Édition internationale

MADAGASCAR - Emeutes à Antananarivo

Le maire d'Antananarivo, s'oppose au président Ravalomana, accusé de dérive autocratique. Pillages et émeutes ont ensanglanté la capitale malgache. Il y a au moins 80 morts

Le président Ravalomanana et le maire M. Rajoelina (Photo AFP)

Des affrontements politico-médiatiques
Les violences ont éclaté lundi 26 janvier, premier jour de la grève lancée par le maire d'Antananarivo M. Rajoelina, contre le chef de l'Etat, accusé de dérive autocratique. M.Rajoelina, arrivé à la mairie en 2007, est devenu en moins d'un an le principal opposant de M. Ravalomanana, président de la République malgache en exercice depuis 2002. Les deux hommes ne se sont jamais bien entendus, mais la bataille est devenue plus personnelle lorsqu'en décembre dernier, le gouvernement a décidé la fermeture de la télévision privée appartenant au maire, ?'Viva''. Motif : la diffusion d'une déclaration très critique à l'égard du pouvoir actuel publiée pourtant par des journaux malgaches.
En réponse, un meeting politique a réuni 30.000 personnes, lors de l'inauguration d'une "place de la Démocratie". Les présents dénonçaient "une dictature générale"dans la Grande-Ile, en particulier l'absence de liberté d'expression et la "spoliation"des terres malgaches.
Lors de plusieurs nuits de violence, la foule en colère a mis le feu à l'immeuble de la radiotélévision d'Etat et pillé plusieurs magasins pendant la nuit. Les émeutes ont fait au moins 80 morts.
Interrogé sur l'absence d'intervention des forces de l'ordre contre les émeutiers et les pillards, M. Ravalomanana a répondu: "c'est moi qui ai donné l'ordre aux militaires de ne pas intervenir. Il faut bien gérer la crise, sinon cela aurait été un bain de sang". Le couvre-feu a été décrété.

Sur fond économique
Dans sa bataille contre le pouvoir en place, Andry Rajoelina s'appuie sur le soutien d'une large partie de la population. Celle-ci est mécontente car la loi, votée en 2003, autorisant l'achat de terres par des étrangers, a conduit à la cession au conglomérat sud-coréen Daewoo Logistics de 1,3 million d'hectares de terres malgaches pour l'exploitation agricole. Mécontente ensuite en raison de la forte hausse des prix. "M. Ravalomanana a appliqué une politique ultralibérale, ce qui a favorisé le développement de ce pays pauvre mais aussi accru fortement les inégalités", analyse Solofo Randrianja, professeur d'histoire politique à l'université d'Antananarivo. Andrianantoandro Raharinaivo, porte-parole du parti au pouvoir, rassure : "même si l'on peut comprendre la déception liée à des retombées qui se font encore attendre pour la population, on est sur le bon chemin".
Le président "appelle à l'unité nationale et au dialogue". Les deux opposants ont accepté de se rencontrer. Le secrétaire d'Etat français à la Coopération et à la Francophonie, Alain Joyandet, suit la situation de près : "Il y a 20.000 ressortissants français et donc nous sommes heure par heure très attentifs à l'évolution. La France appelle absolument les responsables, le président et le maire à Tananarive (Antananarivo) à se rencontrer, à dialoguer".
LG (www.lepetitjourtnal.com) vendredi 30 janvier 2009

Voir aussi :
L'article publié par le Monde.fr
: http://www.lemonde.fr/afrique/article/2009/01/22/utilisant-le-mecontentement-populaire-le-maire-d-antananarivo-defie-le-president-ravalomanana_1145110_3212.html#ens_id=1145198
L'article publié par France24.com : http://www.france24.com/fr/20090125-madagascar-le-president-veut-retablir-lordre-sauver-republique

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.