L’Espagne a enregistré un total de 176.063 plaintes concernant des disparitions de personnes depuis 2010. Parmi elles, 12.330 étaient toujours active au 31 décembre 2018, soit 7% du total selon le rapport 2019 "Personnes disparues en Espagne". Samedi 9 mars était en Espagne la journée nationale des personnes disparues, une date fixée en mémoire de Cristina Bergua, une jeune fille de 11 ans disparue le 9 mars 1997, à Cornellà de Llobregat, en Catalogne.
L’enquête réalisée par le Centre national des disparus du secrétaire d’État à la Sécurité a été présentée lundi 4 mars par le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, en collaboration avec la secrétaire d’État à la Sécurité, chargé de piloter les données. Ces chiffres sont tirés de la base de données de personnes disparues et de reste humains non identifiés (PDyRH) et du Système statistique de la criminalité (SEC). 66% correspondent à des plaintes de disparitions de mineurs. En 2018, 29.740 cas de disparition ont été recensés en Espagne. En comparaison, en France, d'après le Ministère de l'Intérieur, plus de 40.000 personnes disparaissent chaque année. Plus de 30.000 sont retrouvées et il reste environ 10.000 disparitions non élucidées, classées inquiétantes, chaque année.
Journée des personnes disparue pour ne pas oublier
Le samedi 9 mars, a été célébrée en Espagne la Journée des personnes disparues sans raison apparente. A cette occasion, la Fondation QSDglobal a organisé une journée de protestation et de reconnaissance afin de ne pas oublier et d’apporter un soutien aux familles des disparus. "Vous n'imaginez pas ce que les familles doivent endurer", a déclaré à cette occasion José Antonio Meneses, fils de Francisca Cadenas, disparue dans les Baléares en 2017. "De la rage, au sentiment d'impuissance, en passant par l'agressivité, la nostalgie, la mélancolie, la colère et une quantité infinie d'assauts émotionnels qui va en augmentant avec les jours, et sont à l'origine d'une souffrance difficile d'éviter".
En lançant cette journée nationale, le Congrès avait voulu attirer l'attention sur un problème grave : "Nous, députés, sommes conscients que la douleur, l'angoisse et l'incertitude des proches des personnes disparues exigent notre solidarité, un soutien efficace et la diffusion sociale de ce problème", avait déclaré le Président du Parlement de l'époque, José Bono. Les associations de victimes continuent néanmoins à se plaindre du peu d'attention qu'elles reçoivent dans leurs requêtes, souvent liées à la réouverture des cas non résolus.
Dans le cadre de la journée qui était dédiée à cette cause, la Fondation européenne pour les personnes disparues QSD Global a remis les prix aux lauréats de la 4e édition du 9 mars pour les disparus. L'initiative "Marea de Buena gente" a ainsi été récompensée, un programme visant à aider à surmonter la perte d'un enfant récompensé par le prix "Meilleur travail bénévole, action sociale et protection civile". Cette initiative est menée par Patricia Ramirez et Angel Cruz, parents du petit Gabriel, assassiné en février 2018 dans la province d'Almeria, et dont le cas a traumatisé toute l'Espagne. En outre, le Parlement des îles Baléares a remporté le prix de la "Meilleure action institutionnelle", pour l'adoption d'une proposition qui comprend des mesures de prise en charge psychologique et juridique des familles de personnes disparues.
Des disparitions qui ont touché toute l'Espagne
Certaines sont élucidées, d'autres restent sans réponse. Dans plusieurs cas, la sphère médiatique s'est emparée des cas les plus choquants, et à réussi à tenir tout le pays en haleine, parfois jusqu'au dénouement tragique. Mais le plus souvent les disparitions restent confinées dans le silence. Et toujours, pour les proches, c'est la même souffrance. Voici quelques cas qui ont été particulièrement célèbres ces dernières années.
Cristina Bergua. Il y a 22 ans, le 9 mars 1997, Cristina Bergua, jeune fille de Cornellá, dispaissait. Elle avait 16 ans et en aurait aujourd’hui 38. La jeune-fille a disparu l'après-midi où elle allait rejoindre son petit ami pour le quitter, comme elle l'avait dit à ses amis les plus proches. Il a été la dernière personne à la voir vivante et il a dit qu'il lui avait fait ses adieux sur le chemin d'Espluges de Cornellá. Bien qu'il soit le principal suspect, il n'a jamais été imputé par l'affaire. 22 ans plus tard le corps de Christina Bergua n’a jamais été retrouvé.
Marta de Castillo. Disparue le 24 janvier 2009 son cas a choqué tout le pays. Son assassin, Miguel Carcaño, son petit ami, a avoué le crime mais sa dépouille, dix ans après son assassinat, n'a toujours pas été retrouvée. Pour le crime, Carcaño est toujours incarcéré, condamné à 20 ans de prison.
Diana Quer. C'est l'un des cas de disparition les plus médiatiques en Espagne. La jeune Diana Quer a disparu sans laisser de traces le 22 août 2016, alors qu'elle rentrait chez sa mère après les fêtes d'A Pobra, en Galice, où elle avait passé la nuit. Seize mois, presque 500 jours de recherches et d'incertitudes ont pris fin le 29 décembre avec l'arrestation de José Enrique Abuín Gey, alias "El Chicle", qui a avoué être responsable de sa mort. Le dernier jour de l'année 2017, la Garde civile a retiré le corps de la jeune femme d'un puits d'eau dans une usine désaffectée de la paroisse d'Asados.
Manuela Chavero. Elle a disparu à Monesterio le même été que Diane Quer, mais son cas n’était pas aussi médiatique. Deux ans et demi après (le 9 janvier 2019) un nouveau dispositif a tenté de localiser d'éventuels indices ou vestiges contribuant aux recherches en cours de développement par l'unité opérationnelle centrale (UCO) et le commandement de la Garde civile de Badajoz. Pour l’instant aucun résultat n’a été communiqué.
Francisca Cadenas. La famille de Francisca Cadenas, qui a disparu le 9 mai 2017 dans la ville de Hornacho, dans les Îles Baléares, a déclaré en janvier 2019 qu'elle "continuera de travailler" pour que l'enquête "ne tombe pas dans l'oubli" et que l'affaire soit résolue "dans les meilleurs délais".
Gabriel Cruz. Le corps du garçon, âgé de huit ans, avait été retrouvé par la garde civile, le dimanche 11 mars 2018, douze jours après sa disparition dans le village de Las Hortichuelas, à Almería. La compagne du père, Ana Julia Quezada, a été arrêtée alors qu'elle portait le corps dans le coffre de la voiture. Son procès est en cours.