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Nazarin Zaghari-Ratcliffe : femme “otage” d’un jeu politique sinistre

Ambassade Iran Royaume UiAmbassade Iran Royaume Ui
Getty Images
Écrit par Elzéa Colomb
Publié le 19 mars 2021, mis à jour le 19 mars 2021

Après avoir purgé une peine de cinq ans d’emprisonnement en Iran pour « propagande contre le système islamique » en place, Nazanin Zaghari-Ratcliffe comparaît une nouvelle fois devant le tribunal de Téhéran pour des faits pseudo-similaires. Cette irano-britannique a toujours nié les faits qui ont pu et qui lui sont toujours reprochés.

Le cauchemar politico-juridique n’en finit plus pour Nazanin Zaghari-Ratcliffe. Cinq ans après avoir été accusée d’avoir comploté pour renverser le régime islamique en place, une nouvelle condamnation menace de s’abattre sur les épaules de la quadragénaire. Elle a comparu dimanche 14 mars à Téhéran dans un nouveau procès dont elle attend désormais le verdict. Me Kermani, son avocat, se veut optimiste. « Compte tenu des éléments présentés par la défense lors de la procédure juridique et du fait que ma cliente a également purgé sa peine précédente, j’espère qu’elle sera acquittée ».

Cinq années que la vie de la jeune femme est fragmentée, loin de sa fille et de son compagnon. Elle est arrêtée en 2016 à l’aéroport de Téhéran après avoir rendu visite à sa famille. Emprisonnée depuis, cette mère de famille avait été autorisée à quitter la prison en mars 2020 à cause du Covid-19. Assignée à résidence, la jeune femme devait se délester le 7 mars de son bracelet électronique et du poids judiciaire qu’il représentait. Même si elle ne porte désormais plus de bracelet, son passeport lui a été confisqué et il lui est interdit de quitter l’Iran. Avec une pétition d’Amnesty International signée par 160 000 personnes, sa famille en appelait à sa libération devant l’ambassade iranienne à Londres le 8 mars dernier.

La pression monte entre le Royaume-Uni et l’Iran

« Mme Zaghari-Ratcliffe doit être autorisée à rentrer dans sa famille au Royaume-Uni sans délai » a réagi le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab. Il estime « inacceptable » ce nouveau procès qu’il qualifie de totalement « arbitraire ». Selon Richard Ratcliffe, son époux, la jeune femme serait « otage » d’un jeu politique et ferait office de monnaie d’échange entre les deux pays.

L’Iran réclamerait une ancienne dette contractée par le Royaume-Uni dans le cadre d’un contrat d’armement, qui daterait d’avant la révolution islamique de 1979. Jamais honorée par Londres, la dette s’élèverait à près de 400 millions de livres soit 466 millions d’euros. Un contrat évoqué lors d’une conversation téléphonique entre le premier ministre Boris Johnson et le président iranien Hassan Rohani.

Téhéran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, a toujours refusé un accès consulaire à l’irano-britannique pendant sa période d’emprisonnement. La capitale rejette les appels de Londres à sa libération qu’elle qualifie d’ingérences dans ses affaires intérieures. Rappelons que Nazanin Zaghari-Ratcliffe s’est vue accorder la protection diplomatique en mars 2019, après des suspicions de mauvais traitements de la part des autorités iraniennes. Ce statut élève son affaire « au rang de litige formel d’État à État » avait annoncé Jeremy Hunt, ministre des Affaires étrangères cette année-là.

Conformément à la loi, le tribunal dispose de sept jours ouvrés pour faire connaître sa décision. Pour autant, les nombreux jours fériés à venir autour du Nouvel An iranien le 21 mars laisserait théoriquement au tribunal jusqu’au 30 mars pour faire connaître sa décision. Espérons que le jugement rendu mettra fin au calvaire juridique de Nazarin Zaghari-Ratcliffe et de ses proches.

 

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