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2024: Encore une grande année électorale en Espagne

Cette année, quatre élections devraient marquer encore l'échiquier politique de l'Espagne: Les élections européennes et surtout les régionales, en Galice et au Pays Basque et possiblement en Catalogne.

elections à barcelone, recompte des voixelections à barcelone, recompte des voix
Clara Soler Chopo
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 1 janvier 2024, mis à jour le 1 avril 2024

L'Espagne abandonne une année électorale pour en retrouver une autre! En 2023, trois importants rendez-vous avec les urnes avaient en effet eu lieu en Espagne. Tout d'abord, les élections régionales et municipales le 28 mai dernier, puis les élections législatives, prévues initialement en décembre, mais qui avaient été avancées au 23 juillet par Pedro Sanchez le lendemain du mauvais résultat des municipales et régionales.

 

Le PP avait gagné les élections mais n'avait pu obtenir une majorité pour gouverner. En revanche, Pedro Sanchez, après pratiquement 4 mois de négociations, a obtenu la majorité des voix au Congrès des Députés, et a pu être investi chef du gouvernement le 17 novembre avec les voix de Sumar (Podemos et divers extrême gauche) et des indépendantistes basques et catalans, en particulier les 7 députés de Junts per Catalunya.

Les enjeux des élections en Galice

Les élections en Galice, qui ont été avancées au 18 février prochain, seront les premières à se tenir en 2024. Elles représentent un défi pour tous les partis qui se présentent, et qui teintent la précampagne galicienne d'une tonalité nationale au milieu d'un panorama politique compliqué.

 

Alfonso Rueda, president Xunta Galice
L'ancien "numéro deux" d'Alberto Nuñez Feijoo, Alfonso Rueda, se présentera pour la 1e fois en tant que candidat aux élections galiciennes

 

En effet, bien que régionales, ces élections seront inévitablement lues en clé nationale: la montée du parti nationaliste galicien BNG, le défi pour le PP de conserver la majorité absolue et le résultat pour Podemos et Sumar seront tout particulièrement sous les feux des projecteurs. Rappelons que le PP est à la tête de la Xunta de Galicia depuis 2009 avec quatre majorités absolues gagnées par Alberto Núñez Feijóo. Après la crise du PP et le départ de Pablo Casado, Feijoo a entamé son parcours national à la tête du PP en avril 2022, laissant comme successeur à la Xunta son "numéro deux", Alfonso Rueda, qui se présentera donc pour la première fois en tant que candidat aux élections galiciennes. Si Rueda ne parvient pas à obtenir la majorité absolue, l'impact sera inévitablement ressenti par son prédécesseur, qui a quitté son grand bastion du nord dans le but de mener le PP à la présidence du gouvernement.

 

Et qu'en sera-t-il du pouvoir grandissant du parti nationaliste galicien? Le Bloque Nacionalista Galego (BNG) est une force consolidée dans la région autonome de Galice. Le défi du BNG est d'atteindre la Xunta, où il a déjà été en coalition avec les socialistes de 2005 à 2009, une formule qu'il pourrait envisager à nouveau s'ils parviennent à atteindre les 38 députés de la majorité absolue. Lors des dernières élections générales, l'ascension du BNG a été corroborée par le fait qu'ils ont eu plus de voix qu'en 2019, même s'ils n'ont obtenu qu'un seul représentant au Congrès des députés.

Alliance PSOE-PNV ou PSOE-Bildu au Pays Basque?

Il n'y a pas encore de date pour les élections régionales au Pays Basque, mais elles devraient avoir lieu en avril. Ces élections sont les plus passionnantes de ces dernières années. Les enjeux de ce rendez-vous avec les urnes sont en effet multiples. Tout d'abord, de nouveaux visages apparaissent, avec surtout les candidatures de Pello Otxandiano, de Bildu (Arnaldo Otegi ayant renoncé à se présenter), et d'Imanol Pradales, du PNV, deux candidats inconnus du grand public.

 

andoni ortuza et pedro sanchez
Accord d'investiture signé en novembre 2023 entre le président du PNV Andoni Ortuza et Pedro Sanchez/Pool Moncloa

 

L'autre grande inconnue est si le PSOE se mettra d'accord ou non avec Bildu pour gouverner le Pays Basque, comme il l'a fait à Pamplune où Joseba Asiron, de EH Bildu, a pu être élu nouveau maire le 28 décembre dernier, après une motion de censure, avec le soutien du Parti socialiste de Navarre. Toutefois, bien qu'il lui ait cédé Pampelune, le PSOE cherchera maintenant à se distancer de Bildu au Pays Basque et continuer à unir ses forces avec le PNV. Compte tenu des circonstances actuelles, le PSOE ne peut se permettre de faire du candidat du parti de Bildu le nouveau lehendakari (président de la région du Pays Basque) et donc de ne pas voter pour le PNV. Cette démarche aurait des répercussions immédiates au niveau national, autrement dit à la chambre des députés: le PNV pourrait se venger et faire tomber le gouvernement de Sánchez.

Un intérêt croissant pour les élections européennes

Au milieu de cet échiquier politique pervers, les élections basques seront-elles le dernier round entre les partis avant les élections européennes, où il est d'ores et déjà clair qu'ils vont s'affronter plus que jamais. Avec ce panorama politique convulsif et instable, Bruxelles est de plus en plus citée par les hommes politiques espagnols comme une sorte d'arbitre devenu indispensable pour différents thèmes tels que l'amnistie des indépendantistes catalans, le recours à un referendum d'autodétermination, l'utilisation de l'espagnol en Catalogne ou le contrôle du pouvoir judiciaire. Dans ce contexte, l'intérêt pour les élections européennes, qui auront lieu le 9 juin prochain, s'accroît en Espagne, comme le montrent les derniers sondages de l'eurobaromètre.

 

Lors des élections de 2019, le taux de participation en Espagne avait été de 60,60% (50,3% dans l'UE), avec une hausse de 16,70% par rapport à 2014. Précisément, le niveau de sensibilisation à l'importance de l'Europe a augmenté et la plus forte augmentation de la participation avait été enregistrée chez les moins de 25 ans et dans la tranche d'âge des 25-39 ans. La mobilisation des jeunes - qui s'identifient davantage aux valeurs européennes - sera essentielle et les partis l'ont bien compris.

Catalogne:  des élections en automne?

Enfin, les élections en Catalogne, qui doivent avoir lieu avant février 2025, pourraient être avancées à l'automne prochain. D'ici l'été, la loi d'amnistie devrait être en vigueur. Reste à savoir si, comme le suggère le dernier sondage du CIS, les partis indépendantistes perdront leur majorité au Parlement, ce qui changerait la situation politique en Catalogne et dans l'ensemble de l'Espagne. Il serait donc possible que le PSC (parti socialiste catalan) envisage de rejeter le budget de la Generalitat et de forcer ainsi la tenue d'élections anticipées.

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