La France et l'Espagne ont développé des liens étroits, qui ont donné naissance à différents types de projets et de collaborations entre les deux pays dans différents domaines. Avec plus ou moins de succès.
Top ! La France et l'Espagne ont, de part leur histoire et leur proximité, une excellente relation diplomatique bilatérale, engagée dans même vision de l'Europe. Les deux pays se réunissent régulièrement lors de sommets bilatéraux pour réaffirmer leurs engagements commun en termes de sécurité, d'interconnexions, de lutte contre le terrorisme et de coopérations éducatives et sociales. Depuis le Traité des Pyrénées en 1659, plus de 370 accords, traités ou conventions bilatérales ont été signés entre la France et l'Espagne.
Surtout, depuis les années 80 les principaux différents entre les deux pays ont disparu, que ce soit concernant l’ETA, l’agriculture, la pêche, ou l’entrée de l’Espagne dans la CEE, honnie par Giscard d’Estaing, bénie par Mitterrand. Comme l'a rappelé l'Ambassadeur de France à Madrid Jean-Michel Casa lors de la dernière cérémonie du 14 juillet, "la relation hispano-française dispose de tous les atouts pour s'intensifier et se projeter dans l'avenir".
Top ! Sur le plan économique, les relations entre la France et l'Espagne sont au beau fixe. Les deux pays sont d'excellents partenaires commerciaux, puisque la France est le premier partenaire de l'Espagne, représentant plus de 15% des exportations espagnoles. La France est la première destination européenne des investissements espagnols et 900 entreprises espagnoles sont installées dans l’Hexagone. En Espagne, les entreprises françaises ont quant à elles créé près de 2.000 filiales et font donc de la France l'un des premiers investisseurs du pays. Elles emploient d’ailleurs près de 300.000 personnes dans tous les domaines, de la grande distribution (Carrefour, Décathlon, Leroy Merlin ...), de l'automobile (Renault, Peugeot, Citroën, Michelin) ou encore des télécommunications (Orange). L’Espagne est enfin le 4e client de la France et son 6e fournisseur. Le volume des échanges (avant la pandémie) entre les deux pays s'élève à 66,2 milliards d'euros.
Top ! Dans le champ du tourisme, la relation entre les deux pays est également forte. Les Français viennent passer leurs vacances en Espagne depuis de très nombreuses années, si bien qu'ils représentent l'une des principales nationalités de touristes en en Espagne chaque année, avec 11,15 millions de visiteurs français enregistrés en 2019. En 2020, avec la crise du Covid, les Français ont même été les plus nombreux à visiter le pays, passant devant les Anglais et les Allemands. Ils étaient 7 millions d'Espagnols à croiser les Pyrénées dans l'autre sens et la France est la première destination étrangère que choisissent les Espagnols pour passer leurs vacances.
Et top encore : l'une des dernières coopérations binationales entre la France et l'Espagne concerne directement les expatriés (des deux pays) installés de l'autre côté de la frontière : la double nationalité franco espagnole sera bientôt enfin une réalité ! S'il remplit les conditions nécessaires, tout ressortissant de l'un des deux pays peut officiellement demander la nationalité du pays d'accueil tout en conservant sa nationalité d'origine. https://lepetitjournal.com/madrid/communaute/quel-est-linteret-de-demander-la-double-nationalite-franco-espagnole-296747
La coopération hispano française s'est également matérialisée à travers divers projets de coopération transfrontalière, à l'image de l'hôpital transfrontalier de Cerdagne Puigcerdá, offrant des soins à des populations tants françaises qu'espagnoles, top donc. À noter aussi les projets aboutis dans les domaines de l'énergie et des transports, avec par exemple l'interconnexion électrique souterraine qui a permis de dupliquer la capacité d'échange énergétique entre les deux pays, l'accord destiné à promouvoir les espaces photovoltaïques, ainsi que les accords de proximité transfrontaliers pour le transport routier et ferroviaire. Moins top, si ces projets d'envergure représentent des avancées importantes, leur mise en place est souvent différée, perturbée ou reportée, comme ce fût le cas par exemple pour la ligne de TGV transfrontalière. Les priorités espagnoles et françaises ne sont pas toujours au diapason sur ces questions. De par sa situation péninsulaire, l'Espagne, qui dépend à bien des égards du volume de ces interconnexions, ne trouves pas forcément oreille à ses requêtes côté français.
Tout n’est donc pas forcément rose entre le pays de Molière et celui de Cervantès. Flop, par exemple, l'image de l'Espagne en France, souvent déformée par des clichés à la dent dure. Que ce soit dans leurs habitudes quotidiennes (la sieste, les horaires), ou dans des aspects plus institutionnels (gestion de la crise économique, ou du Covid-19), les Espagnols sont souvent dépeints à tort comme une population plus laxiste, moins stressée et bien moins organisée. Une étude menée par Diálogo en 2013 sur le langage utilisé dans la presse française concernant l'actualité espagnole réveáit que les deux thématiques les plus récurrentes utilisées au cours des mois précédents avaient été la "crise", dans 60% des cas et la "victoire", dans 30% des contenus. L’image des Français quant à elle s’est nettement améliorée au sud des Pyrénées, comme l’illustre à cet égard les études portant sur la question, réalisées par la même association d’amitié franco-espagnole.
Flop aussi la compréhension par les Espagnols de l'humour à la française ? Ce fut le cas lorsque les Guignols de l'info français s'en sont pris à plusieurs reprises aux compétences des sportifs espagnols, en les accusant de dopage. Des satires qui n'ont pas du tout fait rire les Espagnols et qui se sont rapidement transformés en affaire d'Etat. À l'époque, le ministre de l'Education, de la Culture et des Sports, José Ignacio Wert, avait déclaré : "Ce sont des attaques xénophobes, intolérables, de ceux qui ne gagnent jamais... Avec autant d'années de frustration à leur actif, sans remporter ni leur Roland Garros, ni leur Tour de France, il fallait bien que les Français trouvent un bouc émissaire". Soraya Sáenz de Santamaría, vice-présidente et porte-parole du gouvernement, de renchérir, déclarant : "Nous n'allons pas permettre la mise en cause de ceux qui représentent le mieux la 'marque Espagne'. Nous défendrons l'authenticité des victoires du sport espagnol". L'Ambassadeur de France en Espagne avait dû intervenir pour baisser la tension, "Son unos tontos" avait-il déclaré à propos des Guignols.
De fait, sur les dernières années, les deux pays se sont particulièrement opposés sur les terrains sportifs, avec des rencontres importantes entre la France et l'Espagne au basket, au volleyball et au football. Top ou flop, ce sont les supporters qui décideront... Pour mémoire, lors de la dernière rencontre de ballon rond qui a opposé la France à l'Espagne, un match amical s'étant déroulé en mars 2017, ce sont les coéquipiers de Piqué et Ramos réunis qui l'ont emporté sur le score de 2 à 0...