Le chanteur Christophe est décédé cette nuit, emporté par une maladie pulmonaire. J’aimerais maintenant crier Aline ou tous les prénoms de la terre pour qu’il revienne.
Il est certaines chansons qui changent des vies. Qui bouleversent des destinées ou qui ouvrent des horizons. Combien de personnes se sont rencontrées sur cette chanson ? Combien d’enfants sont nés de caresses tendres et de mots bleus ? Combien d’apprentis écrivains ou poètes se sont essayés à l’écriture, imprégnés de ces mots qui donnent une couleur si spéciale à la vie ?
Cette chanson, co-écrite avec Jean-Michel Jarre, résonne depuis ce matin dans mon salon. Elle passe en boucle, éternelle et déchire mon cœur. Un sentiment peut-être exacerbé par la solitude et le confinement du moment. C’est la journée pour décrocher son téléphone et appeler tous les gens qu’on aime, pour leur déclamer des mots… bleus. Des mots d’amour. « Ceux qui rendent les gens heureux ».
Christophe, tu peux reposer paix. Fleur bleue (ou pas), nous t’aimons tous. Tu ne seras jamais « démodé ». Ta musique et tes textes valent mieux que « les longs discours futiles ». Tu as comme d’autres déclenché mon goût pour les mots et la poésie, mais avec ton départ, en « parler me semble ridicule ». De Londres, je te devais bien ces quelques lignes, brouillées par les larmes et dictées par mon cœur. C’est promis, lors de ma prochaine sortie, j’irai te retrouver « dans le square », là où « les fleurs poétisent ». Et si je vois cette fille sortir de la mairie, je saurais aussi trouver les mots, « les mots bleus, les mots qu'on dit avec les yeux ».
Ça y est. Je coupe le son. Définitivement « le vent d'hiver souffle en avril » et « j'aime le silence… immobile ».