

Alors que le chaos s'est répandu dans la ville de Lyon, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, s'y est rendu d'urgence mercredi. Mais pour le maire PS de la ville, le déplacement du ministre correspond à "une opération de communication du gouvernement"
79 personnes arrêtées mardi, 20 de plus le lendemain, la ville de Lyon a battu des records d'arrestation de casseurs depuis le début de la semaine. En tout 1.300 individus auraient participé aux violences urbaines et autres pillages subis par le chef-lieu du département du Rhône.
De véritables scènes de guérilla urbaine
Des gaz lacrymogènes ont été lancés par les forces de l'ordre pour disperser la foule (Photo AFP)
"Il y a eu des violences un peu partout en France. Mais il est vrai que Lyon a une situation particulière" a regretté Brice Hortefeux, lors de son arrivée à Lyon mercredi. Et il est exact qu'entre lundi et mardi la capitale de la rosette a subi les conséquences de très violents incidents, en marge des manifestations anti réforme des retraites. De nouveaux affrontements ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi alors que pendant la journée la situation avait semblé s'apaiser. Jeudi, les violences ont repris et 300 lycéens ont retourné plusieurs voitures, plusieurs camions de CRS étaient postés en ville et les transports en commun ne fonctionnaient plus depuis 09h30 le matin.
En tout la préfecture déplore quelque 6 voitures incendiées, 21 retournées, 9 commerces pillés, 8 autres dégradés et 6 abris-bus détruits. Mardi sur les 190 personnes interpellées en France, 40% l'avaient été à Lyon. Les autorités ont dénombré 1.300 casseurs et ont précisé que parmi les personnes arrêtées, "un tiers de ces interpellés sont défavorablement connus des services de police pour avoir commis des vols, des dégradations, des 'caillassages'". Les services de secours ont, quant à eux, compté 25 blessés légers. Mercredi, lors de sa visite, le ministre de l'Intérieur n'a pas reçu un accueil des plus chaleureux puisque plusieurs groupes de jeunes l'ont pris à partie, criant tour à tour "t'es pas le bienvenu ici", "fasciste" ou "raciste". Précisons également que les 700 à 800 policiers déployés dans la ville mardi ont été renforcés par quatre unités mobiles portant à 7.800 les forces de l'ordre sur le terrain.
Jeudi, plusieurs individus ont été condamnés à des peines de prison variables - allant de deux mois de prison avec sursis jusqu'à trois mois ferme - en comparution immédiate. Agés de 18 à 27 ans, 11 jeunes hommes ont été jugés pour "violences contre personne dépositaire de l'autorité publique", "vols" ou "dégradations". Une jeune fille de 18 ans comparaissait à leurs côtés. A noter également une peine de prison ferme prononcée envers un mineur: déscolarisé depuis janvier, le jeune homme a écopé d'une peine de 8 mois de prison dont 6 mois avec sursis, avec mandat de dépôt à l'audience.
Hortefeux vs Collomb
Le sénateur-maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb, qui était depuis samedi en déplacement en Asie du sud-est, est rentré de toute urgence pour assister à une réunion à l'hôtel de police. "Je pensais que c'était pour une réunion de crise avec le ministre, le maire, la police nationale et les fonctionnaires locaux" a affirmé l'élu au Nouvelobs.com. Et d'ajouter "J'ai découvert en arrivant que les journalistes attendaient et qu'il s'agissait d'une opération de communication [?] du gouvernement sur le fait que les manifestants et les casseurs sont du même mouvement, ce qui n'est pas le cas". Et lorsque le Nouvelobs.com questionne le maire à propos de la sortie en ville du ministre, il rétorque "Pour ma part, j'y suis allé un peu plus tôt sans les caméras, et il n'y a pas eu de problème pour discuter avec les commerçants". Le maire a donc décidé de ne pas participer à la réunion à l'issue de laquelle Brice Hortefeux a déclaré "la France n'appartient pas aux casseurs, aux pilleurs, ni aux caillasseurs. La France appartient aux honnêtes gens qui veulent travailler paisiblement". Pour Jean-Paul Borrelly, représentant régional du syndicat de policiers Alliance, "90% d'entre eux (les casseurs) n'ont rien à voir avec le mouvement revendicatif".
Marie Curci (www.lepetitjournal.com) Jeudi 21 octobre 2010
En savoir plus:
Article Nouvel Obs: Violences à Lyon : Collomb s'en prend à l'"opération de communication" d'Hortefeux
Article Lyoncapitale.fr: Manifestation lycéenne : voitures retournées rue de la Charité à Lyon 2e


































