Le secteur textile en Espagne, un secteur traditionnellement influant sur l'économie du pays, tant en termes d'emplois que de chiffre d'affaires, se voit touché, à l'instar des autres secteurs, par la crise économique actuelle. C'est dans ce contexte que les low cost débarquent.
Ainsi, comme le note l'agence TNS Espagne, sur les trois premiers mois de l'année, le secteur a perdu 7% de chiffre d'affaires par rapport à la même période de 2008. Cela s'est traduit de fait par un volume de ventes sensiblement équivalent entre 2008 et 2009 (1% de plus pour 2009), mais à un volume en valeur 6% moins élevé. Cette diminution en valeur est principalement due à une politique commerciale très agressive sur les prix (5% inférieurs à 2008), et faiblement compensée par la hausse des ventes. Ce constat permet également de souligner que la baisse du chiffres d'affaires a concerné non seulement les mois de soldes de janvier et février, mais également le mois de mars, durant lequel des réductions ont également dues être appliquées afin de maintenir le niveau des ventes.
Toujours selon TNS Espagne, le prix moyen dépensé par achat durant les deux premiers mois de 2009 a atteint 15 euros, et l'ensemble du secteur a engrangé un chiffre d'affaires de 3 313 millions d'euros. Sur l'ensemble des produits vendus, quelques 71% l'ont été à des prix soldés. Pour le mois de mars, le pourcentage de ventes soldées a atteint 40% du total des produits achetés, alors qu'il ne s'élevait qu'à 34% en 2008. Les commerçants et distributeurs ont donc fait des efforts commerciaux pour pouvoir maintenir leurs ventes. Selon la Fédération des Usagers-Consommateurs Indépendants (FUCI), la dépense moyenne ne s'est élevée durant les soldes qu'à 90 euros par foyer, le montant le plus bas de la décennie.
Un des constats qui se dresse pour 2009 dans le secteur textile est la montée en puissance du « low-cost », un ensemble de marques, de produits et de gammes dont les prix, bien qu'ajustés au pouvoir d'achat du consommateur, ne comptent toutefois pas en sacrifier la qualité et le design. Le panorama de la distribution textile espagnole évolue parallèlement aux nouveaux défis qui se posent à ce secteur. L'entreprise Primark, d'origine irlandaise , participe à cette évolution, en proposant un positionnement en prix inférieur à celui des grandes chaînes (jusqu'à 50% de réduction sur certains produits) et en imposant 35 euros comme prix maximum pour ses produits. Cette politique agressive est notamment rendue possible par la suppression de la présence d'intermédiaires lors du processus de production. L'internalisation de certains coûts et la relation directe qu'entretient la chaîne avec ses fournisseurs lui permet de diminuer les coûts au consommateur final. Le succès est à la clé : les douze magasins que compte l'enseigne en Espagne vendent déjà plus au mètre carré en Espagne qu'au Royaume-Uni.
Face à cet engouement du public pour les bas prix, les autres enseignes du secteur se sont progressivement alignées. Ainsi, Inditex a commencé à baisser certains prix de son enseigne-phare Zara, et a multiplié les ouvertures de sa chaîne « low-cost » Lefties (de 38 magasins en 2006 à 63 en octobre 2008). Décathlon a également lancé sa marque Koodza.
La réactivité des acteurs du secteur face aux problèmes actuels s'exprime également dans la tenue d'évènements internationaux tels que la Foire Internationale de la Mode Infantile FIMI qui s'est tenue du 19 au 21 juin 2009 à Valence. Sur 215 exposants, 78 étrangers venant de 16 pays différents ont pu constater le dynamisme des entreprises espagnoles du secteur, et leur volonté à faire face aux difficultés du moment.
Par ailleurs, ce dynamisme s'est également concrétisé dans la création de la marque « Espagne », laquelle est censée devenir un symbole pour promouvoir l'innovation, le design, la qualité et la sécurité des produits infantiles et de puériculture.
Appuyée par le Ministère d'Industrie, du Commerce et de l'Innovation, cette initiative vise à renforcer la garantie du produit sur le marché national et promouvoir le produit espagnol sur le marché international. Cette idée est issue notamment du constat que les points de vente multimarques voient leurs parts de marché baisser de manière continue, au détriment des grandes chaînes monomarques. Ainsi, rassembler un ensemble d'entreprises et de marques derrière une appellation reconnue et désirée peut aider favorablement à la croissance durable de ces entreprises et de leurs marchés. A n'en pas douter, cela constitue une des solutions les plus innovantes et prometteuses pour donner une longueur d'avance aux secteurs espagnols du textile et de la mode.
La Chambre Franco-Espagnole de Commerce et d'Industrie (www.lepetitjournal.com Madrid) jeudi 9 juillet 2009