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Le changement climatique a déjà un impact sur le tourisme en Espagne

C'est ce que révèle une intéressante étude de CaixaBank Research qui montre que les touristes dépensent moins là où il fait plus chaud. Les zones les plus favorisées sont celles dont la température moyenne estivale est de 20ºC.

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Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 26 janvier 2024, mis à jour le 19 août 2024

L'été dernier, les températures ont atteint un niveau record dans la série historique, tout comme les dépenses touristiques des visiteurs en Espagne. Mais avec certaines différences entre les zones en fonction de leurs températures, ce qui met en garde contre l'impact que le changement climatique a déjà sur le secteur du tourisme.

 

 

Plus il fait chaud moins on consomme

C'est ce que montre le rapport de CaixaBank Research "L'impact du changement climatique sur le tourisme en Espagne: analyse et perspectives", publié fin janvier 2024, basé sur des données anonymes de paiements par carte bancaire dans tous les points de vente de CaixaBank. Il révèle que les dépenses touristiques ont presque doublé par rapport à 2019 dans les zones qui ont enregistré des températures moyennes allant jusqu'à 21 degrés, soit dix points de plus que les zones où les températures sont caniculaires. En d'autres termes, plus il fait chaud, moins les touristes ont envie de dépenser et la composition des dépenses est également différente. Ces zones ne reçoivent pas autant de nouveaux touristes et, en outre, il s'agit de visiteurs qui ne peuvent pas sortir toute la journée en raison des températures élevées.

 

 

+42% de dépenses touristiques où il fait frais

En revanche, le rapport indique que la croissance des dépenses touristiques est plus forte dans les zones au climat plus doux. Ainsi, les dépenses touristiques ont augmenté de près de 42% dans les endroits où la température moyenne n'a pas atteint 21 degrés entre juillet et août 2019 par rapport aux mêmes mois en 2023, soit dix points de plus que dans les villes où les températures sont supérieures à cette fourchette.

 

frais touristique par frange horaire en espagne
Frais touristique en Espagne par frange horaire /CaixaBank Research

 

Plus en détail, l'étude révèle que là où les dépenses ont le plus augmenté l'été dernier, c'est dans les zones où la température moyenne était comprise entre 15 et 17 degrés (46,5% de plus qu'en 2019), tandis qu'elles ont le moins augmenté dans les zones où la température moyenne était supérieure à 25 degrés (26%).

 

 

Quelles dépenses selon les horaires ?

Par ailleurs, les dépenses entre 12 heures et 17 heures -les heures les plus chaudes- sont nettement réduites, et augmentent le plus à partir de 22 heures. Mais dans l'ensemble, on consomme moins. Le rapport précise que les jours les plus chauds, on dépense 0,12% de moins pour chaque degré d'augmentation de la température par rapport à la moyenne. 

 

Evolution des depenses touristiques en Espagne 2019-2023
Evolution des dépenses touristiques en Espagne 2019-2023/CaixaBank Research 

 

La CE alerte sur le risque climatique pour le tourisme en Espagne

L'étude "Regional impact of climate change on European tourism demand" du Centre commun de recherche (CCR) de la Commission Européenne, publiée en juillet 2023, fournit des estimations concernant la vulnérabilité du tourisme au changement climatique dans les différentes régions européennes. Or, l'Espagne compte plusieurs régions parmi celles considérées comme les plus vulnérables à des scénarios climatiques défavorables. Selon ces estimations, dans un scénario extrême prévoyant une hausse des températures de quatre degrés, la région de Murcie et les îles Baléares, par exemple, verraient les arrivées de touristes chuter de plus de 5% sur l'ensemble de l'année.

 

scenarios du tourisme en Europe avec vague de chaleur
Scénarios du tourisme en Europe avec vague de chaleur/joint research centre comision europea

 

Les projections du CCR pour l'Espagne sont particulièrement sévères pour la haute saison. Sur l'ensemble de l'année, dans les scénarios d'une hausse des températures de trois et quatre degrés, on observerait une baisse de la demande touristique de 1,6% et 3,1% respectivement (cette estimation intègre une augmentation de la demande touristique entre octobre et mai). En revanche, pour les mois de juillet et août, le CCR prévoit une baisse de la demande touristique de près de 10% dans le scénario à trois degrés et de plus de 15% dans le scénario à quatre degrés.

 

 

Moins dépendre du soleil

Au vu de ces chiffres, les auteurs appellent les zones côtières de l'est et du sud de la péninsule à développer une politique touristique moins dépendante du soleil et du sable afin de réduire l'impact des vagues de chaleur. À titre d'exemples concrets, ils proposent d'intensifier les activités nautiques pendant les heures les plus chaudes de la journée, d'améliorer les installations d'ombrage et de développer des événements en soirée pour atténuer les effets de la chaleur sur leurs économies.

Pour les zones rurales, le rapport propose de promouvoir les activités naturelles tôt le matin ou le soir, et de diversifier l'offre touristique en incluant davantage d'options à l'intérieur des terres, "ce qui pourrait contribuer à maintenir l'intérêt et les dépenses des touristes".

 

La zone côtière du nord de la péninsule est l'une des principales bénéficiaires de cette situation, car ses températures estivales douces (18-20 degrés en moyenne) favorisent l'arrivée d'un plus grand nombre de visiteurs fuyant la chaleur d'autres régions d'Espagne historiquement plus touristiques.

 

 

Davantage de touristes à d'autres moments de l'année

L'une des rares conséquences positives de la hausse des températures est la désaisonnalisation du tourisme. L'étude de CaixaBank Research analyse comment la désaisonnalisation de la demande se développe parce que le nombre de touristes et leurs dépenses augmentent proportionnellement plus pendant les mois en dehors de l'été, traditionnellement la haute saison.

 

Ainsi, les données indiquent que l'année dernière, le taux de croissance du tourisme a été cinq fois plus élevé aux deuxième et quatrième trimestres qu'au troisième (mois d'été). Cette tendance se poursuivra pour plusieurs raisons. D'une part, en raison de l'augmentation de la population qui dispose de plus de flexibilité parce qu'elle n'a pas d'enfants en âge scolaire (en raison du faible taux de natalité) et, d'autre part, parce que certains travailleurs peuvent prendre des vacances hors saison grâce au télétravail et à des dynamiques de travail plus flexibles.

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