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La Casa de Papel: raisons d'un succès en Espagne et à l'international

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Écrit par Camille Guil
Publié le 8 mai 2018, mis à jour le 18 février 2021

Le professeur, Denver, Berlin, Tokyo... Ces noms vous parlent si vous avez suivi la série événement La Casa de Papel. Diffusée en premier sur une chaîne espagnole, elle a pris une dimension internationale lorsqu'elle est entrée dans le catalogue du géant Netflix. Décryptage d'un succès.

 

Le pitch ? La Casa de Papel suit le périlleux casse de la Fabrique Nationale de la monnaie et du timbre de Madrid par une bande de braqueurs. Leur but ? Fabriquer leur propre monnaie mais surtout ne pas verser une goutte de sang : plus de 2,4 milliards d'euros sont en jeu. Aux commandes, un leader charismatique surdoué surnommé "Le professeur", qui gère la mission à distance. À son service, huit malfaiteurs lourdement armés, tous recherchés par la justice –et qui n'ont, en fin de compte, plus rien à perdre. Sous leur joug, 67 otages condamnés à être coopératifs pour garder la vie sauve. Si le scénario n'a pas l'air d'une grande originalité à première vue, la série a tout de même captivé des millions de téléspectateurs dans le monde.  

 


Enfin une série espagnole à succès !

 

Cette série espagnole réalisée par Alex Pina a été diffusée dans un premier temps, entre mai et novembre 2017, sur la chaîne espagnole Antena 3. Elle a ensuite été reprise par le géant du streaming Netflix qui a flairé le succès. En France et dans le reste du monde, la première saison, recalibrée en 13 épisodes, a été diffusée le 20 décembre sur la plateforme, puis la saison deux le 2 avril 2018.
Si aujourd'hui la série fait le buzz, personne ne l'avait vu venir : lors de son lancement sur Netflix, il n'y a eu que très peu de communication, pas de bande annonce officielle sur Youtube, pas de publicité dans les transports, et pourtant elle est devenue l'une des séries les plus regardées ! Si Netflix ne dévoile aucun chiffre, l'application mobile TV Time a dévoilé que la fiction avait réussi l'exploit d'être le programme le plus "binge watché" pendant six semaines consécutives en février (le record, détenu par la série Game of Thrones est de 10 semaines). La série est revenue à la tête du classement avec la diffusion de la saison deux en avril. C'est une réussite incontestée pour l'Espagne, car même si elle s'est fait un nom au cinéma, on ne peut pas en dire autant des séries, le dernier succès à avoir traversé les Pyrénnées étant "Un Dos Tres".

 


Un succès quasi unanime

 

Qu'on aime ou pas La Casa de Papel, une chose est sûre c'est qu'elle fait parler ! Les réactions dans la presse encensent la série mais notent tout de même quelques petits défauts.

Ainsi, le Huffington Post note une "mise en scène soignée, une photographie de qualité, une ambiance réussie" ainsi que des acteurs qui "livrent une performance très juste". Mais il ajoute que le "scénario de commettre un braquage sans bavure qui va déraper ne date pas d'hier, la série espagnole ne saisit pas l'opportunité pour révolutionner le modèle".

Le magazine Le Point qualifie la série de "pépite espagnole" qui est portée par de très bons acteurs dont Pedro Alonso (Berlin) et Úrsula Corberó (Tokyo).

"Cousine d'Ocean's Eleven aux airs de Prison Break à l'envers" selon Télérama, "La Casa de Papel repose sur se point de départ simple et efficace". Mais "le Professeur, génial marionnettiste, semble avoir tout prévu, même les situations les plus improbables. Et c’est justement ce qui arrive : plus on avance, moins La Casa de papel est crédible", estime la revue.

Enfin, pour Téléstar : "avec ses petits airs à la Tarentino (en raison des nombreuses références au film Reservoir dogs), mâtiné d'une touche d'Ocean's Eleven, ce thriller venu d'Espagne est absolument brillant"  

"Son succès a été récompensé sous forme de prix. Il a remporté le trophée de la meilleure réalisation au Festival MiM Series cette année; le prix du meilleur scénario aux prix IRIS et du meilleur réalisateur et de la meilleure fiction pour la critique dans le Festival de la Télévision et Radio Vitoria 2017. Mais il a aussi reçu cinq nominations au Feroz Prix et vient de rafler ceux de l'édition XXVII les Prix de l'Union des Acteurs, auxquels concourent cinq interprètes (Álvaro Morte, Úrsula Corberó, Alba Flores, Pedro Alonso et Jaime Lorente) dans quatre catégories", rapporte pour sa part le quotidien espagnol ABC qui qualifie le programme de "meilleure série espagnole de l'histoire".

 


Une invitation à la rébellion ?

 

Interwivé dans les colonnes du journal le Monde, l'auteur du blog "Le monde des Séries" et enseignant à l'ESJ Lilles, Pierre Sérisier, qualifie la Casa de Papel "d'allégorie de la rébellion". Selon lui, le thème de la rébellion construit le scénario : les braqueurs s'enferment dans la Fabrique de la monnaie, aidés par le Professeur qui veut remettre en cause le fonctionnement du système économique et financier. Plusieurs éléments de la série mettent en avant cet idéal, comme l'utilisation récurrente de la chanson révolutionnaire italienne "Bella Ciao", les tenues portées par les braqueurs qui rappellent la prison de Guantanamo aux Etats Unis, leurs masques qui font penser aux Anonymous et enfin le visage de Salvador Dalí, briseur de codes par excellence. Selon lui "le succès de La Casa de papel tient peut-être au fait que la série prend en charge le présent et propose une utopie : une utopie de l’action tout d’abord, où les personnages ne sont pas écrasés par le poids de la société et réduits à l’impuissance", rapporte Le Monde.

En Turquie, c'est allé encore plus loin. Comme le révèle Courrier International, la série est l'un des programmes les plus regardés dans le pays : en février, 12 millions de Turcs avaient déjà suivi les péripéties des braqueurs. C'est devenu un véritable phénomène dans le pays si bien que dans la ville de Samsun, près de la mer noire, un café a été baptisé "Le cafe de papel" et ses employés y travaillent avec l'uniforme et le masque de Dalí !
Netflix a même tourné une bande annonce spécialement pour la Turquie, dans laquelle des personnages déguisés déambulent dans les rues d'Istanbul. Cette vidéo a suscité de nombreuses réactions puisque la série a été accusée d'appeler à la révolte et au terrorisme par le gouvernement.

 

Le Saviez-vous ? Version La Casa de Papel


 
-La facade de la Fabrique Nationale de la Monnaie et du Timbre est en réalité celle du Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique de Madrid ! "C’est un bâtiment où des centaines de scientifiques travaillent tous les jours et nous ne pouvions pas les déranger avec notre tournage", a expliqué le réalisateur Alex Pina. "Nous devions attendre la nuit et le dimanche pour réaliser nos enregistrements".

- La production n'a eu que quatre mois, de janvier à avril 2017, pour tourner et monter les premiers épisodes, mais il a fallu plus de trois mois et une quarantaine de professionnels pour construire les décors de l'intérieur de la Fabrique.
 
- Le titre original de la série n'était pas la Casa de Papel, mais "Los desahuciados" (les condamnés), en référence à l'origine des personnages.

- L'utilisation de la couleur rouge n'est pas anodine. Elle est utilisée pour les costumes mais aussi pour tous les éléments importants comme les papiers qu'utilise le professeur pour faire des origamis ou les téléphones...

- Les noms des personnages ont changé : si Tokyo, Berlin et Rio existaient depuis le début, Oslo, Moscou et Nairobi devaient s'appeler Valence, Tchernobyl et Cameroun à l'origine.

- L'impression de billets. Lors des scènes d'impression de billets, ils ont utilisé les installations du journal ABC, les billets étaient imprimés sur du papier journal.

- Le personnage de Tokyo a été inspiré de celui de Mathilda, le personnage qu'interprète Nathalie Portman dans Léon, le film de Luc Besson.