Tout est parti de la volonté de la ministre de l’Intérieur britannique Amber Rudd de vérifier le statut de toutes les personnes souhaitant utiliser le NHS voire résider au Royaume-Uni. Une annonce choc, qui pointait du doigt les personnes appartenant à la « génération Windrush » et remettait en cause leur statut de citoyen(ne)s britanniques. Depuis, la ministre de l’Intérieur a fait son mea culpa devant le Parlement et la Première ministre britannique Theresa May a convié les représentants du Commonwealth au 10 Downing Street pour présenter ses excuses. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Qui est la "génération Windrush" ?
Il s’agit de citoyen(ne)s des Caraïbes, qui ont immigré au Royaume-Uni entre 1948 et 1971, pour répondre à un manque de main d’oeuvre suite à la seconde guerre mondiale.Un navire, utilisé historiquement par l'Allemagne nazie et récupéré après la guerre par les Britanniques, le MV Empire Windrush, a été mobilisé, pour amener 492 passagers (dont beaucoup d’enfants) depuis les Caraïbes à Tilbury Docks.
Aujourd’hui, 500 000 personnes résidant sur le sol britannique seraient nées dans un pays du Commonwealth et arrivées au Royaume-Uni avant 1971. La « génération Windrush » représente ces personnes, incluant celles qui sont venues dans le navire éponyme depuis les Caraïbes - mais pas uniquement.
Pourquoi 1971 ?
Cette date signe la fin des flux migratoires provenant du Commonwealth vers le Royaume-Uni, par l’instauration du 1971 Immigration Act. Les citoyen(ne)s provenant du Commonwealth et étant arrivée avant cette échéance sur le sol britannique ont obtenu le droit de rester autant qu’ils le souhaitaient. En revanche, tout(e) citoyen(ne) possédant un passeport britannique mais né(e) à l’extérieur du pays ne peut s’installer au Royaume-Uni que sous réserve d’avoir un permis de travail et la preuve que l’un de ses parents ou grands-parents est né au Royaume-Uni.
Qu’est-ce qui complique la situation ?
Au moment de l’arrivée de ces citoyen(ne)s du Commonwealth, le ministère de l’Intérieur britannique (le Home Office) n’a pas gardé de traces de ces nouveaux arrivants. La question se pose en ce moment car la ministre de l’Intérieur a déclaré vouloir vérifier le droit de ces personnes appartenant à la génération Windrush d'accéder au système de santé, le NHS. Il se peut même qu’Amber Rudd aille plus loin, en interrogeant leur droit de rester sur le sol britannique. La ministre s’est excusée depuis au Parlement, en réponse à un discours très ému du député David Lammy, regrettant que son ministère se soit « trop préoccupé de politiques et stratégies à suivre, au détriment de l’humain. » Le député David Lammy demandait notamment que lumière soit faite sur le nombre de personnes expulsées du sol britannique parce que considérées comme résidant au Royaume-Uni clandestinement alors qu’elles faisaient partie de cette génération Windrush.
Comment pourront-ils prouver qu’ils ont le droit de rester au Royaume-Uni ?
Pour avoir le droit de rester au Royaume-Uni, ces citoyen(ne)s immigrés du Commonwealth devront prouver être arrivé(e)s sur le sol britannique avant le 1er janvier 1973 et qu’ils ont obtenu alors le droit de résider au Royaume-Uni. Une régularisation de leur situation qui devrait ne durer que deux semaines tout au plus, une fois la demande effectuée auprès du ministère de l’Intérieur.
New dedicated team to help former-Commonwealth citizens who don’t have the correct UK immigration documents: https://t.co/tsYRUUkc41 #Windrush #WindrushGeneration pic.twitter.com/UXLcdP5d25
— Home Office (@ukhomeoffice) 17 avril 2018