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8M: appel à la grève générale pour la journée de la femme en Espagne

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Écrit par Camille Guil
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 6 mars 2018

Cette année le 8 mars, Journée internationale de la femme, se déroulera dans un contexte inédit de libération de la parole sur les scandales de harcèlement et agressions sexuelles, et de visibilité des revendications d'un collectif qui entend bien profiter de cette journée pour marquer le coup, avec une grève générale internationale.

 

A l’occasion du 8 mars, les femmes du monde ont décidé de lancer un appel à la grève générale. Des femmes qui veulent se sentir plus libres, vivantes, féministes, combatives et rebelles. Ce mouvement est inédit car il est international, il s’étend sur 150 pays, ce qui en fait une grève internationale. En 2017 déjà un mouvement similaire avait été initié, en Espagne et dans 57 autres pays, avec un arrêt du travail d'une demi heure. Cette année, les mouvements organisateurs appellent à cesser le travail toute la journée, avec en Espagne la Commission 8-M, qui regroupe une multitude de groupes féministes et coordonne le mouvement dans tout le pays. La Commission appelle à une grève des femmes pour montrer au monde que sans elles, tout s’arrête.

 

Quatre types d’actions sont proposées : 


- la grève du consommateur qui consiste en ne pas acheter ou alors ne pas acheter chez les enseignes qui utilisent le corps des femmes comme objets notamment par le biais de publicités sexistes ;
- la grève étudiante, avec le refus d'aller à l’école ou à l’université ;
- la grève du travail, celle qui est majoritairement diffusée ;
- et enfin la grève des "soins", qui s'apparente à une grève des tâches domestiques.

 

Le mouvement a été suivi par tous les grands syndicats. Ainsi UGT et CCOO ont appelé à un arrête partiel de 2 heures au cours de la journée tandis que CNT et CGT suivent la Commission 8-M et sont en faveur d'une grève de 24 heures. Du fait qu’elle ait été appelée par les syndicats, cette grève est légale ce qui veut dire que n’importe qui peut y participer, hommes ou femmes, syndiqués ou non. La Commission 8-M rappelle que les hommes, s'ils sont les bienvenus sur la manifestation -mais pas au premier rang- peuvent aussi agir à leur manière, en partageant par exemple leur salaire avec leurs collègues féminins en grève.

 

Les hommes, s'ils sont les bienvenus sur la manifestation -mais pas au premier rang- peuvent aussi agir à leur manière, en partageant par exemple leur salaire avec leurs collègues féminins en grève

 

Des actions sont prévues dans tout le pays avec des marches organisées et des mobilisations. Ce sont chaque ville, commune ou district qui organisera les différentes activités au cours de la journée. Le programme général peut être consulté sur les réseaux sociaux ainsi que sur le site internet de la Commission 8-M. A Madrid une marche  sera organisée, elle devrait, comme l’année dernière, susciter une grande mobilisation. Elle partira d’Atocha à 19 heures et suivra un long parcours jusqu’à Plaza de España. A Barcelone aussi de nombreuses actions sont prévues dont une manifestation qui partira du Paseo de Gracia à 18h30 jusqu’à la Plaza de Cataluña. A Valence, la manifestation partira des Jardins del Parterre à 18h30 et enfin à Séville à 19h de la Plaza Nurva de la Alameda.
La mobilisation prend une ampleur politique car les maires de Madrid et de Barcelone, Manuela Carmena et Ada Colau, ont déclaré qu’elles participeraient à la grève.

 

Les femmes espagnoles consacrent deux fois plus de temps au travail non rémunéré que les hommes

 

Les femmes espagnoles gagnent jusqu’à 14% de moins que les hommes et ne représentent que 34,5% des personnes les plus rémunérées d’Espagne. Le plafond de verre est malheureusement toujours présent : les hommes occupent la majorité des postes de direction dans les entreprises et les femmes sont sur-représentées dans des emplois à temps partiels ou des contrats temporaires. Selon le dernier rapport de l’INE, les cadres espagnoles gagnent 19,3% de moins que leurs homologues masculins, mieux que l’écart salarial moyen en UE (23,4%). Et seulement 37% des postes de direction sont occupés par des femmes. Le même rapport de l’INE a démontré que les femmes consacraient deux fois plus de temps au travail non rémunéré (incluant l’éducation des enfants, la cuisine, le ménage, les tâches ménagères et les soins aux proches) que les hommes : 26,5 heures par semaine contre 14.

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