Après la sortie de son dernier album "Odysseús" en juin, le Franco-Suédois David Ivar, ou Herman Dune, donnera un concert le jeudi 4 septembre à Los Angeles, avant de s'envoler en tournée en Europe. Rencontre à San Pedro, le port de LA, où il a posé ses valises il y a dix ans.


Un bras de mer émeraude hérissé d'immenses grues et des conteneurs multicolores à perte de vue. San Pedro, le port de Los Angeles, s'étale, gigantesque, le long du Pacifique. Casquette de marin sur la tête, David Ivar, plus connu sous son nom de scène Herman Dune, nous a donné rendez-vous au Distrito Coffee, sur la 7th Street. " C'est ici que l'on boit l'un des meilleurs cafés de LA " assure le chanteur-compositeur et guitariste d'Herman Düne, le groupe mythique de folk des années 2000. Un nom que ce fan de la saga Dune (Frank Herbert) a inventé au lycée, et qu'il a conservé (sans le tréma) dans sa carrière en solo. Celle-ci l'a mené à San Pedro, où il vit depuis dix ans, avec sa femme et leurs trois chats.
"Le Distrito Coffee fait partie de la genèse d'Odysseús " explique l'artiste, barbe soignée et regard bleu perçant. Son nouvel opus vient de sortir, le 13 juin 2025, via son label Santa Cruz Record. Et c'est à cette table que le Franco-Suédois a rencontré celui qui lui a permis de le concrétiser. "J'étais assis ici, j'essayais d'écrire des arrangements de violon pour une des chansons, et je n'y arrivais pas, se souvient-il. Moi, j'aime la musique live. Écrire les arrangements, ça fige le morceau." Ce jour-là, un homme s'assied à sa table : le producteur américain David Garza, qui a travaillé avec Fiona Apple, The Milk Carton Kids, Iron & Wine et d'autres.

Herman Dune bloqué à Montréal pendant la pandémie
"Je lui ai expliqué mon problème, et il m'a dit : ' Viens, je connais des bons violonistes qui peuvent jouer avec toi en live pendant que tu chantes' " raconte le compositeur au look de marin. Le courant passe tout de suite entre eux. " Une semaine après, on était en train d'enregistrer mon album, alors que ça faisait des années que j'essayais de trouver un moyen de traduire ce que je ressentais dans ces chansons " résume Herman Dune. Le résultat, c'est "Odysseús" : un voyage intérieur à travers 12 titres sensibles aux accents folk, où le musicien chante l'amour, la mort, l'enfance, la rédemption... Le tout en anglais, accompagné de sa guitare, de chœurs, et d'une cohorte d'instruments acoustiques.
Une épopée triste, tendre et joyeuse. Triste, car les premières notes ont jailli à Montréal, pendant la pandémie, alors qu'il se trouvait confiné seul dans un hôtel, loin de sa femme, gravement malade, restée à Los Angeles. "J'ai calmé mon angoisse par la création", confie celui qui a trouvé l'inspiration auprès de Léonard Cohen, dont il visitait chaque jour la tombe. Tristesse pour cet ami disparu, évoqué dans le titre "A river keeps running when a good man dies". Tendresse pour sa femme, Mayon, qui chante avec lui en duo sur la très belle ballade "Buffoon of love" et dans les choeurs. " Cet album a un sens particulier pour notre couple, révèle David Ivar. La dernière chanson, qui s'appelle 369, je l'ai écrite le jour de notre mariage."

Biberonné à Bob Dylan et Léonard Cohen
Joie, enfin, de l'enregistrement "en live", dans leur maison de San Pedro, avec les musiciens de renom de David Garza et les micros d'ambiance du talentueux producteur Chris Sorem. Un moment de "bonheur", témoigne-t-il : " Quand les chansons ont l'épaisseur, la densité des tragédies qui nous arrivent, mais qu'on arrive à vivre du bonheur en les chantant, on atteint un équilibre magique, quelque chose que je ne connais que dans la musique." Son amour pour la folk, découvert enfant en écoutant les disques de Bob Dylan et de Léonard Cohen de son père, est toujours intact, après 25 ans de carrière.
Il se sent comme un poisson dans l'eau aux États-Unis, un pays dont il aime depuis toujours la langue et la culture : "J'étais fou de country music à 9 ans. Je ne sais pas pourquoi, c'était une obsession, s'amuse-t-il. À croire que j'ai eu une vie antérieure de cow boy ! " Depuis qu'il vit à LA, il compose aussi régulièrement des musiques de films, depuis son studio, aménagé chez lui à San Pedro : " Ça me donne un terrain pour écrire des chansons qui ne sont pas forcément autobiographiques. "
Une tournée en France et en Europe à l'automne
Lui qui a grandi à Paris a gardé un lien fort avec la France, où se trouvent ses parents et son public, dont il découvre avec bonheur la "deuxième génération". Un public qu'il s'apprête à retrouver à l'automne, lors d'une tournée dans toute la France et en Europe, où il jouera dans des lieux insolites, comme des églises. Avant ça, il donnera un concert à Los Angeles. Ce sera le jeudi 4 septembre au Gold Diggers, "une petite salle avec un très beau son" à West Hollywood. Les billets sont en vente ici pour embarquer dans son Odyssée.
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