Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 4
  • 0

La base navale de Rota en Espagne, le bouclier antimissile de l'Europe

"Si l'on devait en arriver à la phase défense, le groupement est prêt à se battre ce soir". Ces mots du contre-amiral Scott Sciretta, chef du groupement international de l'OTAN montrent à quel point la situation est tendue. Lepetitjournal a pu le rencontrer à la base navale de Rota où le destroyer américain USS James E. Williams vient d'arriver.

Des bateaux de guerreDes bateaux de guerre
Manoeuvres de l'OTAN 'flotex 2022'/ministerio de Defensa
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 3 juin 2023, mis à jour le 15 septembre 2023

Les grandes manœuvres de l'OTAN Flotex 2023 se dérouleront du 5 au 16 juin, cette année dans les eaux de la mer des Baléares et de la Méditerranée occidentale. Il faut dire que la Méditerranée, où sont présents les Russes au large de la Syrie, est un lieu hautement stratégique pour les alliés.

J'ai même vu des bagarres pour obtenir une affectation dans cette base navale

Ainsi, le destroyer américain USS James E. Williams (DDG 95) a accosté jeudi dernier à la base navale de Rota, dans la province de Cadiz, afin de rejoindre d'autres forces aériennes, sous-marines et terrestres de l'OTAN pour participer à Flotex 2023. À cette occasion, un petit groupe de médias -dont lepetitjournal- a pu se rendre sur le destroyer et parler avec le contre-amiral Scott Sciretta, chef du groupement multinational de l'OTAN.

 

le contramiral Sciretta
Le contramiral Sciretta lors de sa rencontre avec les journalistes invités à bord du destroyer ©APVD

 

Sciretta a expliqué la mission du destroyer américain ces derniers mois, qui a contrôlé des unités russes en Méditerranée orientale, "notamment autour du port de Tartous en Syrie". Selon Sciretta, "leur rôle est plus essentiel que jamais", "parce qu'il y a des gens au pouvoir qui veulent imposer leur opinion par la violence".

Le maître-mot :  la dissuasion

"Nous avons fourni un moyen de dissuasion efficace contre toute tentative d'agression de la part de pays hostiles à l'alliance -a-t-il déclaré aux journalistes à bord du navire-, et notre présence sur place a contribué à contrer l'influence de la Russie. Leur activité dans la région s'est réduite à quelques unités et ils sont moins préparés pour faire face à l'Alliance". Toutefois, a tenu à avertir le commandant de la force maritime, "si l'on devait en arriver à une phase de défense, le groupement est prêt à se battre ce soir".

 

Destroyers américains sur la base de Rota
Destroyers américains sur la base de Rota ©Armelle Pape Van Dyck

 

La base de Rota, le bouclier antimissile de l'Europe

Les quatre destroyers américains hébergés sur la base navale de Rota depuis 2014 et 2015 sont un élément fondamental du système antimissile de l'OTAN et montrent l'importance stratégique de la base de Cadix pour l'Alliance atlantique et pour les États-Unis.

Si l'on devait en arriver à une phase de défense, le groupement est prêt à se battre ce soir

Suite au sommet de l'OTAN à Madrid l'an passé et à l'accord conclu entre les gouvernements espagnol et américain, l'Espagne recevra deux autres destroyers entre 2024 et 2025. La base navale de Rota deviendra ainsi la principale composante navale du bouclier de défense antimissile de l'Europe. Le commandant de l'OTAN Scott Sciretta a d'ailleurs déclaré que cette augmentation de 4 à 6 destroyers "contribuera à améliorer la capacité de défense antimissile balistique de l'OTAN"

 

portes de modules de lancement vertical de missiles
Portes de modules de lancement vertical de missiles à bord du destroyer ©Armelle Pape Van Dyck

 

La base de Rota existe depuis 70 ans

Fondée par Franco et Eisenhower il y a tout juste soixante-dix ans, la base navale de Rota est un immense territoire militaire situé dans la province espagnole de Cadix, avec une grande partie dans la municipalité de Rota, et une plus petite dans celle d'El Puerto de Santa Maria.

 

Conformément au pacte de Madrid de 1953, l'Espagne autorise les États-Unis à utiliser cette large étendue, bien que le territoire où elle se trouve reste espagnol. La base occupe plus de 2.400 hectares, dont 2.000 sont utilisés par les forces armées américaines.

 

un soldat en train de peindre à bord du bateau
Tout doit être en ordre avant les grandes manoeuvres de l'OTAN la semaine prochaine ©APVD

 

Quelques 8.000 citoyens américains y vivent, dont des membres du personnel civil et militaire et leurs familles. En outre, d'autres personnes des environs, surtout des localités de Rota et El Puerto de Santa María travaillent sur la base, véritable village militaire, générant une richesse estimée à 444 millions d'euros par an en 2019, selon un rapport de l'Armada espagnole.

La base navale de Rota, très prisée des Américains

Le contre-amiral Scott Sciretta, qui connaît bien la base et a travaillé à une époque dans la gestion du personnel, n'a pas manqué de s'émerveiller sur l'Espagne. Il a affirmé que Rota est l'une des destinations préférées des militaires américains en dehors de leur pays. "J'ai même vu des bagarres pour obtenir une affectation dans cette base navale", a-t-il ajouté en souriant.

 

un tank debarquant sur la plage
Un tank débarquant sur la plage de la base de Rota /US Navy CC

 

Les manœuvres de l'OTAN : Flotex 2023

Environ 5.000 militaires participeront en juin aux manœuvres Flotex. Il est prévu la participation de 19 navires de surface, deux sous-marins, 16 avions et hélicoptères, cinq véhicules sans pilote, 80 véhicules du corps des Marines et six péniches de débarquement. Flotex-23 se déroulera du 5 au 16 juin dans les eaux de la mer des Baléares et de la Méditerranée occidentale. Cette année, des unités du Canada, de la France, de la Grèce, de l'Italie, de la Lettonie, du Portugal, de la Turquie et des États-Unis participeront à l'exercice, a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué de presse.