Circuler en Espagne sera plus cher d'ici trois ans. Le gouvernement espagnol envisage la mise en place d'une taxe pour les usagers des autoroutes nationales et régionales, autovías ou autopistas.
Tous les conducteurs sont affectés : un changement de stratégie est en cours en Espagne, où l'accès à une grande partie du réseaux autoroutier, composé de 17.338 kilomètres de voies rapides à haute capacité, était jusqu'alors gratuit. Cette gratuité aurait porté le déficit national pour la conservation des routes à près de 8 milliards d'euros, poussé par un manque de recettes publiques et une hausse des coûts. Le gouvernement espagnol présente à Bruxelles son intention de faire payer l'usage de ses routes dans le cadre de son Plan de récupération économique. Une mesure qui a immédiatement provoqué un tollé général de la part de la population.
Que payent ceux qui l'utilisent
Pour Pedro Saura, Secrétaire d'État chargé des Transports et de la Mobilité, cette mesure est "juste, car ne paieront cet impôt pour les routes que ceux qui les utilisent", ceux qui n'ont pas le permis n'ont pas à supporter cette charge. Mobilisée par l'idée de "c'est celui qui l'utilise qui paie", cette initiative vise également à freiner l'utilisation des véhicules particuliers pour se déplacer entre communautés autonomes à l'intérieur du territoire espagnol, au profit de trajets en transports en commun, comme le train par exemple. La taxe s'appliquera aux conducteurs nationaux comme étrangers qui utiliseront le réseau autoroutier espagnol, de manière progressive à partir de 2024, afin de "ne pas faire coïncider cette nouvelle taxe avec la crise économique dérivée du coronavirus".
Des critères d'application à définir
L'annonce de ce projet a suscité de vives réactions de la part de la population comme des représentants professionnels de différents secteurs. Pour la RACE (Real Automóvil Club de España) comme pour l'association de consommateurs OCU, ces routes sont des installations déjà amorties, "pour lesquelles les Espagnols contribuent à hauteur de 30 milliards d'euros d'impôts". Rappelons que l'Espagne s'était lancée dans une opération d'élimination de ses péages autoroutiers (gratuité de la portion reliant la France à Barcelone prévue pour le 31 août 2021). Le montant et les modalités d'application de cette nouvelle taxe routière ne sont pas encore définis : il pourrait s'agir d'un forfait, ou encore d'un coût de 1 centime par kilomètre. Des exceptions pourront être éventuellement accordées, notamment pour que les habitants qui doivent utiliser tous les jours cette portion de trajet pour se rendre sur leur lieu de travail soient exemptés du paiement de cet impôt.