Première semaine de "nouvelle normalité" en Espagne et déjà les foyers de Coronavirus se multiplient dans 11 des 17 Communautés autonomes. Les réunions familiales ou entre amis, les cas importés de l’étranger et les malades asymptomatiques, vecteurs de contagion, sont les principales causes.
Bien sûr l’Espagne est loin d’être le seul pays où de nouveaux "clusters" sont détectés presque quotidiennement, remettant ainsi en question la levée des restrictions. Le dernier en date est notre voisin, le Portugal, qui a dû à nouveau confiner une partie de la ville de Lisbonne.
Depuis la fin de l’état d’alarme dimanche dernier et le début de la "nouvelle normalité", le manque de protection lors des réunions en famille ou entre amis a déclenché de nombreux cas positifs. A ce sujet, le Centre de coordination pour les alertes et les urgences sanitaires (CCAES) signale que près de 40% des nouveaux cas diagnostiqués ne présentait aucun symptôme, ce qui veut dire que ces personnes menaient une vie normale, sans avoir conscience d'être infectées.
Les aéroports, des passoires ?
Enfin, la dernière cause de nouveaux foyers provient de deux types de cas importés : d’un côté, par des migrants arrivés illégalement sur des embarcations de fortune (pateras) en Andalousie et aux Canaries, et de l’autre, par des voyageurs provenant de pays où le virus fait actuellement des ravages et qui ont pu rentrer sans problèmes en Espagne. C’est pourquoi les mesures mises en place dans les aéroports (remplir un formulaire, inspection visuelle et prise de température) sont loin de faire l’unanimité. Un des cas les plus récents est d’ailleurs celui de Murcie, où un citoyen bolivien vivant dans la région avait débarqué à l’aéroport de Barajas début juin sans être détecté positif et qui, en plus, n’avait pas fait la quatorzaine obligatoire. Résultat des courses : plusieurs cas de Covid-19 dans son entourage et plus de 60 personnes en quarantaine à Murcie et Carthagène, où il réside.
Comme l’a reconnu Fernando Simón, le directeur du CCAES, 54 cas positifs avaient été enregistrés la semaine dernière chez des citoyens venant de l'étranger, ce qui représentait alors 20% du nombre total de cas diagnostiqués. L'arrivée des touristes, surtout à partir de juillet, sera donc un véritable défi pour le gouvernement.
Actuellement, le ministère de la Santé recense une quarantaine de nouveaux foyers même si le risque de contagion se limite à une douzaine et qu'il n'y aurait "vraiment" que deux foyers importants, qui touchent un total de 290 personnes en Aragon et 91 en Andalousie.
95% des saisonniers étaient asymptomatiques
Ainsi, en Aragon, les 250 cas détectés dans la province de Huesca, parmi les saisonniers d’une entreprise horticole, ont même obligé les autorités à reculer et revenir à la phase 2 de désescalade dans ces localités. L’inquiétude est d’autant plus logique que 95% de ces travailleurs était asymptomatique.
La très touristique Andalousie connaît une recrudescence des cas de Coronavirus en particulier dans un centre d'accueil de la Croix-Rouge à Malaga où il y a au moins 91 personnes infectées. Cependant, le foyer semble contrôlé puisque le centre est entièrement verrouillé. Un autre refuge pour personnes immigrées à Algeciras a également déclenché l'alarme. Enfin, à Grenade, il y a deux foyers actifs de Coronavirus qui incluent un total de 23 personnes avec des cas confirmés. Aux îles Canaries, l'arrivée de plusieurs embarcations illégales de migrants à Fuerteventura porte actuellement à 34 le nombre total de positifs sur l’archipel.
Au nord de l’Andalousie, en Estrémadure, la municipalité de Navalmoral de la Mata compte aussi un important foyer de Covid-19 dû au transfert dans un centre de réfugiés d’un immigré marocain arrivé à Almería. Les autorités sont toujours à la recherche de ce patient zéro qui s'est échappé.
Barbecues et fêtes familiales
Les résidents d’un immeuble entier à Santander sont en quarantaine depuis ce week-end. En effet, deux foyers de contagion de 13 personnes y ont été détectés. Des réunions familiales ou entre voisins seraient en cause. Il en est de même dans la vallée d'Aran (Pyrénées catalanes), avec plusieurs personnes infectées après avoir assisté à un barbecue. En Galice, des retrouvailles familiales (et en particulier le retour d’une étudiante revenue du Brésil via le Portugal) sont aussi à l’origine de plusieurs foyers. Là encore, la plupart étaient asymptomatiques. Pareil à Lepe (Huelva), où près d’une centaine de personnes sont en quarantaine, à cause d’une fête de bienvenue organisée pour un proche parent revenu de l’Angola où il travaillait.
Le travail, c’est la santé…
Comme pour les saisonniers en Aragon ou à Lérida, en Catalogne, d’autres foyers de contagion se sont produits entre collègues de travail d’une même entreprise. C’est le cas à Gérone, en Catalogne, ou dans la province de Valence.
La bonne nouvelle est que jusqu’ici tous ces foyers restent contrôlés, chaque patient zéro identifié, et les personnes de l’entourage tracées et isolées. Il reste juste à espérer que cette éclosion de cas reste limitée et ne soit pas le début de cette "deuxième vague" dont les autorités scientifiques recommencent à parler. C’est ainsi que les prévisions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant la pandémie ne sauraient être plus inquiétantes. Son directeur adjoint vient de comparer le Coronavirus avec la grippe espagnole, qui avait pratiquement disparu en été, puis était revenue avec virulence en septembre et octobre, causant pas moins de 50 millions de morts lors de la deuxième vague en 1919.