

Conseillère élue sur une liste de gauche à l'Assemblée des Français de l'étranger où elle ?uvre depuis Edimbourg, Anne-Colette Lequet travaille au quotidien pour une meilleure compréhension des enjeux franco-écossais. Et agit avec pugnacité pour les causes qu'il lui semble impératif de défendre
Installée depuis 25 ans à Edimbourg, Anne-Colette Lequet se définit comme "une vraie Française de l'étranger"(photo BR)
Par sa grande taille, son allure assez classique, sa diction mesurée, et son humour sans ciller, Anne-Colette Lequet correspond au prototype de la lady anglaise. D'emblée, celle qui a été élue à l'Assemblée des Français de l'étranger en 2006 en seconde place sur la liste de gauche ?non-affiliée, et conduite par Olivier Bertin, dégage une respectabilité quasi romanesque.
Née à Londres de parents français à une époque où l'expatriation n'était ni fiscale ni tendance mais cruciale, Anne-Colette se définit comme "une vraie Française de l'étranger". Sa scolarité s'est en effet déroulée entre l'Angleterre, l'Allemagne, le nord de la France et la Normandie.
Très tôt, elle a compris combien il était nécessaire de composer entre les différents codes de savoir-vivre : "quand on est élevé dans une seule culture, dit-elle, on connait toutes les règles ancestrales ?chez les Français, quand on mange, on met les mains sur la table. Mais quand on est élevé dans plusieurs univers, alors ça se complique ?chez les Anglais, aux repas, il est impératif de garder les mains sous la table. On n'a pas d'autres choix, enfant, qu'apprendre à négocier. Plus tard, ça ne s'arrange pas."
Les contradictions sur les interdits façonnent de telles gymnastiques intellectuelles qu'il est difficile ensuite d'accepter les cadres définis par une quelconque autorité, et plus simple de suivre des chemins alternatifs.
Le sens comme unique posture
Anne-Colette Lequet a toujours donné du sens à la fonction qu'elle occupait -comme prof à l'université de Rouen ou dans une école coopérative en Ecosse, formatrice pour les réfugiés Zaïrois au Scottish Refugee Council, aide bibliothécaire à l'Institut français d'Ecosse à Edimbourg puis régisseur comptable. Quand son parcours lui semblait vain, cette fille d'universitaire reprenait des études : "autant je n'aime pas la routine, autant j'adore continuer à apprendre", explique-t-elle sereinement en se souvenant que sa grand-mère d'Amiens a été une des premières assistantes de langues, en 1918...
Une chose toutefois la tient depuis le départ : militer pour la justice sociale en utilisant ses savoirs théoriques pour en générer des actions pratiques. Anne-Colette qui vit depuis 25 ans à Edimbourg sait par exemple qu'il existe "un vrai lien affectif, chaleureux et vivant entre la France et l'Ecosse. L'Ecosse qui reste très fière de cette ?Vielle Alliance' de plus de 700 ans, renforcée depuis 1946 par la présence d'un Institut français actuellement menacé de fermeture. Ce petit pays enregistre aujourd'hui plus de 4.000 ressortissants français à qui il offre un sincère accueil."
Depuis la création d'un parlement écossais en 1999, le pays affirme de plus en plus son caractère indépendant, tout en souhaitant un rapprochement avec l'Union européenne. Si d'ici les prochaines élections en 2011 la France retire ses représentations, de quelles ambitions diplomatiques pourra-t-elle ensuite se targuer ?
Anne-Colette Lequet appartient à cette catégorie d'humanistes pour qui le sens est bien plus essentiel que la forme.
Betty RUBY. (www.lepetitjournal.com ?Londres) lundi 27 avril 2009
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