Le Congrès des députés espagnol a approuvé ce jeudi le projet de loi mettant fin aux "golden visas", ces permis de résidence accordés à des étrangers non européens en échange d’investissements significatifs. À partir de 2025, il ne sera plus possible d’obtenir un visa de résidence via l’achat d’un bien immobilier d’au moins 500.000 euros ou via d’autres placements financiers. Cette mesure, annoncée en avril par le président Pedro Sánchez, vise à freiner la spéculation immobilière et à répondre à la crise du logement dans les grandes villes.
C’est la fin d’un système qui aura marqué une décennie. Dès 2025, les étrangers fortunés ne pourront plus obtenir un permis de résidence en Espagne en échange d’un investissement de 500.000 euros dans l’immobilier. Le gouvernement entend ainsi mettre un frein à une spéculation galopante qui aggrave la crise du logement dans le pays.
Ce jeudi, le Congrès des députés a approuvé le projet de loi mettant fin aux “golden visas”, introduits sous le gouvernement de Mariano Rajoy en 2013. Le texte, intégré à une réforme sur l’efficacité des services publics de justice, doit encore être validé par le Sénat. Une période transitoire est prévue pour traiter les demandes soumises avant l’entrée en vigueur de la loi. De quoi favoriser une accélération des demandes.
L’Espagne ferme la porte aux investisseurs étrangers en 2025
Depuis leur introduction en 2013 sous le gouvernement de Mariano Rajoy, les golden visas auraient permis à plus de 14.500 investisseurs étrangers d’obtenir une carte de résidence en Espagne. Ces visas n’étaient pas limités à l’achat de biens immobiliers de plus de 500.000 euros : ils pouvaient aussi être obtenus en investissant 2 millions d’euros dans la dette publique espagnole, 1 million d’euros en actions d’entreprises espagnoles, ou encore via des dépôts bancaires ou des fonds d’investissement en Espagne. La nouvelle mesure abroge tous ces dispositifs, en supprimant les articles 63 à 67 de la loi de soutien aux entrepreneurs de 2013.
Pour éviter une rupture brutale, la loi prévoit une période transitoire pour traiter les demandes de golden visas déposées avant son entrée en vigueur en 2025. Toutefois, aucun nouveau permis ne pourra être accordé après cette date.
Immobilier : les golden visas accusés de pousser les prix à la hausse
Les golden visas ont suscité de nombreuses critiques ces dernières années, en raison de leur impact sur le marché immobilier local. Entre 2018 et 2022, les investisseurs étrangers ont injecté environ 4,8 milliards d’euros dans l’immobilier espagnol, accentuant la pression sur les prix dans des zones déjà très convoitées.
Les principaux bénéficiaires de ces visas proviennent de Chine (1.302), de Russie (521), d’Iran (124) et du Royaume-Uni (123). Les investissements se concentrent surtout à Barcelone, Madrid, Malaga, Alicante, Valencia et dans les îles Baléares, qui regroupent 90 % des autorisations délivrées. À titre d’exemple, ces transactions représentent 7,1 % des ventes immobilières à Marbella, 5,3 % à Barcelone, et jusqu’à 10 % dans certaines communes des Baléares.
94 % des golden visas sont liés à l’investissement immobilier selon Pedro Sánchez
Un frein à la crise du logement ?
Selon Pedro Sánchez, “94 % des golden visas sont liés à l’investissement immobilier”. Des achats qui auraient contribué à une hausse des prix, compliquant l’accès au logement pour les résidents locaux. La ministre du Logement, Isabel Rodríguez, a aussi dénoncé les effets de cette spéculation, affirmant qu’elle “tend le marché, augmente les prix des logements et favorise la gentrification”. Elle a par ailleurs souligné que l’achat de biens immobiliers par des étrangers avait fortement augmenté fin 2023, accentuant encore la pression sur le marché.
En mettant fin aux golden visas, le gouvernement espagnol cherche à rééquilibrer son marché immobilier et à améliorer l’accès au logement dans les grandes villes. L’Espagne emboîte ainsi le pas à d’autres pays européens, comme le Portugal et l’Irlande, qui ont déjà limité ou supprimé des dispositifs similaires ces dernières années. Mais cette mesure sera-t-elle suffisante pour résoudre la crise du logement ?