Entre les formalités légales et le fait que les élections du 23 juillet dernier n'ont pas permis d'obtenir une majorité claire, le calendrier pour former un nouveau gouvernement en Espagne sera long et pavé de négociations.
La présidente du Congrès des députés, Francina Armengol, a fixé la session d'investiture d'Alberto Núñez Feijóo aux 26 et 27 septembre. Rappelons que le candidat du PP est celui qui a obtenu le plus de voix aux élections du 23 juillet dernier, mais qu'il apparait pourtant comme le grand perdant. En effet, ses possibilités de devenir chef du gouvernement sont minimes puisqu'il n'a pas les appuis nécessaires – il lui manque 4 députés- pour arriver à la majorité des 176 voix (137 voix du PP, 33 de Vox, 1 de UPN et 1 de Coalicion Canaria).
Paradoxalement, le candidat du PP a gagné les élections du 23 juillet, mais il apparait comme le grand perdant
Feijoo veut du temps pour négocier
La date choisie du 26 et 27 septembre répond à plusieurs objectifs. Tout d'abord, c'était une demande du PP qui voulait un peu plus de temps pour négocier, sans la précipitation d'une session fin aout, comme il en avait été question. Cela satisfait donc le candidat Feijóo, qui a déclaré qu'il souhaitait se réunir avec tous les groupes parlementaires (à l'exception du parti basque Bildu proche d'ETA). Il montre aussi qu'il n'accepte pas cette démarche comme une simple formalité, malgré le fait que son élection est plus qu'improbable.
Pas de nouvelles élections à Noël!
Le deuxième objectif atteint avec cette date est d'éviter le risque d'une nouvelle élection en pleine période de Noël. Avec la date choisie, et en appliquant les mécanismes qui régissent la loi électorale, le premier vote aura lieu le 27 septembre et le délai de deux mois commencera à courir. En effet, si Feijóo n'est pas investi (ce qui est pratiquement certain), Pedro Sánchez aura jusqu'au 27 novembre pour obtenir une majorité alternative (121 députés du PSOE, 31 de Sumar, 7 d'ERC, 7 de Junts, 6 de Bildu, 5 de PNV et 1 de BNG). Dans le cas contraire, mais tout porte à croire qu'il y arrivera, les Cortes seraient dissoutes. Le décret royal serait publié le lendemain et les élections auraient lieu 47 jours plus tard, autrement dit le 14 janvier 2024.
Pedro Sanchez a trois mois pour négocier avec Junts
Enfin et surtout, cette décision de Francina Armengol a une autre conséquence. Pedro Sánchez a plus de trois mois pour négocier une alternative. Et si Armengol n'a pris aucun risque avec les dates, en protégeant la période de Noël, c'est parce que personne n'ose exclure le scénario d'une nouvelle élection. Une épée de Damoclés dont saura aussi se servir Pedro Sanchez dans ses négociations avec les indépendantistes.