Dwayne Johnson fend l'armure dans « The Smashing Machine » de Benny Safdie

« The Smashing Machine » de Benny Safdie plonge le public dans l'univers impitoyable des débuts de l'UFC (Ultimate Fighting Championship), un sport où la survie importait souvent plus que la victoire. Au centre se trouve Dwayne Johnson dans le rôle le plus audacieux de sa carrière, incarnant le combattant réel Mark Kerr, un homme qui s'est brièvement illustré à la fin des années 1990 avant que des difficultés personnelles et des blessures physiques ne mettent fin à sa carrière et fragilisent sa relation avec Dawn Staples, sa compagne, brillamment jouée par Emily Blunt. 

Un gladiateur des arts martiaux

En réalité, la réputation de Mark Kerr repose sur seulement quelques victoires décisives, suffisantes pour le faire passer pour un concurrent dangereux, mais loin d'une carrière marquée par une domination durable. Benny Safdie, cependant, le présente comme l'incarnation d'une époque brutale, un gladiateur dont l'histoire représente à la fois l'attrait et le prix à payer des arts martiaux mixtes. Les libertés prises sont évidentes, mais l'effet dramatique est indéniable.

La violence, cependant, n'est pas exagérée. L'UFC de l'époque de Mark Kerr était tout sauf raffiné. Les combats étaient des spectacles brutaux et sanglants : nez fracassés, coupures ouvertes par des coups de coude, combattants s'effondrant avec des commotions cérébrales avant que les arbitres ne puissent intervenir. La caméra du réalisateur ne bronche pas. Elle s'attarde sur la sueur, le sang, les yeux creux d'hommes battus jusqu'à l'inconscience. En regardant, on ressent à la fois du dégoût et de la fascination, un paradoxe qui continue d'alimenter l'ascension improbable de ce sport vers le grand public.

Dwayne Johnson livre une performance d'une vulnérabilité surprenante

Dwayne Johnson, connu depuis longtemps pour son personnage de héros d'action invincible, se dépouille de tout cela. Son Kerr est imposant dans la cage, mais fragile en dehors, aux prises avec une addiction, la pression et un corps qui ne peut plus supporter les coups. Sa performance est d'une vulnérabilité surprenante, révélant des couches de désespoir et de fragilité que le public a rarement vues chez lui. Il n'est donc pas étonnant que les discussions sur les récompenses aient déjà commencé. Dwayne Johnson ne se contente pas d'incarner Mark Kerr, il redéfinit ce que le public attend de lui, prouvant que sous le charisme et les muscles se cache un acteur sérieux, capable de se transformer.

Benny Safdie réalise le film avec l'énergie nerveuse qui caractérise ses meilleures œuvres, tirant parti de la tension entre le spectacle et l'intimité. En mythifiant Mark Kerr, il crée une épopée là où il n'y avait peut-être qu'une note de bas de page, mais l'effet est étrangement approprié. Mark Kerr n'a peut-être pas combattu assez longtemps pour mériter d'entrer dans la légende, mais son histoire, incarnée par Dwayne Johnson, capture l'essence d'un sport où un seul combat peut tout changer, pour le meilleur ou pour le pire.

Le rôle qui lui vaudra enfin un Oscar ?

« The Smashing Machine » n'est pas parfait, mais c’est un film sur la violence et son coût, sur la gloire qui brûle rapidement et disparaît, et sur un acteur qui sort enfin de sa zone de confort pour offrir quelque chose de brut, de meurtri et d'inoubliable. Pour Dwayne Johnson, ce pourrait bien être le rôle qui définira sa carrière et lui vaudra peut-être un Oscar, une reconnaissance qu'il mériterait pleinement.