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En Espagne, la crise sanitaire laisse place à la crise politique

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Le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, durant la session de contrôle au Congrès des députés / DR Congreso de los diputados
Écrit par Perrine Laffon
Publié le 31 mai 2020, mis à jour le 31 mai 2020

Les émotions liées au confinement passées, les Espagnols sont partagés entre l'envie pressante de revivre et un désolant paysage économique. S'ouvre maintenant une nouvelle étape d'analyse et de critiques. 

 

Dans la grande majorité des pays européens, les groupes politiques se sont efforcés de mettre de côté leurs crispations et conflits le temps d'une trêve afin de prendre les décisions nécessaires pour affronter cette crise sanitaire unique. L'Espagne a dérogé à la règle, théâtre de multiples polémiques et tensions improductives entre le gouvernement et l'opposition. Les tribunaux espagnols ont déjà reçu plusieurs plaintes contre le gouvernement de Pedro Sánchez pour la gestion de la pandémie. Le tribunal suprême est sollicité et l'opposition réclame la démission du ministre de l'Intérieur, lui-même responsable du licenciement du chef des forces de l'ordre militaires


À qui la faute ?

Les tribunaux ont reçu des réclamations provenant de divers collectifs ou particuliers qui reprochent essentiellement aux autorités espagnoles les décisions prises au début de l'épidémie, le manque de matériel médical et le plan de sortie du confinement. Dans le haut de liste des personnes visées par les plaintes déposées se trouvent le ministre de la Santé Salvador Illa et le ministre de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska. Plusieurs plateformes de personnes affectées par la pandémie les accusent d'une "mauvaise gestion et un manque de transparence qui ont favorisé la propagation du virus". 

Une plainte collective a également été déposée par près de 3.300 personnes ayant perdu un proche durant la crise épidémique. Onze avocats ont adressé une plainte au Tribunal Suprême espagnol pour homicide involontaire à l'encontre du Président du gouvernement Pedro Sánchez et de vingt-deux autres membres du Conseil des ministres. Les familles des victimes dénoncent "l'inaction, l'irresponsable négligence, et des agissements tardifs ou néfastes dans la gestion de la pandémie du nouveau coronavirus" de la part du gouvernement.


Le cas 8-M

Les magistrats n'ont pas encore décidé de traiter ou de classer les plaintes. Seule une enquête a déjà été ouverte contre le délégué du gouvernement à Madrid, José Manuel Franco, pour avoir autorisé d'importantes manifestations dans toute l'Espagne le 8 mars à l'occasion de la Journée de la femme notamment. Soulignant l'instabilité régnante, l'affaire a fait exploser le monde politique espagnol, déjà bien divisé lors de cette gestion de crise. 

L'investigation a engendré le licenciement du chef de la Guardia Civil de Madrid par le ministre de l'Intérieur et la démission du directeur adjoint des opérations. En cause, un rapport rédigé par la Guardia Civil sur l'autorisation de grands rassemblements à Madrid début mars malgré les risques de contagion, culpabilisant le gouvernement et désignant directement Fernando Simon, le responsable des alertes sanitaires. Ce dernier a assuré en conférence de presse que si les rassemblements du 8-M ont eu un effet sur la pandémie, "il fût très marginal". Tandis que l’opposition a vivement reproché à l’Intérieur l’étêtage de la Guardia Civil, les tribunaux ont finalement décidé de concentrer l'enquête sur les décisions prises par le responsable du gouvernement à Madrid José Manuel Franco.

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