Rien ne prédestinait Daniel Nunes à travailler dans un lycée. Lui qui avait tout d'un cancre se retrouve pourtant aujourd'hui à superviser les carnets de correspondance, les retards et les absences. "Je n'ai jamais été très scolaire, je poussais les instits à bout", avoue l'ancien élève de sport-étude qui allait à l'école "comme on va en colo".
Après un DUT en commerce, Daniel Nunes a donc travaillé, un peu, avant de prendre le large. Car ce Vosgien d'origine portugaise avait besoin de liberté, de se confronter à la difficulté hors du confort d'une vie toute tracée.
En 2001, Daniel Nunes s'envole donc pour sept mois avec un aller simple vers l'Amérique latine. Pérou, Chili, Bolivie, Argentine, Brésil... "Le vent allait à droite, on allait vers la droite", se souvient t-il. Une fois son budget épuisé, il quitte le continent à regret, la tête pleine de paysages à couper le souffle, du Machupichu au petit matin et de rencontres inoubliables.
Travailler pour voyager
Finalement, après trois mois de retour en France, il opte pour un visa qui lui permet de travailler en voyageant. Il débarque en Angleterre où il fait des petits boulots au lycée français de la capitale -"deux trois bricoles à la cantine"- en répondant à une annonce dans Ici Londres.
De fil en aiguille il pose ses valises, retrouve l'amie anglaise rencontrée en Argentine qui deviendra sa femme, est nommé réceptionniste chez les élèves de primaires, puis obtient son poste de responsable de la vie scolaire. "Je règle tous les problèmes en dehors de la classe et je fais de la discipline même si je n'aime pas le mot, explique Daniel Nunes. Je ne donne jamais de lignes à copier, je préfère faire réfléchir les enfants à ce qu'ils ont fait pour qu'ils apprennent quelque chose". Son métier, il ne le troquerait que contre la vie de footballeur dont il rêvait plus jeune, et encore. "Je suis très heureux. Je trouve auprès des parents et des enfants le côté humain qu'il me manquait dans la vente", assure t-il.
A 32 ans et depuis la naissance de son fils, Daniel Nunes a mis entre parenthèses sa passion pour les voyages, mais sans oublier son leitmotiv: "travailler pour partir et voyager". De Londres, il aime le côté festif de la ville aux 14 000 pubs et gère la branche locale de l'association "Les enfants du sourire khmer"qui vient en aide aux enfants cambodgiens.
La vie d'expatrié lui procure un équilibre subtil entre le dépaysement et le confort de sa maison à Brighton. "Même si mon avenir se dessine ici, l'Angleterre n'est pas mon pays et ça me permet de continuer à voyager, résume t-il. Dans le fond je serai toujours un étranger adopté."
Alexia Eychenne (londres@lepetitjournal.com) lundi 29 juin 2009























