Ananthan Selvanathan, propriétaire du nouveau bistrot français « l’Amour » situé à Fulham, au sud-ouest de la ville, a ouvert son restaurant il y a près de trois mois. Nous l’avons rencontré pour parler de son parcours dans l’univers de la gastronomie, de son arrivée récente à Londres, ainsi que des challenges que lui posait le Covid-19.
Présentez-nous votre restaurant ! Comment l’idée a-t-elle germé ?
L’Amour est un bistrot, mais également un bar français, dans le quartier de Fulham, où la qualité des produits est toujours au rendez-vous, car c’est ce qui me tient le plus à cœur. Toute notre cuisine est faite maison, ce qui est également essentiel à mes yeux. Nous travaillons avec une petite carte, ce qui nous permet d’assurer la qualité de chaque plat que nous servons. L’idée pour ce restaurant m’est venue sur un coup de cœur, en voyant une annonce d’un local à louer sur Internet, alors que je venais à peine d’arriver à Londres. Comme j’avais déjà été propriétaire de plusieurs restaurants, cela ne me faisait pas peur. Je pensais que c’était une bonne idée de ramener la gastronomie et la culture française à Londres.
Comment avez-vous choisi l’emplacement ?
Je n’étais pas focalisé sur un quartier. J’ai choisi l’emplacement un peu par hasard puisque j’ai eu un coup de cœur pour ce local. J’ai trouvé cette affaire dans une agence spécialisée dans les transactions de fonds de commerce.
Quand vous êtes-vous installé à Londres ?
Je me suis installé à Londres il y a un an sur un coup de tête. Avant cela, j’habitais à Paris, où j’ai travaillé dans des établissements semi-gastronomiques pendant plus de 15 ans. Quand je suis arrivé à Londres, j’ai commencé par travailler quatre mois dans un fast-food en tant que directeur. Bien que je n’aie pas vraiment aimé ce poste, je pense tout de même que c’était une expérience enrichissante car j’ai beaucoup appris sur le fonctionnement de la restauration rapide, qui était un univers que je connaissais alors très peu.
Quelles difficultés avez-vous rencontré lors de la mise en place de votre activité ?
La plus grande difficulté que j’ai rencontrée est liée à la crise sanitaire. J’ai eu les clefs du restaurant en mars, au moment où le « lockdown » a été annoncé. Je n’ai donc pu ouvrir mon restaurant qu’en juillet. Cependant, j’ai profité de ces cinq mois pour faire des grands travaux. J’ai changé les meubles, refait la peinture ; et même si cette période a été semée d’embuches, j’ai maintenant la satisfaction d’avoir un restaurant à mon goût !
Avez-vous remarqué des différences culturelles entre les clients français et anglais et si oui, comment ces dernières se manifestent-elles ?
En effet, il y en a ! Les Anglais connaissent moins la gastronomie et les spécialités françaises, ce qui fait qu’ils sont moins curieux concernant les produits. Les clients français connaissent, de manière générale, très bien les produits, parce qu’ils les consomment depuis leur plus tendre enfance.
De plus, comme j’ai vécu en France pendant plus de 15 ans, je connais très bien les goûts de la clientèle française. Pour ma clientèle anglaise, je suis encore en phase de « découverte », les plats ayant le plus de succès auprès des Français ne sont pas forcément ceux qui plaisent le plus au Anglais !
Les incidences du Covid et le couvre-feu ? Comment traversez-vous cela…
C’est assez compliqué ! Le couvre-feu imposé par le Gouvernement anglais a réellement ébranlé le secteur de la restauration. Comme nous devons fermer à 22 heures, où nous commençons habituellement le dernier service, très prisé par nos clients, nous perdons de l’activité ! Nous encourageons les clients à venir dîner plus tôt.
Quelles sont les choses que vous auriez aimé savoir lorsque vous avez commencé votre activité ?
Je vais probablement donner une réponse un peu controversée, mais il n’y a rien que j’aurais aimé savoir lorsque j’ai commencé mon activité il y a un an. Je n’aime pas trop donner ou écouter des conseils parce que je suis convaincu qu’il est important de faire des erreurs et d’en retenir les leçons. De plus, chacun a sa propre façon de penser et de voir les choses.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? Songez-vous à un retour en France ?
Tout d’abord, j’aimerais beaucoup développer mon restaurant et en faire un « hub » de la culture française. Par ailleurs, cela fait un moment que je songe à me diversifier et devenir agriculteur. Avec le Covid-19, je me suis rapidement rendu compte qu’il sera de plus en plus difficile de trouver des matières premières de qualité, donc avoir une activité agricole en plus pourrait être un réel atout.
238, 240 Munster Rd, Fulham, London SW6 6BA, UK