Longtemps perçu comme un bastion masculin, le secteur automobile voit émerger une nouvelle génération de professionnelles déterminées à en redessiner les contours. C’est dans cet esprit que la Commission Jeune de Mujeres Avenir a réuni hier à l’ESCP Business School plusieurs voix féminines influentes autour d’un débat intitulé « Moteurs du changement : le rôle de la femme dans le secteur automobile ».
Les femmes dans l’automobile : toujours minoritaires, malgré la professionnalisation
« J’étais l’une des rares femmes – parfois la seule – à tester des véhicules », confie Andrea Aguado, directrice d’OKMOTOR et jurée du Prix de la voiture de l’année en Espagne. Dans un secteur qui pèse 10 % du PIB national, elle rappelle qu’aucune femme ne siège aujourd’hui au conseil d’administration de l’ANFAC, l’association des constructeurs automobiles espagnols. Pour inverser la tendance, elle plaide pour une pédagogie dès le plus jeune âge afin de déconstruire l’idée que certains métiers seraient réservés aux hommes.
Rosario Díaz, responsable de l’aire économique et technique de la FACONAUTO, dresse le même constat : les femmes ont longtemps été reléguées à des postes subalternes, loin des directions. Si la professionnalisation a ouvert des portes, elles demeurent minoritaires. Selon une étude réalisée avec Sigma 2, les femmes privilégient la sécurité lors de l’achat d’un véhicule et conduisent souvent des voitures plus anciennes. « La technologie et la durabilité comptent, mais leur pouvoir d’achat reste plus limité », souligne-t-elle.
10 ans de Mujeres Avenir: "Faire valoir en Espagne le rayonnement féministe français"
De spectatrice à actrice : le chemin tracé par Laura Andrés en Formule 1
Le témoignage de Laura Andrés, spécialisée en Motorsport Marketing et Digital Content, illustre bien le changement en cours. Inspirée par une journaliste présente sur les circuits de Formule 1, elle a choisi de se lancer dans une carrière encore très fermée aux femmes. En 2019, elles ne représentaient que 5 % du milieu automobile selon une étude de la FIA. Désormais, grâce à l’implication de la Formule 1, ce chiffre atteint 38 %.
« Les petites filles peuvent aujourd’hui voir des ingénieures et des mécaniciennes sur les paddocks, cela leur ouvre des perspectives concrètes », se réjouit-elle, tout en rappelant que dans son parcours, certains collègues masculins lui demandaient « 200 % de preuves » avant de reconnaître ses compétences.
L’importance des modèles féminins
Modératrice du débat, Macarena Muñoz, membre de la Commission Jeune de Mujeres Avenir, a insisté sur l’importance de la visibilité. « Les référentes féminines inspirent les nouvelles générations et démontrent que le talent et la passion n’ont pas de genre », a-t-elle affirmé, appelant aussi à des politiques d’égalité et à une culture d’entreprise ouverte au talent féminin.
Mujeres Avenir, moteur d’une société plus inclusive
Soutenue par l’Ambassade de France en Espagne et les ministères espagnols de l’Égalité et des Affaires étrangères, l’Association d’Amitié Hispano-Française Mujeres Avenir s’attache depuis sa création à promouvoir la voix des femmes dans la société et à renforcer les liens entre la France et l’Espagne. Présidée par María Luisa de Contes d’Esgranges et Rebeca Ávila, elle fédère un réseau de dirigeantes issues de différents secteurs pour mieux lutter contre les inégalités.
En mettant en avant les parcours de professionnelles de l’automobile, Mujeres Avenir entend montrer que l’avenir du moteur pourrait bien être aussi celui des femmes.
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