La plateforme proposant des films et des séries en flux continu sur internet a annoncé son implantation en Espagne pour octobre 2015, près d'un an après son arrivée en France. Dans un pays où le téléchargement illégal est ancré dans les m?urs, Netflix se confronte à un défi de taille.
En 2011, 77,3% des contenus digitaux consommés étaient piratés en Espagne, rapporte El Publico. Un chiffre qui place le pays parmi les plus gros consommateurs de produits culturels illégaux en Europe. A titre de comparaison, le site français Next INpact, spécialisé en informatique et nouvelles technologies, rapporte qu'en 2014 ce sont 28,7% des internautes français qui s'adonnaient au piratage. C'est en ce sens que l'arrivée de Netflix dans la péninsule ibérique pose question, puisqu'il s'attaque à un pays dont une grande partie des habitants a l'habitude de télécharger. A cet obstacle, Reed Hastings, président de Netflix interviewé par El Mundo, se montre très confiant : "Vous pouvez appeler cela un problème, mais ce qui est certain c'est que le public espagnol est habitué à voir des contenus sur Internet. Et Netflix offre une alternative beaucoup plus logique et immédiate que de chercher un torrent". Une alternative certes, mais la question du prix de l'abonnement mensuel est encore en suspens. En France, il a été fixé autour de 8? par mois, tout comme au Royaume-Uni et d'autres pays européens. Le président de Netflix ne s'est pas prononcé clairement à ce sujet, en indiquant seulement que "le prix définitif n'est pas fixé, mais il est possible de s'en faire une idée en regardant les prix des autres pays européens". Décidé à combattre son premier concurrent, le piratage, Netflix détermine cependant ses prix en fonction du taux de téléchargement illégal local, comme le rappelle le quotidien Cinco Dias.
La légalité attire également
La Vanguardia rapporte que jusqu'ici, l'arrivée de Netflix en Espagne a été retardée tout d'abord à cause des hauts indices de piraterie sur le territoire, mais aussi aux prix élevés accordés aux droits d'auteur dans le marché audiovisuel espagnol. La nouveauté soulignée par le quotidien catalan concerne particulièrement le changement des habitudes espagnoles. Depuis 2009, les bénéfices ont augmenté de 78,5% et sont passés à 22,2 millions d'euros. Ceci est notamment dû à l'adoption de la loi Sinde en 2011, homologue de la française Hadopi. De quoi souhaiter une arrivée réussie à Netflix sur le territoire espagnol.
| A relire : PIERRE LESCURE - "L'exception culturelle, à l'ère du numérique, n'est pas un enjeu franco-français : c'est un défi européen" Invité par la SGAE en partenariat avec l'Ambassade de France en Espagne, Pierre Lescure, auteur du rapport "Acte II de l'exception culturelle : contribution aux politiques culturelles à l'ère du numérique", était dans la capitale espagnole pour décrypter les propositions avancées dans son mémoire. Surtout, le fondateur de Canal + a mis en relief la nécessité de promouvoir une véritable politique culturelle européenne, adaptée à la nouvelle donne technologique. |
Alexia RICARD (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Lundi 8 juin 2014
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