu industriel espagnol. Les représentants syndicaux proposent de développer les capacités industrielles du pays, en diversifiant la structure productive, pour doter l'Espagne d'autres atouts que la traditionnelle image de "soleil et plage". Les groupes s'accordent pour miser sur l'investissement technologique, la digitalisation et l'économie verte. Sur le plan fiscal en revanche, les syndicats présentent une feuille de route opposée aux exonérations demandées par les patrons, et espèrent au contraire que l'Espagne relève sa pression fiscale au moins à la hauteur de la moyenne européenne. 


Lancement de mesures de soutien social

Lors de sa prise de parole à la Commission de reconstruction, la ministre du Travail Yolanda Díaz a annoncé une hausse et une amélioration de la prestation offerte aux chômeurs. Selon les informations avancées, le gouvernement va mettre en place "une protection extraordinaire de caractère immédiat", et va reformuler le système de protection avec un changement du "subsidio del desempleo" (allocation chômage à laquelle accèdent les chômeurs qui ont épuisé leur prestation contributive), en "facilitant les critères d'accès pour qu'il soit accordé à davantage de personnes". Cette nouvelle, annoncée pour soutenir les ménages et la consommation face à la hausse du chômage prévue d'ici la fin de l'année, vient s'ajouter à l'approbation du revenu minimum vital. La mesure votée la semaine dernière permettra à 850.000 familles considérées comme les plus vulnérables du pays de bénéficier d'une aide financière pouvant varier de 461 à 1.015 euros par mois. Ce week-end le président du Parlement européen David Sassoli a vivement félicité la création de ce revenu vital en Espagne, qu'il a qualifié de "clair exemple de ce dont l'Europe a besoin : des réformes structurelles et un soutien direct aux personnes".