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ROYAUME-UNI - La Française Laure Prouvost remporte le prestigieux Turner Prize

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 3 décembre 2013

La Française Laure Prouvost a créé la surprise en décrochant lundi soir le prestigieux Turner Prize britannique pour une installation vidéo sur un grand-père fictif, l'emportant face au Britannique David Shrigley et son mannequin qui urine.

"Merci d'avoir sélectionné une Française", a déclaré la jeune femme blonde de 35 ans, émue, en recevant son prix des mains de l'actrice irlandaise Saoirse Ronan, lors d'une cérémonie à Londonderry (Irlande du Nord).

"Je me sens adoptée par le Royaume-Uni", a ajouté l'artiste, qui vit à Londres depuis près de quinze ans.

Née à Croix près de Lille, dans le nord de la France, Laure Prouvost avait été sélectionnée pour son ?uvre "Wantee", présentée dans le cadre d'une exposition sur l'artiste allemand Kurt Schwitters à la Tate Britain.

Le titre de la vidéo, qui s'ouvre avec la question "Would you like some tea?" ("Voulez-vous du thé?"), est une référence à la compagne de Schwitters, surnommée "Wantee" ("want tea?") pour son habitude de proposer du thé.

Le jury a rendu hommage au "travail exceptionnel" de Laure Prouvost qui combine images et objets. "Construit à partir de souvenirs personnels, il mêle les faits, la fiction, l'histoire de l'art et les technologies modernes", ont souligné les organisateurs dans un communiqué.

"En utilisant la vidéo d'une façon complètement contemporaine, elle emmène les spectateurs dans un monde intérieur", a salué le jury, qui "a trouvé l'installation étonnamment émouvante".

L'artiste, qui vient d'avoir un bébé, a été formée au Goldsmiths College et à la Central St Martins de Londres.

Elle a aussi été remarquée pour une installation à la Whitechapel Gallery à Londres, une ?uvre mélangeant collages de peintures, de dessins, et vidéos sur le thème de la nature, faisant apparaître des oiseaux, une cascade, des framboises, afin de retranscrire "la sensation, le goût du soleil".

Laure Prouvost l'avait réalisée après avoir reçu le Max Mara Art Prize for Women qui lui a permis d'être en résidence pendant plusieurs mois en Italie.

Le Turner Prize, créé en 1984, récompense chaque année un artiste de moins de 50 ans, qui réside, travaille ou est né au Royaume-Uni, pour une exposition récente. Le vainqueur reçoit 25.000 livres (30.000 euros).

C'est la deuxième année consécutive que le prix va à une artiste utilisant la vidéo, après la consécration en 2012 de la Britannique Elizabeth Price.

La Française l'a emporté face aux trois autres artistes en lice, dont le favori des bookmakers, David Shrigley. Mais aussi Tino Sehgal et Lynette Yiadom-Boakye, deux concurrents qui étaient les favoris des experts du milieu de l'art contemporain, selon la BBC.

A Londonderry, où le travail des nominés était exposé, David Shrigley présentait une installation participative invitant le public à dessiner un gigantesque garçon-robot nu, urinant de temps en temps dans un seau en métal.

L'installation avait fait grincer des dents dans la deuxième ville d'Irlande du Nord, capitale britannique de la Culture cette année, certains instituteurs la jugeant trop choquante pour emmener leurs élèves la voir.

Lynette Yiadom-Boakye, Londonienne d'origine ghanéenne, était la seule artiste noire à être nominée pour le Turner Prize et la seule artiste peintre sélectionnée cette année.

L'artiste germano-britannique Tino Sehgal, était quant à lui en lice pour ses performances faites de rencontres et de discussions entre volontaires et spectateurs organisées à la Tate Modern en 2012.

Le Turner Prize, qui est souvent entouré de controverses, compte parmi ses anciens lauréats des iconoclastes comme Damien Hirst et Anish Kapoor.

C'est la première fois qu'il était attribué en dehors de l'Angleterre.


© 2012 Agence France-Presse

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Publié le 2 décembre 2013, mis à jour le 3 décembre 2013
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