

Le scandale provoqué par l'annonce d'un acte de pédophilie perpétré par un ancien ministre, a réveillé les critiques envers son dénonciateur : Luc Ferry. Le philosophe est ainsi accusé de toucher près de 5.000 euros par mois pour un "emploi fictif". L'ex-ministre de l'Education se défend et dénonce une cabale
Luc Ferry (photo AFP) est au c?ur d'une tourmente qu'il n'osait imaginer. Le scandale le concernant n'a plus rien à voir avec la phrase choc, que l'ancien ministre avait lancée à demi-mot, le 30 mai dernier, devant les caméras du Grand Journal de Canal +. Il n'est pas question ici de "partouze" avec de "jeunes garçons" marocains mais plutôt de gros sous et d'"emploi fictif".
Un emploi fictif ?
L'ancien ministre de l'Éducation nationale a été pointé du doigt par Le Canard Enchaîné pour ne pas avoir assuré des cours de philosophie à l'université Paris-Diderot (Paris VII) depuis le 30 septembre 2010. Selon le journal satirique, l'université était prête à réclamer à l'ex-ministre le remboursement de son salaire pour toute l'année scolaire, soit une somme évaluée à 4.499 euros net par mois. Luc Ferry s'étonne cependant de ce malencontreux malentendu, puisque c'est bien Matignon qui doit régler la somme réclamée. "Il y a aujourd'hui des milliers d'enseignants, et j'en fais partie, qui sont comme moi détachés auprès d'administrations, c'est bien connu", explique-t-il. L'ancien ministre fait référence à son poste de président délégué du Conseil d'analyse de la société (CAS), un organisme placé auprès du Premier ministre. Ce poste lui aurait permis de se voir attribuer une dispense d'enseignement justifiant son absence devant les élèves. "Quand on est déchargée de service, c'est soit l'administration d'origine qui paie votre traitement, soit celle qui vous reçoit (?). Comme il n'y a pas de convention avec Matignon, c'est au Conseil d'analyse de la société de reverser à l'université la même somme que celle m'a versé en traitement", a-t-il expliqué samedi sur RTL, en précisant que cela "n'avait pas été fait".
Un salaire indécent ?
Malgré ces explications, le montant du salaire versé au philosophe fait toujours jaser la gauche. "On pointe du doigt d'un côté ceux qui gagnent 500, 600, 700 euros par mois, on les accuse d'être des profiteurs de l'assistanat (...) et de l'autre côté, M. Ferry touche près de 5.000 euros par mois depuis qu'il est en détachement à Matignon et il donne des leçons à la terre entière sur les deniers publics et sur l'utilisation des finances publiques", s'est ainsi insurgé le député socialiste Manuel Valls. Luc Ferry n'a pas caché sa colère : "L'affaire commence à me chauffer les oreilles et maintenant je vais prendre un avocat pour poursuivre les gens qui disent des conneries". "Si tel ou tel député, si Mme Royal ou l'autre zouave, veut supprimer le Conseil d'analyse de la société mais qu'il le dise, je m'en fous, qu'il le supprime. Mais qu'on ne dise pas que j'ai été payé pour des heures que je n'ai pas faites et que je devrais rembourser. C'est honteux, c'est scandaleux", a-t-il ajouté.
Une cabale anti-Ferry ?
L'arrière petit-neveu de Jules Ferry affirme que les critiques récentes ne sont pas étrangères à l'affaire supposée de pédophilie, qu'il a dénoncée publiquement. "Franchement, sans être paranoïaque, je sais que j'ai des ennemis. Il y a une concomitance des choses qui est assez claire. On cherche à me discréditer pour étouffer l'affaire en faisant croire que je suis un guignol", a-t-il déclaré dimanche dans Le Parisien. Alors que l'affaire est en cours au Maroc, où "une enquête approfondie" a été ordonnée par le gouvernement, l'ancien ministre de l'Education considère avoir "eu l'audace de briser un tabou". "Si c'était à refaire, je le referais. Je n'ai évidemment aucun regret d'avoir lancé ce pavé", a souligné Luc Ferry, qui a appris qu'en voulant jeter la première pierre, il fallait mieux se préparer à recevoir quelques projectiles.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 13 juin 2011
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