

Alors que la population agit en « adulte responsable » pour faire face à cette crise sans précédent, autorisons-nous une discussion de grandes personnes quant aux compromis moraux liés au confinement.
Après plusieurs semaines de mise en isolement forcé, il est aujourd’hui question d’une certaine forme cruelle d’emprisonnement. Elle est liée au manque d’informations claires et de transparence du gouvernement qui reconnaît néanmoins que nous nous sommes bien comportés. Les officiels l’ont quasiment reconnu à travers plusieurs déclarations. Le pays s’est en effet montré extraordinairement responsable et concerné dans le fait d’adhérer aux règles propres au confinement. Confinement qui vient d’être prolongé pour au moins trois semaines. Ce qui correspond en réalité à une période indéterminée - pouvant aller par exemple jusqu’à 18 mois - durant laquelle nous nous devons d’accepter une mise en suspension de notre vie normale. Une situation difficile et mpensable à imaginer en temps de paix.
Cette décision n’est apparemment pas assujettie à de potentielles révisons. Quelle que puisse être l’évolution suivie par le gouvernement dans ses positons, cette extension de trois semaines ne sera pas rediscutée ou annulée.
La construction de cette décision est discutable, car elle n’offre pas de limites temporelles réelles et surtout elle ne laisse aucune place à la discussion sur de potentielles futures options. Tout juste si le gouvernement ne tente pas de nous distraire. C’est bien lui qui a présenté son retentissant slogan « stay home, protect the NHS » lui permettant de manœuvrer ce qu’il semble parfois considérer comme la populace. Le soutien collectif reporté par les études d’opinion quant aux mesures de confinement, est très certainement à mettre au crédit de cette brillante campagne de communication dont le gouvernement doit être particulièrement fier. Il faut aussi le mettre au crédit de la profonde décence de la population. Mais cela est à prendre réellement avec des pincettes tant il faut être prudents à l’égard des possibles interprétations issues des études ou enquêtes.
Il est clairement admis que la majorité des personnes les plus fragiles sont nos personnes âgées. Particulièrement celles âgées de plus de 80 ans qui sont plus exposées aux formes les plus agressives du virus. Mais paradoxalement, ces personnes âgées que nous tentons tellement de protéger, apparaissent plus contrariées par les restrictions actuelles que les tranches d’âges les plus jeunes.
Des décisions conduites par la science ?
Les ministres du gouvernement n’ont de cesse de répéter que toutes les décisions sont conduites par la science. Mais les questions soulevées précédemment sont des questions d’ordre moral à l’égard desquelles tout à chacun est libre d’avoir un avis. Les scientifiques peuvent fournir des données empiriques qui pourraient tendre à influencer les points de vue, mais rien de ce qu’ils seraient en mesure de prodiguer ne pourrait représenter une réponse à la question : “qu’est ce qui compte le plus dans ma vie, vivre longtemps ou vivre les choses pleinement tant qu’elles me sont données de vivre ?”
Beaucoup d’interrogations se posent également pour les générations opposées. Si les propos de Neil Ferguson, membre du conseil scientifique pour le gouvernement, suggérant que les mesures d’éloignement social devront être maintenues jusqu’à l’apparition d’un vaccin, venaient à se vérifier, cela impliquerait une période de 18 mois compliqués pour les jeunes générations. Ils seront en effet dans l’incapacité de créer de nouveaux liens sociaux ou de nouer toutes autres formes de relations. Si les jeunes concernés demeurent célibataires à ce moment là, ils devront le rester pendant toute la période de confinement. Ils passeront ainsi à côté de bon nombre de rencontres amoureuses, auxquelles ils auraient légitimement pu prétendre.
Est-ce que quelqu’un a déjà pensé à tout cela ?
Nous avons surement besoin de discussions beaucoup plus poussées concernant toutes ces choses qui dépassent le simple cadre de la science. Ces éléments de discussion ne sont pas, en réalité, dépourvus de toute ambiguïté comme peuvent le prétendre les politiciens. Ils peuvent même aller par delà toutes les prédictions économiques, qui malgré le fait qu’elles soient posées telles des vérités absolues, peuvent elles aussi s’avérer douteuses.
Il existe de solides fondements qui corroborent l’existence de bien plus de consternation et d’anxiété vis à vis de ces restrictions. Particulièrement lorsque les ministres ne sont pas en capacité de nous laisser entrevoir le bout du tunnel. Tout cela n’est peut être qu’anecdotique, mais pour autant bien réel. Il est question de la retranscription du ressenti de la population, prisonnière du manque d’informations. Ressenti qui permet souvent d’établir la réalité des choses.
Il est à parier que le gouvernement demeure persuadé qu’il a gagné la confiance de la nation. Si nous devions user de termes politiques, il serait décrit que le gouvernement s’est accaparé le rôle si précieux qui est celui du principal défenseur du NHS. Mais dans quelques temps, lorsque l’ensemble des dégâts seront visibles, le gouvernement sera aussi tenu de se les accaparer.
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