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Élodie Bouchez au TAFFF : « La vague de la cinquantaine m’est très bénéfique »

L’actrice française joue dans deux films présentés à l’American French Film Festival cette semaine à Los Angeles, la comédie grinçante « Classe Moyenne » d’Antony Cordier dimanche 2 novembre et le lumineux « Enzo » de Laurent Cantet et Robin Campillo le lundi 3. Lepetitjournal.com l’a interviewée à Los Angeles.

Elodie BouchezElodie Bouchez
Elodie Bouchez dans "Enzo" de Laurent Cantet et Robin Campillo. © DR
Écrit par Déborah Laurent
Publié le 31 octobre 2025, mis à jour le 3 novembre 2025

 

Dans le Uber qui la ramène d’une rencontre « super » avec des étudiants en cinéma de UCLA autour du film « Enzo », Élodie Bouchez se réjouit des heures qui s’annoncent. Ses deux films les plus récents sont présentés cette année à The American French Film Festival : la comédie grinçante « Classe Moyenne » d’Antony Cordier (le film est traduit « The Party’s Over » en anglais) le dimanche 2 novembre à 1:30pm et le lumineux « Enzo » de Laurent Cantet et Robin Campillo lundi 3 novembre à 8:30pm. « C’est important d’être là », nous confie-t-elle. « Parce que les films français voyagent de moins en moins à l’étranger et notamment aux États-Unis. Sur 30 ans de carrière, je vois la différence. C’est une chance et une joie de voir les films voyager et sortir ici dans un moment qui est critique pour le cinéma.»

 

 

Élodie Bouchez connaît bien Los Angeles pour y avoir habité le temps du tournage de la série Alias de J.J. Abrams, il y a 20 ans. « J’aime beaucoup la qualité de vie à Los Angeles, même s’ils sont en train de démolir la ville avec la construction d’immeubles horribles », dit-elle. Mais une carrière ici ne la fait pas rêver. Révélée en 1994 par Les Roseaux sauvages et Le Péril jeune, elle a connu la consécration avec La vie rêvée des anges, qui lui a valu le prix de la meilleure actrice au Festival de Cannes en 1998. Sa carrière, c’est en France, où elle vit avec Thomas Bangalter des Daft Punk et leurs deux garçons, qu’elle l’a construite et qu’elle continue à la développer.

 

 

Est-ce que le cinéma américain, ça fait forcément rêver les acteurs, les actrices ?

« Quand je vois les films de Paul Thomas Anderson, de Spike Jonze ou de Sofia Coppola, je me dis que oui, j’aimerais travailler avec eux. Mais travailler aux USA pour des films ou des séries, ça ne me fait pas rêver aujourd’hui. Je suis fière de notre cinéma, comblée avec les rôles qu’on me propose en France. Tout ce qu’on m’a offert ici, j’ai vu ça comme des bonus, des cadeaux mais je n’ai jamais eu la volonté de venir vivre et travailler ici. En France, on a une identité forte. Et puis, les rares acteurs ou actrices qui font des vraies carrières aux USA, comme Marion Cotillard ou Léa Seydoux, ce n’est pas dans ces films-là qu’elles ont les rôles les plus intéressants.» 

 

J’ai l’impression que votre carrière connaît un nouvel élan. C’est dû à quoi ? Aux films que vous avez faits récemment et qui ont été mieux mis en valeur ? Ou à autre chose ?

« Ce sont les films qui sont mieux mis en valeur. J’ai fait des films dans la période qui précédait qui n’ont pas été achetés, qui n’ont pas eu droit à la lumière des festivals comme Cannes et Venise. Ça ne tient parfois à rien. Je crois aussi que ce sont des phases, des cycles. J’ai 52 ans : on peut m’offrir des rôles différents que ceux qui ont contribué à bâtir ma carrière. C’est comme si, enfin, on acceptait de me voir à mon vrai âge. J’ai représenté si fort, si longtemps, la jeunesse au cinéma… Il y a eu un passage plus compliqué à gérer pour les gens : ils avaient du mal à me voir prendre de l’âge, je crois. La vague de la cinquantaine m’est très bénéfique.»

 

«  Enzo » et «  Classe moyenne » sont présentés au TAFFF cette année : ce sont des styles très différents mais les deux films parlent chacun à leur manière de la lutte des classes. Qu’est-ce qui vous a touché dans ces deux scénarios ?

« Pour “Enzo”, ça a été surtout la rencontre avec Laurent Cantet, parce qu’au début, je ne savais pas quoi faire avec ce rôle qu’il me proposait. Je ne voyais pas ce que ce personnage allait m’amener. Mais j’ai rencontré Laurent, on s’est demandé ce que c’était d’être parents, on a parlé de nos enfants. Je suis sortie du rendez-vous et je me suis dit : “Bah oui, évidemment, je vais le faire”. Pour “Classe Moyenne”, j’ai tourné plusieurs fois avec Antony Cordier. C’est un film qu’on lui a demandé de réaliser, il a retravaillé le script pour donner plus de place à mon personnage. C’est un registre de comédie. C’est un exercice plus compliqué. Il faut du rythme. Il y avait un bon matériel, un bon scénario.» 

 

Vous dites que vous ne saviez pas quoi faire du rôle que vous proposait Laurent Cantet. Qu’en avez-vous fait finalement ?

« En fait, j’ai surtout cru au regard de mon réalisateur, de Laurent Cantet, qui est devenu par la suite Robin Campillo, puisque Laurent est mort avant le début du tournage. J’ai senti qu’ils allaient poser un regard intéressant et juste dans ce personnage : c’est ce qui compte, la manière dont un réalisateur regarde ses acteurs. D’ailleurs, récemment, j’ai vu le film “The Smashing Machine” avec Dwayne Johnson et j’ai trouvé que le réalisateur le regardait de manière incroyable. C’est un regard tendre, fort, complexe. Ça m'a beaucoup touchée. C’est ça qui est important : le regard du réalisateur.»

 

C’est quoi la suite, pour vous ?

« Je commence la création de la pièce “Le cercle de craie caucasien” (ndlr du dramaturge allemand Bertolt Brecht) prévue au Théâtre de la ville, à Paris, en janvier. Avec Guillaume Nicloux, on a tourné “Les Rives du fleuve”, un téléfilm adapté du livre sur le scandale des Ehpad (ndlr “Les Fossoyeurs” de Victor Castanet, sorti en 2022 aux éditions Fayard). J’ai aussi une série pour Arte et HBO MAX d’Eva Husson sur le monde des faussaires. Et un film de Laetitia Masson : Ulysse. »


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