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Les soignants étrangers, sauveurs du Royaume-Uni face à la crise ?

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Vladimir Fedotov - Unsplash
Écrit par Colin Porhel
Publié le 3 mars 2021, mis à jour le 7 mars 2021

Face à la pression subie par les hôpitaux depuis plus d’un an, le Royaume-Uni n’hésite plus à se tourner vers d’autres pays pour recruter du personnel soignant.

 

Parmi les Etats privilégiés par le gouvernement britannique, Malte figure en tête du classement. Dans des petites annonces publiées sur l’île méditerranéenne, la Grande-Bretagne promet aux infirmiers étrangers un salaire de 36 000 euros par an, ainsi qu’un permis de résidence de trois ans. Une offre difficile à refuser pour les soignants ciblés, qui gagnent en moyenne 14 000 euros par an à Malte.

Sur les 4 000 infirmiers y travaillant, 140 ont déjà fait le choix de rejoindre le Royaume-Uni. Des départs en cascade qui inquiètent Paul Pace, le chef du syndicat des soignants maltais. « Nous sommes dans une situation où la pénurie d'infirmières affecte la qualité des services prodigués à nos patients », a-t-il déclaré, soucieux.

 

Le système de santé britannique au bord du gouffre

Dans une interview donnée au Times Malta, Josè et Jossy Joseph, un couple d’infirmiers indiens travaillant à Malte, explique que l’argent n’a pas constitué la principale motivation de leur départ vers la Grande-Bretagne. Ils expliquent ainsi ne pas avoir vu leur fille, restée en Inde, « depuis plus de 18 mois » à cause des retards observés dans les délivrances de visas. S’exiler au Royaume-Uni devrait donc leur permettre de récupérer leur enfant plus rapidement.

En temps de pandémie, la plupart des systèmes de santé occidentaux, que les gouvernements présentaient comme assez solides pour faire face à la vague de malades du Covid-19, n’ont finalement pas résisté à l’ampleur de la situation. Et le National Health Service ne fait pas exception à la règle. Le manque de moyens et de personnels, dénoncé par les hôpitaux depuis de nombreuses années déjà, se fait aujourd’hui cruellement ressentir. Un poste d’infirmier sur dix est vacant dans le pays, un chiffre qui démontre l’extrême nécessité de recruter des employés à l’étranger, au risque de mettre à mal les structures de soins des Etats moins fortunés. Aujourd'hui, près de 14 % des soignants exerçant au Royaume-Uni déclarent ne pas avoir la nationalité britannique.

 

« Pas de meilleur moment pour réformer le NHS »

Erigée en priorité du gouvernement par Boris Johnson dès son arrivée au pouvoir, la réforme du système de santé devrait se concrétiser dans le courant 2021. Selon le secrétaire d’Etat habilité à conduire cette reconstruction, la période actuelle « est la meilleure » pour placer le NHS dans les meilleures dispositions face au vieillissement de la population et à l'augmentation du nombre de personnes souffrant de problèmes de santé.

Le projet de loi, placé sous le signe de la simplification, inclut notamment la démocratisation des « systèmes de soins intégrés », qui existent déjà dans certaines parties du pays. Ces derniers seront désormais déployés dans chaque région d'Angleterre et devront gérer le financement de la santé sur un territoire précis. Jusqu’ici, les établissements hospitaliers étaient tenus d’organiser un appel d’offres pour les contrats de gestion des services.

Nigel Edwards, membre du groupe de réflexion Nuffield Trust, juge ainsi que les changements prévus vont dans le bon sens. « Bien que la réforme ne constitue pas une “solution miracle”, elle pourrait aider les différentes parties du système à travailler plus étroitement ensemble », concède-t-il. Un avis partagé par le directeur du NHS, Simon Stevens, qui affirme que la loi procurera « plus de flexibilité » aux hôpitaux.

 

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