Des centaines de milliers de personnes ont envahi les rues et les places des 52 capitales de province de toute l'Espagne pour protester contre le pacte du PSOE avec Junts pour investir Pedro Sánchez comme premier ministre en échange de l'amnistie.
"Il ne faut pas confondre le peuple espagnol avec ses élites". C'est le ministre Fouché qui avait prononcé ces mots pour que Napoléon renonce à son projet d'envahir l'Espagne. C'était il y a plus de 200 ans, mais rien n'a beaucoup changé. A la différence des Français, les Espagnols sont loin d'être des gilets jaunes et n'ont pas l'habitude de faire la grève ni de se manifester. C'est un peuple qui fait preuve d'une grande abnégation et qui supporte beaucoup, en silence, jusqu'au moment où la coupe est pleine. Et tout porte à croire que l'annonce de l'amnistie et du pacte signé avec Junts est cette goutte qui a fini par faire déborder la patience des Espagnols.
Depuis la première grande manifestation à Barcelone, le 8 octobre dernier, contre l'amnistie et le referendum d'autodetermination, les manifestations se sont multipliées, les dernières devant le siège du PSOE, rue Ferraz à Madrid, même si des extrémistes ont essayé en vain de s’approprier l’agitation dans les rues.
Mais la journée du 12 novembre est différente de par l'ampleur des manifestations qui se sont déroulées sur tout le territoire. La réponse à l'appel du PP contre l'amnistie a été massive dans toute l'Espagne. Pas d'incidents, pas d'ultras et pas de violence: juste des gens normaux, des familles, des enfants, des personnes âgées et beaucoup de jeunes, tous manifestant leur indignation et leur soutien à la démocratie.
Des milliers d'Espagnols dans les rues
Que l'on prenne les chiffres donnés par les organisateurs ou par les délégations du gouvernement, ou mieux encore, si l'on jette un coup d'oeil sur les nombreuses videos et photos des manifestations du 12 novembre, force est de constater que les gens sont sortis en masse dans les rues pour afficher leur mécontentement.
Le PP a estimé à plus de 500.000 le nombre de personnes présentes lors de la mobilisation à Madrid, tandis que la délégation gouvernementale a avancé le chiffre de 80.000. En Castille et Léon, la délégation du gouvernement a évalué à 75.000 le nombre de personnes qui se sont mobilisées (Ex: Salamanque: 21.000; Valladolid : 25.000)
Dans la Communauté valencienne, la délégation a avancé le nombre de manifestants à 24.000 à Valence et 20.000 à Alicante. En Andalousie, les manifestations dans les capitales andalouses ont également été particulièrement nombreuses. La participation estimée, selon les données recueillies par la police nationale, est de 131.000 personnes (Ex: Sevilla: 40.000; Málaga: 30.000; Granada : 30.000). En Galice, le PP parle de 30.000 participants.
En Aragon, quelque 40.000 personnes, selon les estimations de la police nationale, ont envahi le centre de Saragosse. À Murcie, 35.000 personnes, selon les organisateurs, et entre 8.000 et 10.000, selon la délégation gouvernementale. À Oviedo, 35.000 personnes, selon la police locale, et 6.000 selon la délégation du gouvernement. A Santander, 20.000 manifestants, selon le PP, et 15.000 selon la délégation gouvernementale. Logroño, 25.000 selon les organisateurs et 10.000 selon la délégation du gouvernement. Et ainsi de suite.
Les alentours du Congreso de los diputados sont à l'heure actuelle hermétiquement fermés. Il faut dire que c'est là que le PSOE va déposer lundi 13 novembre la fameuse loi d'amnistie convenue avec les partis indépendantistes. C'est également là que l'investiture de Pedro Sanchez aura lieu les 15 et 16 novembre.